De vendeuse en poissonnerie à chargée de clientèle, grâce au CDD Tremplin
Pendant vingt ans, Isabelle Lecureur, 55 ans, a exercé le métier d’aide-soignante. Mais des maux de dos chroniques l’ont obligée à envisager une reconversion. Lorsqu’elle a appris que les salariés en situation de handicap pouvaient se former à un nouveau métier au sein d’une entreprise adaptée – une des 800 structures qui, sur le territoire, emploient plus de 55 % de travailleurs handicapés –, cette mère de famille a tenté sa chance. Elle a envoyé son CV à l’Association pour l’insertion et la réinsertion professionnelle et humaine des handicapés (ANRH), qui gère, notamment, vingt entreprises adaptées en France. Elle est retenue dans l’établissement de Rouen, non loin de Barentin (Seine-Maritime), où elle habite. « Pendant neuf mois, j’ai suivi une formation de secrétariat, explique la quinquagénaire. Après avoir répondu à quelques offres d’emploi, j’ai décroché, trois mois plus tard, un poste d’assistante de direction dans un cabinet d’expertise-comptable. »
Isabelle Lecureur fait partie des quelque 12 000 personnes qui ont, à ce jour, bénéficié d’un CDD Tremplin. Expérimenté en 2018 et pérennisé le 1er janvier 2024, ce dispositif permet à des travailleurs détenteurs, comme elle, d’une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, d’établir un projet professionnel et d’acquérir, en vingt-quatre mois au plus, une expérience et des compétences au sein d’une entreprise adaptée volontaire, avant de rejoindre d’autres employeurs « classiques », du secteur public ou privé.
« Le CDD Tremplin permet de redonner confiance aux salariés handicapés, soutient David Bourganel, directeur général de l’ANRH, en rappelant que sa structure a signé 260 contrats de ce type. Pour la plupart, ces personnes ont longtemps été coupées du monde du travail et certaines n’y ont même jamais mis les pieds. Elles vont non seulement pouvoir se former à un nouveau métier, mais aussi se familiariser avec les codes de l’entreprise, aussi basiques que respecter les horaires ou adopter une tenue vestimentaire adéquate. »
Un dispositif rassurant
Atteinte de la maladie de Ménière, une affection de l’oreille interne qui provoque des crises vertigineuses invalidantes, Bénédicte Allard, 45 ans, était vendeuse en poissonnerie. Elle a, elle aussi, fait appel aux services de l’ANRH pour se réorienter. « Je ne pensais pas être faite pour la vie de bureau, se souvient la quadragénaire. J’imaginais qu’il y avait trop de stress et pas assez de contacts humains dans ce genre de métier, je l’avais même dit à ma conseillère de Cap emploi qui essayait de me convaincre de réfléchir à cette piste. » Pourtant, les jeux de rôle auxquels elle a participé au cours de son CDD Tremplin – prendre des notes en réunion, répondre au téléphone à un interlocuteur agressif, s’exprimer en public, etc. – ont fait changer d’avis Bénédicte, qui a décroché un poste de chargée de clientèle à l’Assurance retraite caisse nationale de Tours.
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