Deux mois après la fin de l’été olympique et paralympique, la justice a donné raison à un ancien salarié du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (Cojop), qui contestait son licenciement. Par un arrêt du 31 octobre, la cour d’appel de Paris condamne l’organisateur des JO pour licenciement nul « en raison de la violation de la liberté d’expression » de Sébastien Chesbeuf, détaille Thomas Hollande, l’avocat du plaignant, dans un communiqué publié mercredi 6 novembre.
Ancien responsable des relations institutionnelles du Cojop, M. Chesbeuf avait été licencié pour faute le 5 février 2020, après avoir alerté un cadre du Comité international olympique (CIO) de dysfonctionnements présumés (problèmes de gouvernance, risques budgétaires, manque de transparence de la direction avec les pouvoirs publics) au sein de Paris 2024, alors que sa fonction imposait, selon le Comité d’organisation, un devoir de loyauté.
L’ancien cadre du Cojop avait alors saisi le conseil des prud’hommes de Paris pour faire reconnaître la nullité de son licenciement. La justice prud’homale avait condamné le Cojop en juillet 2021 pour licenciement « abusif » et « sans cause réelle et sérieuse », mais avait débouté Sébastien Chesbeuf de sa demande de licenciement nul.
Ce dernier avait alors décidé de faire appel pour faire reconnaître son statut de lanceur d’alerte. Dans son arrêt, la cour d’appel infirme le jugement prud’homal, reconnaît la liberté d’expression du salarié et reproche à Paris 2024 « d’avoir tenté de réduire au silence Sébastien Chesbeuf en le licenciant pour avoir rendu public ses alertes et en avoir directement fait part à un membre du CIO, Pierre-Olivier Beckers », fait valoir Me Hollande.
Coauteur, avec les journalistes Jean-François Laville et Thierry Vildary, de La Face cachée des JO (JC Lattès, 216 p, 20 euros), un ouvrage publié quelques semaines avant les Jeux olympiques et dans lequel il détaille ses alertes sur la gestion du Cojop, Sébastien Chesbeuf affirme avoir, depuis son licenciement, subi des dommages aussi bien professionnels que réputationnels.
« Paris 2024 ne fera pas de commentaire », a, de son côté, répondu au Monde, mercredi, le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
L’Allemagne est l’homme malade de l’Europe, littéralement. Selon les statistiques officielles, les Allemands sont de plus en plus souvent malades, et s’arrêtent de plus en plus longtemps lorsqu’ils le sont : quatre jours de congé maladie de plus en moyenne en 2023 qu’en 2021, soit 15,1 jours contre 11,1 deux ans plus tôt, selon l’Office fédéral des statistiques (qui ne compte que les arrêts de plus de trois jours). Et la tendance s’accélère, puisqu’un record est attendu cette année, la fédération de caisses d’assurance-maladie, l’Allgemeine Ortskrankenkasse (AOK), ayant averti qu’un nouveau pic avait été atteint dès le mois d’août, avant même l’arrivée de l’hiver.
Dans un pays en récession, le sujet n’a rien d’anecdotique. La publication de ces chiffres a eu un fort retentissement en Allemagne, générant une inhabituelle vague d’introspection. « Sommes-nous tous devenus des tire-au-flanc ? », titrait ainsi le Tagesspiegel il y a quelques jours. « Sommes-nous paresseux ou simplement finis ? », s’interrogeait même le tabloïd Bild, tandis que le Handelsblatt parle de « la République malade ».
Les commentaires avancent volontiers que le pays est devenu le champion européen des arrêts maladie. Pourtant, les comparaisons internationales, complexes voire impossibles du fait des écarts de réglementation, conduisent à des conclusions souvent divergentes.
Les sondages menés par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) auprès des employés ne sont pas si affirmatifs, même si ses experts admettent observer une augmentation récente. A titre indicatif (les données n’étant pas directement comparables), un rapport de l’inspection des finances, paru en juillet, affirme que les salariés du secteur privé en France se sont absentés en moyenne 11,7 jours pour des raisons de santé en 2022, et les agents publics en moyenne 14,5 jours.
