La nouvelle économie entretient les fractures territoriales

La nouvelle économie entretient les fractures territoriales

Inauguration de l’incubateur de start-up Station F, à Paris, en juin 2017. L’économie numérique accroît la concentration des entreprises dans les grandes métropoles, selon la fondation Mind the Bridge.

Inauguration de l’incubateur de start-up Station F, à Paris, en juin 2017. L’économie numérique accroît la concentration des entreprises dans les grandes métropoles, selon la fondation Mind the Bridge. BERTRAND GUAY / AFP

Comment faire pour que les villes moyennes ne soient pas les parents pauvres de la nouvelle économie ? C’est autour de cette préoccupation commune qu’étaient réunis, en fin de semaine dernière, à Bruxelles, des maires et des représentants de municipalités européennes à l’invitation de la fondation Mind the Bridge. Celle-ci – qui collabore avec la Commission européenne depuis 2014 – en a profité pour dresser un état des lieux des principaux centres de développement de start-up en Europe. Force est de constater que les disparités territoriales sur le continent sont fortes.

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L’étude réalisée par Mind the Bridge s’est concentrée sur le cas spécifique des « scale-up », ces entreprises technologiques ayant réussi à lever plus d’un million de dollars (soit 880 000 euros), ce qui est le cas de 5 596 sociétés réparties dans 42 pays.

Or, dans la plupart des Etats, une seule ville attire l’essentiel de ces sociétés à fort potentiel économique. C’est particulièrement vrai des deux principales puissances européennes de l’économie digitale : Londres concentre ainsi 69 % des « scale-up » anglaises quand Paris attire 72 % des champions français (et 80 % du capital qu’elles ont levé). Au total, 27 pays concentrent plus de 70 % de leurs start-up les plus matures dans une seule ville, ne laissant aux autres villes que les miettes de cette manne.

A côté de cela, rares sont les pays qui comptent deux « hubs » majeurs. Le rapport en liste six dont l’Espagne (Barcelone et Madrid), le Portugal (Lisbonne et Porto) et la Belgique (Bruxelles et Gand). Mais au final, 70 % des entreprises technologiques prometteuses européennes sont installées dans à peine 48 villes.

« La nouvelle économie n’en a rien à faire des Etats »

Cette hyperconcentration risque, selon les auteurs, de s’aggraver. « La nouvelle économie n’en a rien à faire des Etats, elle grandit là où il y a le plus de start-up et d’opportunités », explique ainsi Alberto Onetti, coordinateur du rapport et président de Mind the Bridge, qui voit dans cette tendance la source de graves dangers pour l’Europe. « Si on laisse l’économie de marché dicter sa loi et favoriser la concentration des meilleures entreprises autour des mêmes villes, ce sont les pays et l’Europe elle-même qui seront en péril, car beaucoup de villes décrocheront. » M. Onetti n’hésite pas à évoquer des « risques séparatistes », en citant l’exemple des velléités autonomistes de la Catalogne en Espagne.

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LJD

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