« Instaurer un quota d’immigration par métier est soit inutile soit inefficace »

« Instaurer un quota d’immigration par métier est soit inutile soit inefficace »

Dans une tribune au « Monde », l’économiste Manon Domingues Dos Santos souligne la contradiction entre une limitation de l’immigration et la volonté affichée de pallier les pénuries de main-d’œuvre.

Publié aujourd’hui à 01h13 Temps de Lecture 3 min.

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Emmanuel Macron l’a dit : « Je n’ai pas peur de réfléchir à l’idée de quotas » ; après réflexion, Edouard Philippe a tranché : « Il faut mettre en place des objectifs quantitatifs ou des quotas – les deux termes me vont – en matière d’immigration professionnelle. » En tant qu’économiste, je n’ai pas peur de dire que la mise en œuvre de quotas en matière d’immigration professionnelle est inefficace.

Trois principaux motifs légaux justifient l’immigration extracommunautaire : le motif familial, le motif humanitaire et le motif professionnel. Les deux premiers relèvent des droits et principes constitutionnels que sont le droit de vivre en famille, le droit d’asile et le principe de fraternité. Ils questionnent donc la citoyenne, mais pas l’économiste.

Le motif professionnel est quant à lui fondé sur l’argument que l’économie française a besoin de travailleurs immigrés. Ce motif, lui, interroge l’économiste : pourquoi l’économie française a-t-elle besoin de travailleurs immigrés ? A priori, pour au moins trois raisons.

Vieillissement démographique

En premier lieu, le vieillissement démographique met en péril la pérennité du financement des retraites par répartition. L’immigration de jeunes actifs serait un moyen de diminuer le ratio de dépendance. Mais de nombreux travaux de recherche, notamment ceux de l’Organisation des Nations unies (ONU), démontrent que pourvoir au financement des retraites par des migrations de remplacement nécessiterait des flux permanents d’une ampleur inapplicable socialement.

En deuxième lieu, l’économie française, dont la croissance repose sur le travail qualifié, a besoin de compétences. L’immigration de travailleurs disposant d’une compétence – et dont le coût de formation a donc été assumé par d’autres – est économiquement efficace : c’est précisément l’objet de la carte de séjour dite « compétences et talents » qui permet de disposer d’un titre de séjour pour motif économique sans contrat de travail préalable.

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En troisième lieu, les entreprises françaises rencontrent, dans certains secteurs d’activité, des difficultés récurrentes à pourvoir certains postes. Pallier ces besoins par un recours à l’immigration est l’objet de la proposition gouvernementale.

Cette proposition interroge l’économiste à trois niveaux : pourquoi certaines entreprises rencontrent-elles des difficultés de recrutement, pourquoi les pallier par l’immigration et pourquoi recourir dans ce cas aux quotas ?

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LJD

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