Un pilier de l’Etat social
Outre-Rhin, les réactions à ces statistiques en diraient ainsi presque plus long que les chiffres eux-mêmes : l’Allemagne, pays de l’éthique protestante du travail, serait-elle en train de vivre un changement de culture ?
Les économistes y voient un frein à la reprise de la croissance, certains avancent même que le manque à gagner lié à ces absences suffirait à combler le demi-point de produit intérieur brut (PIB) qui permettrait de sortir de la récession. « Le taux d’absentéisme élevé constitue un risque supplémentaire pour les chances de réussite des entreprises à surmonter la faiblesse de la croissance », assure le responsable d’une des principales caisses d’assurance maladie (DAK), Andreas Storm, dans le Bild du 28 octobre. La droite et les libéraux y lisent, quant à eux, le symptôme de la trop grande générosité de l’Etat social dont le coût entraverait le redémarrage de l’Allemagne.
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Les enseignants guettaient une réaction de leur ministre de tutelle depuis quatre jours. Depuis que l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy a porté une violente charge contre le temps de travail des enseignants, vendredi 8 novembre, à l’occasion d’une conférence organisée à Saint-Raphaël (Var). « Le statut de professeur des écoles, (…) c’est vingt-quatre heures par semaine » et « six mois de l’année »,a lancé l’ancien chef de l’Etat, estimant que « nous n’avons pas les moyens d’avoir un million d’enseignants ». Avant d’ajouter ironiquement, sous les rires de l’assistance : « Alors, je sais bien, il faut préparer les cours… Maternelle, grande section… »
Ces déclarations ont immédiatement provoqué un tollé parmi la communauté enseignante, et de vives condamnations à gauche et au centre quant au « mépris » de l’ancien président et sa « méconnaissance abyssale » du travail en maternelle. La ministre de l’éducation nationale, elle, s’est finalement positionnée mardi 12 novembre.
Interrogée sur le sujet par l’Agence France-Presse, Anne Genetet a refusé de « juger » ces propos, mais elle a affirmé son « soutien » aux enseignants, qui « travaillent beaucoup » et « dans des conditions difficiles ». « Je ne suis pas d’accord. Je ne comprends pas ses propos », a-t-elle ensuite déclaré en marge d’un déplacement à L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne). « J’ai vu qu’ils [les enseignants] ne ménagent pas leurs horaires, loin de là, leur volume horaire est très important, il faut cesser de se restreindre au temps devant élève », a insisté la ministre, souhaitant « remettre les pendules à l’heure ».
Douloureux retour en arrière
Un soutien attendu mais jugé tardif par les représentants des 850 000 enseignants, aussi révoltés par les propos dénigrants du 8 novembre que par le silence des membres du gouvernement ou de leurs soutiens parlementaires. « Quand les policiers sont visés, le ministre de l’intérieur se positionne tout de suite pour les défendre ; là, les enseignants subissent une attaque en règle par un ancien chef d’Etat et notre ministre ne dit rien avant d’être interrogée », déplore Guislaine David, du SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire.
A l’heure où les gouvernements successifs ne cessent de proclamer la nécessaire « revalorisation du métier de professeur », le discours de Nicolas Sarkozy a fait l’effet d’un douloureux retour en arrière. L’assertion selon laquelle leur temps de travail se résumerait à leur temps de présence obligatoire devant les élèves est une vieille rengaine de l’ancien président, qui usait déjà des mêmes termes en 2007, en 2012, ou encore en 2016.
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Cet été, une agence bancaire de la State Bank of India, une vénérable institution publique indienne, a vu le jour à Chhapora, un petit village isolé du Chhattisgarh, l’un des Etats les plus pauvres du pays. Enseigne rutilante, ordinateurs tout neufs rangés derrière des guichets, formulaires imprimés avec le logo de la banque : qui aurait pu s’imaginer que cette nouvelle agence était en réalité fausse ? D’autant que les escrocs, prétextant un retard dans la livraison des serveurs, avaient refusé de prendre les liasses de billets apportées par les habitants, soulagés de pouvoir enfin placer leurs économies ailleurs que sous un matelas ou une pile de saris.
