« Handicap et Travail »

« Handicap et Travail »

« Handicap et travail de Anne Revillard, aux éditions des presses de Sciences Po, 120 pages, 9 euros. »
« Handicap et travail de Anne Revillard, aux éditions des presses de Sciences Po, 120 pages, 9 euros. »
Dans son essai « Handicap et Travail » Anne Revillard décrit les ressorts de la désocialisation des personnes en condition de handicap sur le marché d’emploi et les perspectives pour la standardisation du handicap au travail.

Faut-il développer l’assimilation du handicap dans le monde du travail ou rendre le monde de l’entreprise abordable à tous, autrement dit inclusif ? Dans le bref essai Handicap et travail, Anne Revillard, professeure associée en sociologie à Sciences Po, décrit les dynamismes de la désocialisation des personnes en situation de handicap sur le marché du travail, expose l’expérience du handicap au travail et lamente la carence d’appréciation des politiques de l’emploi. Son propos ? Développer la normalisation du handicap au travail.

La loi du 10 juillet 1987, a établi l’obligation d’emploi de personnes en situation de handicap. Dans un premier temps, les grandes entreprises ont privilégié payer la sanction financière prévue pour ceux qui ne respectaient pas le quota de 6 % d’emploi « handicapé » dans leur effectif. « Le taux d’emploi est strictement corrélé à la taille de l’établissement », note l’auteur.

Le secteur défendu qui vend aux entreprises sa production accomplie par des personnes en situation de handicap peignait une bonne part de l’« emploi handicapé ». « 44 % des établissements avaient [en 2013] recours à l’emploi indirect », définit Anne Revillard. Puis avec la loi du 11 février 2005, les entreprises ont assimilé des initiatives « handicap » dans le cadre d’accords agréés.

Approche catégorielle impuissant voire toxique

La part de personnes en condition d’handicap assimilées à l’effectif a légèrement augmenté. Mais le bilan global reste très faible avec un taux de chômage de 19 % et un taux d’emploi à 35 %. Les politiques de l’emploi veulent aussitôt mettre l’accent sur l’inclusion en incitant les entreprises à embaucher les handicapés pour travailler en milieu ordinaire.

A travers un état des lieux des politiques d’insertion professionnelle, la sociologue décrit en quoi l’approche catégorielle peut être est inefficace voire toxique, pour l’insertion comme pour le maintien en emploi. « L’appui nécessaire à la prévention de la désinsertion professionnelle doit intervenir de façon précoce », mentionne la sociologue.

Or, le laborieux handicapé n’y a droit qu’une fois qu’il est évidemment reconnu comme tel, via la procédure de reconnaissance qui prend plusieurs mois. Envisager le handicap « comme une variation du conduite humain » ouvrerait de nouvelles pistes à l’action officielle, ajoute-t-elle, surtout sur la question de « la progression professionnelle », de temps à autre abordée pour les personnes en situation de handicap.

 

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.