Les actes antimusulmans tels qu’ils sont vécus

Les actes antimusulmans tels qu’ils sont vécus

Petites phrases, regards de travers, insultes… Nombreux sont ceux qui dénoncent une « libération de la parole » depuis quelques années.

Par et Publié aujourd’hui à 06h16

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Prière dans une salle de la ville de Bayonne, après l’attaque perpétrée contre la mosquée de la ville, le 29 octobre.
Prière dans une salle de la ville de Bayonne, après l’attaque perpétrée contre la mosquée de la ville, le 29 octobre. MEHDI FEDOUACH / AFP

Dans le métro parisien, Nawel, 40 ans, s’est fait arracher son voile d’un coup sec, par-derrière. Quelques mois plus tard, un agent municipal chargé de faire traverser les écoliers l’a copieusement insultée avant de l’agresser physiquement. A Lyon, au passage de Samia (les prénoms ont été modifiés), 38 ans, dans une rue, un homme s’est mis à hurler : « Rentre chez toi ! » Elle portait un foulard. Fatima, une aide-soignante de 60 ans exerçant dans le Val-d’Oise a, elle, cessé son activité de visites à domicile. A la vue de son voile, certaines personnes refusaient de lui ouvrir la porte.

Petites phrases, insultes, regards de travers, grimaces et discriminations font partie du quotidien des musulmans français, qui ont le sentiment de subir les conséquences des crispations politiques et sociales croissantes autour de l’islam, selon les témoignages recueillis par Le Monde. Un climat d’inquiétude que confirme un sondage conduit par l’IFOP, au téléphone, auprès d’un échantillon de 1 007 personnes de 15 ans et plus se déclarant musulmanes, à la demande de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) et de la Fondation Jean-Jaurès, rendu public mercredi 6 novembre.

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Cette enquête est parfois difficile à interpréter car elle ne fait pas toujours la part entre les facteurs religieux, ethniques ou d’origine géographique. Frédéric Potier, à la tête de la Dilcrah, en admet les « limites », mais la considère comme une « base de travail et de réflexion ». Elle fournit en effet des indications utiles sur la perception par les musulmans eux-mêmes de l’hostilité à laquelle ils se disent confrontés.

Les chiffres corroborent le sentiment d’insécurité. Les musulmans sont plus nombreux (24 %) que le reste de la population (9 %) à déclarer avoir déjà été victimes d’insultes ou d’injures en raison de leur religion. Un écart existe aussi pour les actes de violence physique, même s’il est moins spectaculaire (7 % contre 3 %). Le fait d’être une femme d’une part (elles sont 30 % à déclarer avoir été insultées, contre 19 % des hommes) et celui de porter un foulard de l’autre (42 % de celles qui le portent « souvent » ont été insultées, mais aussi 27 % de celles qui ne le portent « jamais ») accroissent la probabilité d’être verbalement agressé.

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LJD

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