Les escrocs se sont enrichis autrement, en réclamant de l’argent contre la promesse d’un emploi à la State Bank of India. Ils ont ainsi récolté des dizaines de milliers d’euros et se sont ensuite évanouis dans la nature. Seul l’un d’entre eux a été arrêté. Il faut leur reconnaître un certain sens de l’inventivité. A force d’être alerté sur les arnaques en ligne, on en oublie que les fraudes bancaires ne sont pas que virtuelles. Les escrocs ont compris que le chômage de masse est un fléau qui gangrène l’Inde. Les emplois y sont devenus si rares que les chômeurs sont prêts à tout pour en décrocher, surtout si c’est un emploi de fonctionnaire.
Fin 2022, des demandeurs d’emploi avaient d’ailleurs été victimes d’une arnaque similaire, qui promettait cette fois des emplois dans les chemins de fer indiens. Après les avoir prétendument recrutés contre une commission, les escrocs les avaient envoyés dans des gares compter les trains, avant de disparaître. Le secteur privé offre des conditions de travail très précaires et les cas de surmenage se multiplient, comme l’a montré le suicide récent d’une jeune employée du géant de l’audit EY.
De nombreux autres pays en développement sont menacés par le chômage. « Le spectre du chômage plane de manière inquiétante, avec, à la clé, 800 millions de jeunes qui pourraient se retrouver sans réel emploi, au risque de déstabiliser les sociétés et de freiner la croissance économique », s’est inquiété Ajay Banga, le président de la Banque mondiale, en octobre, lors des assemblées générales communes avec le Fonds monétaire international. Ce fléau est mal comptabilisé, donc invisible, et se confond souvent avec le secteur informel, des petits emplois qui consistent à appuyer sur le bouton d’un ascenseur ou à ouvrir les portes d’un magasin.
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Beaucoup en rêvent : un diplôme qui permet de trouver du travail avant même la fin de ses études, de faire la ou le difficile entre plusieurs offres, de changer de secteur d’activité quand on le souhaite, de déménager au gré de ses projets de vie ou encore de reprendre ses études si l’on en a envie.
Année après année, l’attractivité du diplôme d’ingénieur sur le marché du travail ne se dément pas. Selon la dernière enquête menée par l’association Ingénieurs et scientifiques de France (IESF) auprès d’anciens élèves d’écoles d’ingénieurs et de diplômés scientifiques (bac + 5 et plus), 85 % des diplômés des trois dernières promotions (2020-2023) ont trouvé un emploi en moins de trois mois ; 65 % ont même été recrutés avant la fin de leurs études.
C’est le cas de Louis-Mayeul Rousset-Rouvière, 24 ans, originaire des Hauts-de-Seine, qui a plusieurs fois été approché lorsqu’il étudiait au sein de la prestigieuse Ecole nationale des ponts et chaussées. « On sentait bien qu’on était prisés. Chaque année, les entreprises se pressaient au Forum Trium [qui réunit grandes écoles et entreprises], c’est-à-dire qu’elles payaientpour nous rencontrer et nous donner envie de travailler pour elles. »
Lorsque Louis-Mayeul contacte de grands groupes, comme Eiffage ou Vinci, dans le cadre de ses stages obligatoires de fin de deuxième année, il est rappelé immédiatement. Pour son stage de fin d’études, il a l’embarras du choix et hésite. « C’est une décision importante, car elle conditionne souvent la première embauche », explique le jeune homme, qui a finalement choisi la Setec, un bureau d’études renommé, où il poursuivra en CDI.
