La prévention de la récidive au cœur de la réforme pénale

La prévention de la récidive au cœur de la réforme pénale

Le plus important contingent de créations de postes dans la justice en 2020 ira aux services pénitentiaires d’insertion et de probation.

Par Publié aujourd’hui à 12h15, mis à jour à 14h09

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Leur mission est très largement méconnue du grand public, pour qui souvent la justice se joue entre les tribunaux et leurs magistrats, d’un côté, et les prisons et leurs surveillants, de l’autre. Les services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP), qui ont pour mission première la prévention de la récidive, sont pourtant aujourd’hui au cœur des préoccupations du ministère de la justice. A preuve, ils ont obtenu pour 2020 le plus important contingent de création de postes. Sur les 1 520 emplois supplémentaires pour le ministère de la justice inscrits dans le projet de budget, 400 reviennent ainsi aux services pénitentiaires d’insertion et de probation. La loi de programmation et de réforme pour la justice du 23 mars a en effet prévu de créer 1 500 postes dans les SPIP sur le quinquennat. Avec les 1 100 postes qui ont suivi le plan Taubira de 2014, la filière insertion et probation aura vu ses effectifs passer de 4 000 à 6 600 en neuf ans. Aucune autre administration de l’Etat n’a vu une croissance de ses effectifs dans cette proportion (+ 65 %).

Cet effort spectaculaire vient d’abord combler un retard criant dont souffrent ces équipes pluridisciplinaires qui prennent en charge aujourd’hui 246 000 personnes placées sous main de justice, dont 71 710 étaient détenues au 1er juillet. La plupart (près de 175 000) sont donc suivies en milieu ouvert dans le cadre d’alternatives aux poursuites décidées par les procureurs, ou de mesures de contrôle judiciaire, de bracelet électronique, d’alternative à la prison ou d’aménagement de peine décidées par les juges.

Qualité très disparate

Si les SPIP comptent notamment des psychologues ou des assistants de service social, ils reposent surtout sur des conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation. Ces derniers suivent en moyenne près de 85 personnes sous main de justice, alors que la norme européenne est autour de 50 par agent. Des conditions déplorables pour prendre en charge une population par définition difficile. L’administration pénitentiaire veut ramener ce ratio à un conseiller pour 60 personnes en 2022.

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Mais, dès mars 2020, avec l’entrée en vigueur du volet de la réforme de la justice portant sur l’efficacité et le sens de la peine, les attentes vont redoubler sur les SPIP. La chancellerie travaille à crédibiliser d’ici là l’action des SPIP auprès des magistrats, du siège comme du parquet. Car sans confiance entre ces deux univers de la justice, l’ambition de la réforme risque de se dégonfler rapidement. « Les juridictions sont dans un discours assez abstrait sur ce que peuvent leur apporter les SPIP, ils ont une méconnaissance des dispositions existantes et des outils », observe-t-on au ministère de la justice.

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LJD

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