L’essor des formations antistress au travail pose question : « Je voyais ma boîte mail se remplir pendant qu’on me conseillait de faire des mandalas »
Au sein de l’organisme de formation continue Cegos, elles figurent désormais parmi les « best-sellers » : les formations destinées à apprendre à « gérer » son stress au travail se sont taillé la part du lion, ces dernières années, dans les catalogues proposés par les entreprises à leurs salariés. « Elles sont extrêmement demandées, dans un contexte post-Covid où les employeurs identifient bien un accroissement de l’anxiété chez leurs collaborateurs », confirme Christelle Delavaud, responsable de la gamme « développement personnel », dont fait partie la gestion du stress, de cet organisme.
A l’image de Cegos, nombre d’organismes de formation se sont positionnés sur ce créneau. Souvent par le biais de techniques comme la méditation ou la relaxation, leurs offres proposent d’enseigner à des salariés débordés à « se ressourcer », « gagner en sérénité », « lâcher prise » ou encore à « gérer les moments de tensions professionnelles », pour mieux « se remobiliser » ou « optimiser [leur] performance » au bureau. Pour des tarifs oscillant entre 500 et 5 000 euros, selon les organismes.
Pour Alexandre Stourbe, directeur général du Lab RH, l’attractivité de ce type de formations répond aux besoins d’une « période de crise permanente, économique, écologique, sanitaire, qui crée un stress majeur dans les organisations ». Le tout décuplé, selon lui, « par des pratiques contemporaines qui mettent en surtension, avec notamment un stress numérique lié à la masse d’informations, d’e-mails, de notifications à traiter, et face auquel les travailleurs peuvent avoir besoin d’outils pour ne pas être submergés ».
« Outils déconnectés »
En France, la santé au travail ne cesse de se dégrader, alarment ces dernières années de nombreux rapports et enquêtes. Dans ce contexte, « il peut être intéressant de développer des compétences individuelles pour améliorer sa gestion du stress, car cela s’apprend, comme une langue », évalue Patrick Légeron, psychiatre et fondateur du cabinet Stimulus, spécialisé dans les risques psychosociaux. Il souligne d’ailleurs que « dans le burn-out, face ultime du stress, si on estime que deux tiers des causes sont liées au travail, un tiers correspond bel et bien à l’individu : des traits de personnalité, être perfectionniste, d’un naturel anxieux… »
Mais de fait, au regard de ces proportions, « on ne peut pas s’en arrêter là », alerte-t-il. Pour le psychiatre, « aborder uniquement la problématique du stress en disant “il faut apprendre aux personnes à gérer leur propre ressenti” serait malhonnête, puisque la majeure partie des facteurs se joue dans l’environnement de travail ».
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