« Le diplôme d’ingénieur est une belle machine à insérer, elle est très sélective à l’entrée mais insère très bien à la sortie », confirme Jean Pralong, enseignant-chercheur en gestion des ressources humaines à l’Ecole de management de Normandie, qui modère toutefois l’idée selon laquelle les candidats feraient seuls la loi sur le marché de l’emploi. « Il ne faut pas perdre de vue que c’est un marché segmenté. Pour chaque diplômé, il y a un périmètre de postes accessibles, en fonction du classement de son école, du secteur d’activité. Ce n’est pas illimité. »
Forte évolution des attentes
Si les jeunes diplômés ne sont pas tout-puissants dans leurs négociations avec les recruteurs, ils ont en tout cas un luxe : celui de pouvoir changer d’entreprise, voire de métier, quand ils le souhaitent et selon leurs propres critères. Bertille (qui n’a pas souhaité donner son nom de famille, comme d’autres personnes interrogées), 25 ans, également diplômée des Ponts, a décliné une belle offre – poste intéressant, plutôt bien payé – qui lui avait été faite lors de son stage de fin d’études. La localisation géographique ne lui convenait pas, et puis, son diplôme en poche, elle avait envie de faire une pause.
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Faut-il travailler à une stratégie industrielle européenne, comme le prône le ministre délégué chargé de l’industrie, Marc Ferracci ? Ou demander plutôt des comptes aux entreprises qui ont reçu des aides publiques, comme le suggèrent Sophie Binet et Marylise Léon, respectivement secrétaires générales de la CGT et de la CFDT ? L’Etat doit-il bloquer l’homologation de certains plans sociaux, ainsi que le plaide François Ruffin, député de la Somme ?
Car, sur le constat, personne ne semble se faire d’illusions. Pendant les trois années qui ont suivi la pandémie de Covid-19, les entreprises, aidées par le prêt garanti par l’Etat, les diverses aides accordées pendant les confinements et la relative bonne santé de l’économie d’alors, ont beaucoup embauché et peu licencié.
Mais désormais, l’horizon s’assombrit et les difficultés s’accumulent. « Des annonces de fermetures de sites, il y en aura probablement dans les semaines et les mois qui viennent », a déclaré M. Ferracci, samedi 9 novembre, sur France Inter, évoquant la possible destruction de « milliers d’emplois ». « Nous sommes au début d’une violente saignée industrielle », enchaînait le lendemain Mme Binet, de la CGT, dans l’hebdomadaire La Tribune Dimanche, mettant en cause la volonté des entreprises de « toujours augmenter les marges » et de « distribuer toujours plus de profit aux actionnaires ».
La confédération a déjà dressé une liste des plans sociaux en préparation, « qui frôle les 200 », assure-t-elle. La centrale syndicale a appelé à une journée de mobilisations dans toutes les régions, le 12 décembre. Mme Binet souhaite, en outre, « qu’une entreprise ne puisse pas toucher d’aides de l’Etat si l’avis des représentants du personnel est défavorable ». Un point sur lequel Mme Léon, son homologue de la CFDT, est d’accord. « Cela me paraît lunaire que l’Etat ne sache pas à quoi servent les aides qui sont attribuées : on parle de centaines de millions d’euros », a-t-elle déclaré sur Franceinfo, vendredi 8 novembre. Ces déclarations ont reçu un accueil plutôt bienveillant de la part de M. Ferracci. « Si les aides ne sont pas efficaces de manière globale, eh bien il faut arrêter les aides », a-t-il admis sur France Inter.
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Trois accords d’un coup : le patronat et plusieurs syndicats sont parvenus, jeudi 14 novembre, à s’entendre sur de nouvelles règles pour l’assurance-chômage et pour l’emploi des seniors, avec en bonus une entente sur les parcours syndicaux. « Nous avons réussi, au terme d’une négociation flash, à aboutir ce soir », a salué le représentant du Medef, Hubert Mongon, au terme des discussions, faisant état d’une « majorité d’avis favorables » sur les accords, « avec des nuances ».
La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a « salué » vendredi matin, sur Franceinfo, ces accords trouvés par les partenaires sociaux. « Cela démontre que la méthode, qui est celle du premier ministre de laisser la place au dialogue social, porte ses fruits », a-t-elle vanté.
