Le géant de l’intérim Adecco condamné pour discrimination à l’embauche et fichage racial

Le géant de l’intérim Adecco condamné pour discrimination à l’embauche et fichage racial

Une agence parisienne du groupe suisse Adecco, le 13 janvier 2004.

Il aura fallu attendre plus de vingt ans. Le géant mondial de l’intérim Adecco a été condamné mercredi 13 mars par le tribunal de correctionnel de Paris à 50 000 euros d’amende pour la discrimination à l’embauche et le fichage à caractère racial de 500 intérimaires entre 1997 et 2001.

La société d’intérim franco-suisse et deux de ses cadres étaient poursuivis par d’anciens salariés et des associations antiracistes. Ils accusaient Adecco d’avoir mis en place un système de discrimination fondé sur la couleur de peau, à travers le fichier « PR 4 » (pour les personnes de couleur), comportant les noms d’intérimaires très majoritairement noirs.

Les prévenus, Olivier P. et Mathieu C., anciens directeurs de l’agence d’intérim Montparnasse, ont été condamnés à 10 000 euros d’amende, dont 7 000 avec sursis. Le tribunal a reconnu que s’ils n’étaient pas à l’origine de ce « filtrage basé sur la couleur de peau », ils n’avaient rien fait pour y mettre fin.

Un système de discrimination

Entre 1997 et 2001, l’agence qu’ils dirigeaient dans le quartier Montparnasse à Paris aurait fiché quelque 500 intérimaires noirs en les écartant de certaines missions. Spécialisée dans la restauration, l’agence travaillait notamment avec le ministère des affaires étrangères, Eurodisney et la Compagnie des wagons-lits.

Lors du procès, les prévenus ont soutenu que le critère « PR 4 » ne qualifiait pas la couleur de peau mais « un mix de l’expérience professionnelle et du savoir-être du candidat », notamment sa maîtrise du français. « Je n’ai jamais cautionné ni pratiqué la discrimination, il y a un paradoxe énorme, j’ai passé ma vie à lutter contre la discrimination », avait expliqué à la barre Olivier P., aujourd’hui à la retraite après dix-sept ans au sein d’Adecco. Des explications « fantaisistes », selon la procureure. « Il faut avoir envie d’y croire », avait-elle alors ironisé.

Une information judiciaire avait été ouverte en 2001 à Paris après une plainte de l’association SOS-Racisme, qui avait été alertée par un ancien salarié chargé du recrutement dans cette même agence. Le ministère public avait requis 50 000 euros d’amende à l’encontre de la société d’intérim et trois mois de prison avec sursis à l’encontre des deux anciens directeurs d’agence.

Le Monde avec AFP

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LJD

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