Dans l’Orne, l’écœurement des salariés de l’équipementier automobile Marelli

Dans l’Orne, l’écœurement des salariés de l’équipementier automobile Marelli

Ni banderoles ni piquet de grève. Le calme semble régner, en cette matinée du mardi 10 octobre, au sein de l’usine de l’équipementier automobile Marelli, installée depuis 1970 à Argentan, à la lisière de la sous-préfecture de l’Orne, dans le nord du plus rural des départements normands. Y sont produits des corps papillon : de petits boîtiers alimentant en air les moteurs à essence de plusieurs marques de voiture.

Cependant, les apparences sont trompeuses, car l’émoi et l’écœurement dominent chez les 167 salariés depuis l’annonce, mercredi 4 octobre, du lancement d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Après un débrayage de trois jours, ils ont pourtant repris le travail. Ce plan social, dont les premiers contours se dessineront lors d’un comité social et économique extraordinaire, jeudi 12 octobre, « prendra trois mois », selon l’intersyndicale CGT, CFE-CGC et CFDT. Il devrait se solder par la fermeture de l’usine début 2024 et le licenciement de l’ensemble des effectifs.

Un autre site français de Marelli est visé par un PSE et une fermeture prochaine : l’usine de Saint-Julien-du-Sault (Yonne), qui fabrique des feux arrière de véhicule. Là-bas, 125 postes sont en jeu et le mouvement de grève lancé la semaine du 2 octobre se poursuit.

« Perte d’exploitation significative »

« Après plusieurs mois de mensonges et de tromperies de la part de la direction du groupe, cette annonce n’est que la conclusion d’un processus de délocalisation décidé et engagé depuis plusieurs mois », déplore l’intersyndicale de l’usine normande, qui affirme qu’un transfert en Slovaquie, dans une autre usine du groupe, est déjà acté. « Nous avons les preuves : des lignes de production identiques aux nôtres y ont été créées », assure Jean-Philippe Fresny, délégué syndical CGT. « A ce stade, il s’agit d’un projet », note par écrit la direction de Marelli, précisant que ses autres sites français (Châtellerault, Strasbourg et Trappes) ne sont pas menacés.

Pour appréhender la volonté du groupe italo-japonais Marelli (50 000 salariés dans le monde), propriété, depuis son rachat en 2018 à Fiat Chrysler Automobiles, du puissant fonds d’investissement et de pension américain KKR, il faut se référer à ses récents communiqués de presse.

A Argentan, « entre 2018 et 2022, le site a généré une perte cumulée de plus de 28 millions d’euros. L’usine devra faire face à une baisse importante des commandes en 2024 et les prévisions pour les années suivantes sont également en forte baisse ». Du côté de Saint-Julien-du-Sault, « durant ces deux dernières années, l’usine n’a travaillé qu’à 30 % de sa capacité » et « a fait état d’une perte d’exploitation significative de plus de 24 millions d’euros entre 2018 et 2022 ».

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LJD

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