En Grèce, dans la banlieue d’Athènes, le lent redémarrage des chantiers navals d’Eleusis
A la sortie des chantiers navals d’Eleusis, à une vingtaine de kilomètres d’Athènes, une dizaine d’ouvriers, épuisés, s’agenouillent sur le bitume en attendant leur bus. Ils ont repris le travail depuis le mois de février lorsque l’entreprise américaine Onex a fait une offre sur les chantiers navals à l’activité très erratique depuis 2010.
Après plus de sept mois d’attente, la justice grecque a approuvé, jeudi 19 octobre, le rachat. Onex prévoit de mobiliser 124 millions de dollars (117 millions d’euros) pour développer le site. Un soulagement pour certains salariés. « Un grand jour s’est levé pour nous tous, les travailleurs », se réjouit sur Facebook le groupe des travailleurs des chantiers navals d’Eleusis.
« Aujourd’hui, la renaissance des chantiers navals grecs en tant qu’industrie prend forme. Les plus grands gagnants sont et seront les employés qui, pendant des années, se sont battus », a réagi dans les médias grecs le PDG d’Onex en Grèce, Panos Xenokostas. L’entreprise a annoncé vouloir réparer jusqu’à deux cents navires de tous types par an, en mettant l’accent sur ceux qui transportent du gaz non liquéfié (GNL). Un terminal a été inauguré à proximité et, depuis la guerre en Ukraine, la Grèce a décidé de devenir un hub pour le GNL, afin de permettre aux pays de la région de se défaire de leur dépendance au pétrole russe.
Pour le gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis, cette reprise est érigée en symbole. En avril, lors d’un événement sur le chantier naval, le ministre du développement et des investissements, Spyridon-Adonis Georgiadis, s’était dit « fier » de la reprise des activités dans cette zone pauvre de la banlieue athénienne, où le chômage frôle toujours les 20 %. « Les investissements en Grèce ont augmenté de 45 % au cours des quatre dernières années », avait-il insisté.
« Conventions collectives supprimées »
Dimitris, qui n’a pas souhaité donner son nom, est ravi. Employé depuis dix ans, il a vécu « des galères », dû prendre d’autres petits boulots à côté pour s’en sortir. « Pendant plusieurs années, nous ne recevions pas notre salaire en entier, c’est-à-dire, 850 euros net, mais 500 euros un mois, puis 300 euros un autre mois… Et ce, parce que l’ancien propriétaire avait d’énormes dettes et ne pouvait plus nous payer. Maintenant, c’est un retour à la normale, nous pouvons revivre », estime le quadragénaire.
Près de 570 personnes travaillent sur le chantier naval d’Eleusis, et le nouveau propriétaire estime que, dans quelques années, 2 500 nouveaux emplois directs et indirects pourraient être créés grâce à l’activité de construction navale.
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