Les zones d’ombre d’Europlasma, repreneur d’entreprises en série et seul candidat au sauvetage de Valdunes
D’un symbole de souveraineté industrielle à l’autre. Après avoir repris en 2021 Les Forges de Tarbes, dernier fabricant français de corps creux pour obus de 155 millimètres (ceux du canon Caesar), le groupe Europlasma s’est, le 28 février, officiellement porté candidat à la reprise du dernier fabricant français de roues et essieux ferroviaires Valdunes, situé dans le Nord, avec le soutien de l’Etat. Le tribunal de commerce de Lille doit rendre sa décision mercredi 20 mars.
Europlasma étant le seul candidat, son offre, après des mois sans perspective pour l’entreprise en redressement judiciaire et ses 309 salariés, a été accueillie avec soulagement dans le Nord comme par le ministère de l’industrie, malgré les 131 suppressions d’emplois annoncées. « Sans effort public, personne n’aurait repris cette société, mais, pour pouvoir aider, l’Etat a besoin d’avoir en face un acteur privé qui croit dans le projet et qui soit prêt à mettre de l’argent », précise-t-on au ministère de l’industrie.
Europlasma s’est engagé à investir 15 millions d’euros sur trois ans – et l’Etat à lui prêter jusqu’à 15 millions d’euros – pour continuer à fabriquer des roues (mais plus d’essieux), promettant, à moyen terme, de le faire de façon décarbonée grâce à la construction d’une unité de production d’énergie à base de combustibles solides de récupération et une ferme solaire.
« L’outil industriel nécessite d’urgence des investissements »
Un projet ambitieux pour un groupe fragile. Spécialisé dans le traitement et la valorisation des déchets dangereux, il a échappé de peu à la liquidation en 2019, comme sa filiale Inertam à Morcenx (Landes), et n’a, depuis, repris que des entreprises en difficulté (Les Forges de Tarbes, Les Forges de Gerzat [ex-Luxfer], à Clermont-Ferrand, ou Satma Industries, en Isère).
De Tarbes, c’est avec circonspection que les salariés des Forges voient Europlasma jouer ainsi les sauveurs. Eux qui n’ont, depuis des mois, cessé d’alerter sur la situation de leur usine, par des débrayages, des courriers au préfet et au ministre, dans la presse, et jusqu’à l’Assemblée nationale, grâce au relais des députés (LFI) Sylvie Ferrer (Hautes-Pyrénées) et Aurélien Saintoul (Hauts-de-Seine). « L’outil industriel nécessite d’urgence des investissements, et nous nous interrogeons sur la capacité financière du groupe Europlasma à assurer cet effort de remise à niveau », écrit encore, le 11 mars, le comité social et économique (CSE) de l’usine dans une lettre à Sébastien Lecornu, ministre des armées.
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