L’enseigne Naf Naf placée en redressement judiciaire

L’enseigne Naf Naf placée en redressement judiciaire

L’enseigne de prêt-à-porter féminin Naf Naf a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis), a annoncé l’entreprise à l’Agence France-Presse (AFP), mercredi 6 septembre. L’entreprise est endettée, notamment en raison de loyers impayés durant la crise du Covid, tandis qu’elle n’avait pas eu droit aux aides durant la crise sanitaire.

« On sait qu’il va y avoir des fermetures de magasins, a priori une vingtaine, et un nouveau [plan de sauvegarde de l’emploi] au siège, qui va déménager », déclare Angélique Idali, secrétaire du comité social et économique (CSE) et déléguée syndicale CFDT, majoritaire à 87 % chez Naf Naf. « Il y a une énorme inquiétude des salariés quant à la fermeture des magasins, ils attendent la liste. »

« On fera tout pour remettre sur pied Naf Naf dans l’année à venir. Il ne faut pas que [les prestataires] nous confondent avec Camaïeu et toutes ces autres entreprises qui n’ont pas réussi à se redresser face à la crise du secteur du “retail” », a déclaré le dirigeant de SY − le groupe qui détient l’enseigne −, Selçuk Yilmaz. Naf Naf bénéficie d’une période d’observation de six mois renouvelable, « sans doute deux fois six mois », d’après l’avocate du groupe SY, Virginie Dupé. Cette période d’observation lui permettra « de prendre très rapidement un maximum de mesures pour redresser la situation », assure-t-elle.

Outre la crise du Covid-19, l’entreprise a été durement touchée par « les manifestations à répétition des “gilets jaunes” puis contre la réforme des retraites », par les conséquences de « la guerre en Ukraine qui a provoqué un choc inflationniste et la flambée des prix de l’énergie, des matières premières et du transport » ainsi que par « la concurrence étrangère dont, les moyens de production discutables lui offrent une compétitivité déloyale », affirme un communiqué de presse.

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Naf Naf déjà placé en redressement judiciaire en 2020

La marque française lancée en 1973 par deux frères et désormais détenue par le groupe franco-turc SY emploie 660 salariés en France, détient 135 magasins et affichait en 2022 un chiffre d’affaires de 141 millions d’euros, « en croissance », avait déclaré à la fin d’août un porte-parole à l’AFP. La société avait commencé à se restructurer et avait supprimé 35 postes en juin 2023 dans le cadre d’un plan de licenciement (ou PSE, pour plan de sauvegarde de l’emploi), a rappelé Angélique Idali.

Elle avait déjà été placée en redressement judiciaire en mai 2020 et reprise dans la foulée par SY − qui emploie 1 500 personnes dans le monde −, qui est toujours son actionnaire, et qui avait déjà acquis l’enseigne Sinéquanone en 2019. « C’est le deuxième redressement judiciaire en trois ans, il y a donc beaucoup d’inquiétude, de défiance, de peur », selon Mme Idali, qui espère éviter « au maximum une casse sociale ».

Le secteur du prêt-à-porter en France est affecté depuis plusieurs mois par une violente crise. Des marques connues des consommateurs français comme Camaïeu, Kookaï, Burton of London, Gap France, André, San Marina, Kaporal, Don’t Call me Jennyfer, Du Pareil au Même et Sergent Major… ont souffert de la pandémie et continue de souffrir de l’inflation : hausse des coûts de l’énergie, des matières premières, des loyers et des salaires ; ainsi que de la concurrence de la seconde main.

Certaines marques, comme Camaïeu, ont été liquidées en septembre 2022, avec le licenciement de 2 100 salariés à la clé. D’autres sont en redressement judiciaire, comme Kookaï ou Burton of London. Sans en arriver là, d’autres encore réduisent la voilure, taillant dans les effectifs et fermant des magasins, comme Princesse Tam Tam, Comptoir des Cotonniers (groupe Fast Retailing) ou Pimkie.

Le Monde avec AFP

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