L’accompagnement sur mesure du retour à l’emploi des chômeurs de longue durée
A Bouffémont (Val-d’Oise), Bamby et Lydie étaient parmi les premières à rejoindre l’expérimentation territoires zéro chômeur de longue durée, qui emploie aujourd’hui une quarantaine de salariés en CDI à temps choisi, dans des activités aussi diverses que la menuiserie, la soudure, le travail du cuir, la réparation de vélos, la restauration d’électroménager ou la vente.
Bamby y travaille toujours au tri ou au nettoyage. Au fond du hangar de Bouffémont, encombré de toutes sortes d’objets, elle vérifie le contenu des boîtes de jeux de société rénovées qui seront déposées à la boutique Ressourcerie du centre-ville. Mais Lydie n’aura pas été au bout du parcours proposé par l’expérimentation.
Si l’accompagnement du retour à l’emploi est une mission enthousiasmante, son management est particulièrement exigeant. Et il ne sera pas facilité par la réduction des aides de l’Etat annoncée par le ministère du travail en plein cœur de l’été pour une application au 1er octobre.
Des subventions en baisse
Lancée en 2016, l’expérimentation a permis à 2 200 personnes de passer du revenu de solidarité active (RSA) au smic en cinq ans. Les projets de retour à l’emploi sont développés dans des entreprises à but d’emploi, chargées de créer des emplois de proximité adaptés aux personnes qui en sont privées depuis longtemps, mais sans concurrencer l’économie locale. Pour ce faire, les entreprises reçoivent des subventions, qui seront donc ramenées à partir du 1er octobre de 102 % à 95 % du smic brut par emploi créé (en équivalent temps plein), soit une perte de soutien de 55 000 euros pour Bouffémont dès 2024.
Implantée au beau milieu des premiers champs au nord de Paris, l’entreprise à but d’emploi BAM Emplois Services tire son acronyme des initiales des trois communes Bouffémont, Attainville et Moiselles, qui constituent le premier territoires zéro chômeur de longue durée du Val-d’Oise. Créée en 2022 avec une vingtaine de salariés, elle en compte quarante-quatre aujourd’hui. « En moyenne, les personnes embauchées sortaient de cinq ans de chômage. Elles ont démontré qu’elles voulaient travailler et qu’elles produisaient du chiffre d’affaires. Elles ont démonté tous les préjugés, et trois anciens ont trouvé un emploi en dehors de l’entreprise à but d’emploi », souligne Jacques Lek, qui a porté le projet sous forme associative depuis novembre 2016.
Pour atteindre ce bilan, le management a dû jongler en permanence entre les équilibres financiers et les enjeux RH, les exigences d’une entreprise classique et les problématiques propres aux laissés-pour-compte du marché du travail (perte de confiance en soi, difficulté à communiquer, à rester concentré, etc.). « Dans la phase de construction, ça planait beaucoup, mis à part l’objectif de créer 140 emplois sur cinq ans sur le territoire », reconnaît Remi Perret, chef de projet. « Il a fallu commencer par faire du chiffre d’affaires avant d’organiser. Ça a permis d’ajuster et de roder les équipes », raconte Xavier Talon, un des deux directeurs de BAM Emplois Services.
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