« Le bureau est transformé le lieu de l’interruption éternelle »

« Le bureau est transformé le lieu de l’interruption éternelle »

« une étude démontre une augmentation de 56 % des courriers électroniques et une utilisation des messages instantanés en hausse de 67 % après la refonte de l’espace de travail en open space. »
« une étude démontre une augmentation de 56 % des courriers électroniques et une utilisation des messages instantanés en hausse de 67 % après la refonte de l’espace de travail en open space. » RAINER BERG / Westend61 / Photononstop

 « Open space », bureaux nomades, des longs meetings, la vie « moderne » dans les bureaux est transformée facteur de diminution de rendement, poussant les salariés à se réfugier chez eux, observe Jean-Denis Garo, spécialiste du marketing technologique.

Le bureau est-il le lieu de tous les maux ? Le sujet revient fréquemment depuis la fin des années 1980, mais les transformations technologiques, intégrées à ce que l’on nomme à présent la « digital workplace », le travail digitalisé, ont ravivé le débat. Le lieu de travail n’est effectivement plus unique : domicile, transport, tiers lieux (espace de coworking, plateaux ouverts (open space), bureau nomade (hot desking) ou bureau fermé, le travail se fragmente en autant de lieux, en autant d’espaces distincts…

L’enquête Webtorials (Workplace Productivity and Communications Technology Report 2017) nous apprend que les entreprises françaises égarent en moyenne 9 000 euros par salarié chaque année, du fait d’une collaboration et d’une communication inopérante. Entre réunions, perturbations dans l’open space, sollicitations et notifications diverses, le bureau est devenu le lieu de l’interruption permanente.

L’exercice de la réunion est assez comparable à un huis clos chiffré où chacun doit jouer son rôle sans manquer. Si les séminaires et les manuels fleurissent sur le moyen de rendre une réunion plus efficace, la rentabilité de ces dernières est souvent remise en question. Selon le baromètre annuel IFOP-Wisembly (« Les réunions et leur impact sur l’engagement des collaborateurs », 2018), les cadres passent vingt-sept jours par an en réunion, un chiffre en accroissement constante.

L’e-mail, unique moyen de transmettre

Le nombre de réunions hebdomadaires étant corrélé au salaire et au niveau de responsabilité, un cadre gagnant plus de 75 000 euros brut par an assiste à 6,7 rattachements par semaine. Alors que les cadres des grandes entreprises admettent que dans 46 % des cas, l’e-mail reste le seul et unique moyen pour transmettre les informations stratégiques sur le long terme.

Continuellement selon la même étude, la durée de réunion, qui s’allonge en proportion de la taille de l’entreprise, est doucement en baisse et serait de soixante-neuf minutes en moyenne. Les réunions sont donc un élément de disruption fort, dont la productivité est questionnée ; pourtant, elles ne sont qu’une apparence du problème.

Le concept d’open space n’est pas nouveau : Eberhard et Wolfgang Schnelle, deux consultants allemands, ont conceptualisé le « bureau paysager » dans les années 1950, avant qu’il ne soit choisi aux Etats-Unis et popularisé en Europe au cours des années 1980. Les objectifs initiaux sont simples : densifier l’occupation et diminuer les charges de l’entreprise.

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LJD

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