Ombre au tableau toutefois, côté patronal : si Eric Chevée (CPME) a jugé que l’accord sur l’assurance-chômage « ne pose pas de problème », il s’est montré beaucoup plus critique concernant celui sur les seniors, qu’il a jugé « pas équilibré ». L’U2P, troisième organisation patronale qui regroupe artisans et commerçants, a émis un « avis positif » sur les trois accords, a déclaré à l’Agence France-Presse son négociateur Jean-Christophe Repon.
Outre les règles d’indemnisation des chômeurs qui doivent s’appliquer à compter du 1ᵉʳ janvier 2025 et les mesures pour favoriser l’emploi des seniors, les partenaires sociaux ont convenu d’un troisième accord sur le dialogue social. Première à s’exprimer, la délégation CFDT « donne un avis favorable sur les trois textes », a annoncé le négociateur, Olivier Guivarch ; son homologue de la CFTC, Frédéric Belouze, faisant lui aussi savoir que sa délégation allait « défendre devant ses instances favorablement ces trois accords ».
La CGT s’est montrée nettement plus réticente, la négociatrice, Sandrine Mourey, déplorant que « ça tape dur » sur l’assurance-chômage et notant pour l’emploi des seniors « des petits mais pas de gros gains » pour les salariés. La CFE-CGC, qui avait déjà annoncé qu’elle ne signerait pas l’accord sur l’assurance-chômage, a déclaré par la voix de son négociateur, Jean-François Foucard, être favorable aux deux autres textes. Force ouvrière (FO) réserve encore son appréciation sur les trois textes.
Les syndicats doivent encore formellement consulter leurs instances. Le texte sur l’assurance-chômage, prévu pour quatre ans, est un avenant à l’accord de novembre 2023 – signé par la CFDT, FO et la CFTC, mais non validé par le gouvernement. Il prévoit notamment, pour dégager des économies, de diminuer l’indemnisation des chômeurs frontaliers ayant travaillé en Suisse, Belgique, Allemagne ou au Luxembourg. Leurs droits sont aujourd’hui calculés sur la base de leurs salaires dans ces pays, nettement plus élevés qu’en France.
Un relèvement de deux ans des bornes d’âge ouvrant droit à une indemnisation plus longue, pour prendre en compte la réforme des retraites que les syndicats contestent, est également prévu. Le palier ouvrant droit à 22,5 mois d’indemnisation au maximum passe ainsi de 53 ans à 55 ans et celui donnant droit à 27 mois de 55 ans à 57 ans. La mesure devrait rapporter 350 millions sur quatre ans.
Afin de se rapprocher des 400 millions d’euros d’économies supplémentaires demandées dès 2025 aux partenaires sociaux par la ministre du travail, Astrid Panosyan-Bouvet, le patronat a accepté que la réduction de 4,05 % à 4 % de la cotisation employeur à l’assurance-chômage n’ait lieu qu’au 1ᵉʳ mai 2025.
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Au global, les nouvelles règles permettraient de dégager quelque 2,3 milliards d’économie sur quatre ans pour le régime de l’assurance-chômage, selon un calcul de l’Unédic.
Syndicats et patronat avaient à cœur de s’accorder pour éviter que le gouvernement reprenne la main, comme l’avait fait au printemps le gouvernement Attal après l’échec des négociations sur les seniors, publiant un décret dont les syndicats avaient unanimement dénoncé la « violence ».
Les discussions sur l’assurance-chômage se sont achevées à la mi-journée, mais les négociateurs attendaient celles sur l’emploi des seniors, qui se sont tenues ensuite, pour rendre leur verdict.
Le patronat a lâché du lest dans la soirée, sur un « point dur » des syndicats. Il a renoncé dans l’immédiat à une exonération progressive de cotisations d’assurance-chômage pour l’employeur qui recruterait un salarié en « contrat de valorisation de l’expérience », une mesure portée par la CPME.
