« Les jeunes femmes sont toujours plus diplômées que les hommes mais les inégalités ne se réduisent pas »

« Les jeunes femmes sont toujours plus diplômées que les hommes mais les inégalités ne se réduisent pas »

Cérémonie de remise de doctorat, à l’université Paris-VI Pierre-et-Marie-Curie, à Paris, en juin 2009.

Des femmes toujours plus diplômées mais des inégalités au travail encore fortes, et ce dès les premières années de la vie active. C’est ce qu’observent la sociologue Dominique Epiphane et l’économiste Vanessa Di Paola dans un article du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq) paru en juillet et fondé sur les données de l’enquête Génération 2017, qui a interrogé 30 000 jeunes trois ans après leur sortie du système scolaire en 2020.

Dans un entretien accordé au Monde, Dominique Epiphane, chercheuse au Céreq, rappelle que, malgré les politiques publiques de ces dernières années, les écarts entre les femmes et les hommes en début de vie professionnelle se maintiennent, voire se creusent, sur certains points, comme l’accès à un statut de cadre ou le salaire.

La précédente enquête Génération passait au crible la situation des jeunes sortis du système scolaire en 2010. Quelles évolutions avez-vous notées en sept ans ?

Les jeunes femmes sont toujours plus diplômées que les hommes : la moitié des femmes sont titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur, contre 40 % pour les hommes. Dans l’enquête Génération 2010, ils étaient respectivement 44 % et 35 %. Mais les inégalités sur le marché du travail – de l’accès à l’emploi aux niveaux de salaire – ne se réduisent pas.

Les jeunes femmes continuent à subir une double ségrégation : horizontale, c’est-à-dire qu’elles ne suivent pas les mêmes formations, n’exercent pas les mêmes métiers que les hommes ; et verticale, elles n’accèdent pas aux mêmes postes et donc aux mêmes salaires. Un exemple : 21 % des jeunes hommes sont des cadres, contre 18 % de jeunes femmes. Un écart de trois points qui est en réalité sous-évalué : les femmes étant davantage diplômées, elles devraient être plus nombreuses que les hommes dans cette catégorie. Le salaire médian chez les jeunes femmes cadres est de 2 370 euros, contre 2 500 chez les jeunes hommes.

Les jeunes de 2010 sont entrés sur le marché en pleine crise économique, contrairement à ceux de 2017 qui ont bénéficié de conditions plus favorables jusqu’à la pandémie de Covid-19. Les résultats auraient pourtant dû s’améliorer…

En période de récession, les écarts ont tendance à se réduire, les hommes étant nombreux à travailler dans le secteur industriel, très vulnérable aux crises. Mais dès que la situation s’améliore, les inégalités repartent à la hausse. Les femmes ne parviennent pas à tirer leur épingle du jeu car elles sont plus nombreuses à travailler dans des secteurs peu valorisés. En sept ans, non seulement beaucoup d’écarts se sont maintenus, mais certains se sont même creusés, comme l’avantage salarial des hommes, leur accès plus important à la catégorie des cadres et leur faible proportion au sein des professions peu qualifiées.

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LJD

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