En manque de bras, la Flandre s’oriente vers le Mexique et l’Inde
Ils ont tout essayé : la création de centres de formation, des cours de langue néerlandaise, une attention spécifique aux jeunes « à problèmes », la promesse de promotions rapides, des campagnes de recrutement en France qui auront amené jusqu’ici 12 500 Nordistes dans leurs entreprises. Ils ont aussi tenté, souvent en vain, de recruter davantage que les 6 500 Wallons actuellement présents dans leurs usines. Le tout est insuffisant, déplore toutefois le VOKA West-Vlaanderen, la branche régionale du réseau d’entreprises flamandes, dont une grande partie des 18 000 membres s’alarme : partout, le manque de main-d’œuvre est criant et la liste des métiers en tension s’allonge.
Plus de 80 % des entrepreneurs disent rencontrer des problèmes de recrutement, mais la situation est particulièrement critique dans la province de Flandre-Occidentale. Le taux d’emploi y est le plus élevé de Belgique (80 % des 15-64 ans travaillent). Mais, selon le VOKA, quelque 77 000 postes y seront inoccupés à l’horizon 2030 avec, à la clé, le risque de paralysie de certains secteurs.
Et une crainte additionnelle : la réduction du nombre de travailleurs français, compte tenu du développement de l’emploi dans le Nord – avec, souvent cité en Flandre, l’exemple de Dunkerque – et la suppression, en 2034, du statut de transfrontalier, qui permet actuellement aux Français d’échapper à la lourdeur de l’impôt belge.
Politiquement tabou
La régularisation de demandeurs d’asile pourrait aussi être une solution. Mais ce thème semble politiquement tabou en Flandre, où même les partis à l’écoute des entreprises sont soumis à la pression de l’extrême droite xénophobe qui agite le spectre de « l’appel d’air ».
C’est donc une autre solution que tente actuellement le VOKA, en facilitant la venue de travailleurs indiens et mexicains. Ils disposeraient de titres de séjour et de permis de travail d’une durée limitée… et l’espoir des patrons qu’ils deviendront définitifs. Quelque 7 000 travailleurs issus de pays non européens avaient ce statut en 2022. Trois fois plus qu’en 2021 pour les métiers en tension, cinq fois plus pour les emplois peu qualifiés.
« L’Inde et le Mexique connaissent un surplus de personnel bien formé, porteur d’une éthique et de bonnes connaissances techniques », soulignait, à la mi-août, Bert Mons, dirigeant de l’organisation en Flandre-Occidentale. Une première mission a déjà été menée, il y a quelques mois, au Mexique, conjointement avec l’office régional de l’emploi, l’université flamande de Louvain et l’hôpital universitaire de cette ville. La santé est, en effet, un autre secteur qui a, d’urgence, besoin de bras.
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