Le télétravail risque d’aggraver la sédentarité et ses effets

Dix mille pas et plus. Les comportements sédentaires sont de plus en plus prégnants dans la vie quotidienne. Près de la moitié des Français restent plus de sept heures assis par jour, en raison notamment de l’augmentation du temps passé devant les écrans. Sans surprise, le confinement imposé par l’épidémie de Covid-19 n’a pas arrangé les choses. Le télétravail, qui a par ailleurs des bienfaits, va se poursuivre pour des millions de salariés, ce qui risque de limiter l’activité physique et d’accroître la sédentarité.
Depuis quelques années, les recommandations visant à réduire la sédentarité viennent s’ajouter à celles de pratiquer une activité physique (bouger au moins trente minutes par jour). « Il faut bien distinguer le temps d’activité physique et le temps passé assis », insiste Julie Boiché, maître de conférences à la faculté des sciences du sport de l’université de Montpellier. Le temps passé assis ou allongé pendant la période d’éveil constitue un facteur de risque pour la santé. Et ce, indépendamment du niveau de pratique d’activité physique. Cet effet délétère étant d’autant plus fort que les durées sont importantes. L’enjeu est colossal : la sédentarité serait responsable de 10 % des décès en Europe, selon l’Organisation mondiale de la santé.
« Moins on bouge, plus on mange. C’est le circuit classique de la leptine [l’hormone qui régule la satiété et le métabolisme] », résume le professeur François Carré, cardiologue et médecin du sport au CHU de Rennes. En effet, « lorsque nous sommes inactifs, nous avons tendance à manger plus que nécessaire et des aliments souvent riches en graisse et en sucre », souligne une note de l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (Onaps).
Se lever toutes les demi-heures
« Il est donc préconisé de trouver des stratégies pour rester moins longtemps assis durant sa journée de travail et-ou si c’est compliqué, de créer des ruptures », explique Julie Boiché, qui reconnaît qu’il n’y a pas encore de consensus sur la durée.
Selon les travaux, il est suggéré de se lever toutes les demi-heures, jusqu’à toutes les deux heures. L’organisme de sécurité sanitaire Santé publique France (SpF), dans son enquête Coviprev sur ces questions pendant le confinement, recommandait de « se lever plusieurs fois par heure, la recommandation pendant le confinement étant de le faire au moins toutes les demi-heures ».
Une étude conduite dans le cadre de la thèse de Gonzalo Marchant, enseignant et chercheur à l’UFR Staps de l’université Lyon-I, a porté sur 39 personnes de 29 à 59 ans (80 % de femmes), qui exercent toutes un travail tertiaire (administration publique, employés de banque). Après un séminaire collectif de sensibilisation aux risques liés à la sédentarité, elles ont été invitées à paramétrer de façon individualisée un logiciel d’alerte sur téléphone ou ordinateur les incitant à se lever régulièrement, avec fréquence et durée de leur temps de « pause ». Quatre semaines plus tard, le temps passé assis a diminué de trente-trois minutes par journée de travail en moyenne, principalement chez les personnes de 29 ans à 43 ans.
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