Ce nouveau contrat spécifique, pour faciliter l’embauche des chômeurs âgés, subsiste néanmoins. Le salarié pourra être mis d’office à la retraite dès qu’il a droit à une retraite à taux plein. « C’est dur la désaccoutumance » sur les exonérations de cotisations, a ironisé Denis Gravouil (CGT).
Le texte entend aussi favoriser les retraites progressives, peu répandues. Accessible à partir de 60 ans et permettant au salarié de travailler à temps partiel tout en continuant à cotiser à taux plein pour sa retraite, le dispositif ne devient pas pour autant un droit auquel l’employeur ne pourrait plus s’opposer, comme l’auraient voulu les syndicats. Enfin, le troisième accord, « tombé un peu du ciel », dixit un négociateur, vise à ouvrir des négociations sur les parcours syndicaux et demander au gouvernement de légiférer pour permettre d’exercer plus de trois mandats pour les représentants du personnel.
Il y a des morts qui importent moins que d’autres. Le plus souvent, les homicides (meurtre, assassinat) donnent lieu à des dramatisations médiatiques importantes.
A l’inverse, pendant longtemps, la mortalité routière et la violence intrafamiliale étaient des impensés de la vie sociale. Elles avaient une très faible visibilité et n’étaient pas traitées comme des problèmes méritant une attention particulière. La situation a changé depuis une quinzaine d’années, même si leur banalisation n’a pas été éliminée.
Triste bilan
La violence subie au travail va-t-elle connaître le même sort et être reconnue comme une situation chronique, socialement dommageable, pénalement sanctionnable et méritant une mobilisation particulière ? C’est ce que semble amorcer la campagne lancée par la nouvelle ministre du travail[Astrid Panosyan-Bouvet] il y a quelques jours.
Les chiffres sont affligeants. Il y a en France100 accidents graves par jour et deux décès quotidiens, soit de l’ordre de 750 annuels. Ce triste bilan est à peu près au même niveau que l’ensemble des homicides commis. On ne peut plus se contenter de dire qu’il y a fatalité d’un côté et insécurité de l’autre. C’est à tort que certains opposent l’erreur technique à la faute intentionnelle. C’est l’indifférence que ces situations ont suscitée jusqu’à aujourd’hui qui doit inquiéter et interpeller.
Il n’est cependant pas possible de soutenir que l’on a alors découvert l’ampleur de l’enjeu. La Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) publie annuellement des données sur ce sujet. Une enquête de la Cour des comptes de 2018 dresse le bilan de la réforme de l’administration du travail de 2015 et attire l’attention sur l’enjeu de la sécurité.
Un nombre sous-estimé
Un second rapport de 2024 analyse les ressources humaines de ce ministère et leurs conséquences, entre autres sur la sécurité au travail. Un ouvrage de Matthieu Lépine est explicitement intitulé L’Hécatombe invisible. Enquête sur les morts au travail (Seuil, 2023). Mais il n’a absolument pas eu le même écho que celui sur les pratiques des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), ni dans la presse, ni chez les pouvoirs publics. Nul ne peut pourtant plaider l’ignorance.
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La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, estime que la situation politique actuelle permet aux partenaires sociaux de jouer un plus grand rôle et de faire avancer leurs revendications. Elle s’inquiète des plans sociaux en cours, mais aussi des restructurations et pertes d’emploi moins visibles, qui se produisent notamment dans les petites entreprises.
Le projet d’accord sur l’assurance-chômage, sur lequel la CFDT rendra sa décision définitive jeudi 21 novembre après un premier avis favorable, engendre d’énormes économies. Est-ce vraiment une avancée pour les salariés et les demandeurs d’emploi ?
Oui, ça l’est. Pour la CFDT, il y avait un enjeu d’être en responsabilité, à la fois sur la gestion du régime et sur la trajectoire financière. Et puis nous avions ciblé des publics particuliers, notamment les saisonniers et les premiers entrants dans l’assurance-chômage – des jeunes, autrement dit –, pour lesquels nous voulions améliorer les règles.
Je suis tout à fait lucide sur le fait que l’accord dégage des économies, que des efforts sont demandés. La boussole de notre organisation, c’était qu’ils soient justes et le mieux répartis en fonction des demandeurs d’emploi, et que les employeurs prennent leur responsabilité. Nous savions aussi qu’en cas d’échec, la réforme violente de [l’ancien premier ministre] Gabriel Attal, qui a été suspendue, était toujours dans le paysage. L’enjeu de réussir était donc d’autant plus important.
L’accord sur l’emploi des seniors contient peu de mesures normatives. Incitera-t-il les entreprises à garder ou à embaucher des salariés proches de la soixantaine ?
L’accord permet de clarifier ce sur quoi on s’entend avec le patronat. Je ne pense pas que sur les seniors, il y ait une recette miracle, avec une mesure qui va tout régler. Mais il faut que nous puissions avancer progressivement. Nous verrons ce que le compromis trouvé produira, notamment sur la retraite progressive désormais ouverte à partir de 60 ans grâce à cet accord et nous reprendrons rendez-vous car le débat n’est pas clos.
Le gouvernement, qui vous avait invité à négocier, a salué les discussions achevées jeudi. Est-ce le retour en grâce des partenaires sociaux après sept années lors desquelles ils ont été malmenés ?
Je ne suis pas là pour refaire le film. Ce qui m’importe, c’est que la CFDT a tenu son rôle pour les travailleurs et les demandeurs d’emploi. Je savais qu’il fallait être au rendez-vous et nous l’avons été. J’attends maintenant que le gouvernement le soit, à son tour, en concrétisant cette confiance, avec une transposition rapide dans la loi des dispositions qui le nécessitent.
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Quelques minutes pour décrocher non pas l’amour mais un emploi. Le 7 novembre à Valenciennes (Nord), l’Union des industries et métiers de la métallurgie du Grand-Hainaut, dans les Hauts-de-France, a organisé un job dating sur le modèle des speed dating amoureux, pour tenter de répondre au besoin de main-d’œuvre industrielle dans la région.
Une autre rencontre de ce type est programmée le 26 novembre à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), toujours encadrée par la fédération patronale locale. A chaque fois, une vingtaine d’entreprises y proposent une centaine de postes à pourvoir, en CDI, CDD ou intérim. Opérateurs ou techniciens dans la mécanique, la maintenance ou l’usinage de pièces, les profils sont variés.
Cette initiative particulière témoigne du paradoxe plus large qui traverse le monde industriel, alors que débute, lundi 18 novembre, la Semaine de l’industrie organisée par le gouvernement. Les plans sociaux qui se multiplient dans l’automobile ou la chimie – chez Michelin, Vencorex, etc. – marquent l’agenda social et illustrent le coup de frein à la réindustrialisation entamée ces dernières années ; mais, dans le même temps, l’industrie française pâtit d’une pénurie chronique de main-d’œuvre.
Selon la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares, rattachée au ministère du travail), « 66 630 emplois » industriels étaient vacants dans le pays au deuxième trimestre de cette année. Ce chiffre, qui a triplé entre 2015 et 2023, ternit le bilan du gouvernement, alors que « 130 000 emplois ont été créés dans l’industrie depuis 2017, dont 28 000 en 2023 », note la direction générale des entreprises du ministère de l’économie.
« Une image passéiste et caricaturale »
Ce regain industriel est d’autant plus fragile que les difficultés des entreprises à recruter – en particulier les TPE et les PME, moins bien loties que les grands groupes – persistent. « Quelque 260 000 projets de recrutements sont prévus dans l’industrie en 2024, or près de 60 % de ces recrutements sont jugés difficiles par les entreprises », regrette le ministre délégué à l’industrie, Marc Ferracci, qui considère que le sujet est « un enjeu crucial pour le pays ». L’ensemble des secteurs sont concernés, aussi bien les industries traditionnelles que les filières dites « d’avenir ».
En cause notamment l’image ou la méconnaissance des métiers industriels. La désindustrialisation des quarante dernières années a traumatisé de nombreux territoires et marqué les mémoires familiales, éloignant d’eux les nouvelles générations.
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