La Génération Millennials Jeune diplômé et sans emploi

Qui est cette génération Y et pourquoi, malgré leurs diplômes, les jeunes peinent-ils à décrocher leur premier emploi ?

alors que la courbe du chômage en France continue de faire le yo-yo, le taux d’emploi des jeunes diplômés ne semble pas affecté ni par les périodes de creux, ni par les améliorations du marché de l’emploi. En effet, il stagne : 40% des jeunes diplômés n’ont toujours pas d’emploi un an après avoir obtenu leur diplôme de fin d’étude.

Après la génération X naît la génération Y, surnommée « Millennials » ou « enfants du millénaire ». Regroupant l’ensemble des individus nés entre le début des années 80 et le milieu des années 90 (certains sociologues datent précisément la fin de cette génération avec les jeunes nés en 1995), cette génération est marquée par le digital, la flexibilité et les réseaux sociaux. Le cœur de ce groupe est Internet et plus largement les nouvelles technologies qui induisent la simultanéité et l’instantanéité des relations et des tâches.

En 2020, la « génération net » représentera plus de 40% des travailleurs européens. « Les Millennials vont dominer tous les chiffres de l’emploi et du chômage à partir de maintenant, » déclare Anthony Carnevale, le directeur de recherche de l’Université de Georgetown. En 2015, 75,3 millions de personnage appartiennent à la génération Y contre 74,9 millions d’individus pour la génération X (jusque-là, la génération X représentait la tranche d’âge (entre 30 et 50 ans) la plus nombreuse).

Les Millennials font face à des frais de scolarités beaucoup plus élevés que leurs parents (que ce soit en frais universitaires ou le coût d’une école de commerce ou d’ingénieur) ce qui induit la contraction d’un prêt étudiant plus conséquent. Problème, la compétition pour obtenir un CDI (véritable Graal du jeune diplômé) est aussi plus rude qu’avant. Une étudiante de 25 ans avec dans sa poche un Master 2 en commerce international déclarait qu’elle était serveuse dans un restaurant de quartier en attendant de trouver un emploi plus en adéquation avec ses qualifications.

Diplômé en poche mais sans emploi, comment y remédier ?

Le Manque de stratégie. Nous remarquons souvent que le manque de succès est dû à un manque de stratégie dans la recherche d’emploi: il ne suffit pas d’envoyer une lettre de motivation et un CV pour espérer décrocher un poste correspondant à ses attentes.”
Manque de motivation. “Une recherche d’emploi est aujourd’hui un job à mi-temps et il faut garder la motivation tout au long des différents processus de recrutement qui sont aujourd’hui assez longs. Mais il n’y a rien à faire…. il faut accepter que ça prend du temps…”
Manque de flexibilité. “La flexibilité de la génération Y est importante et il faut absolument tenir compte de ce paramètre pour se démarquer également (…) On ne reste plus 30 à 40 ans dans le même boulot (ou très rarement), on change 7 à 8 fois dans une carrière.
Les outils sont nombreux aujourd’hui pour se positionner sur le marché: LinkedIn , les jobboards, les organismes, les foires à l’emploi… Pour moi, le profil LinkedIn est incontournable. Plus de 85% des recruteurs sont dessus et il y’a tous les jours de nouvelles offres d’emploi. Utilisez les réseaux sociaux dans votre recherche d’emploi mais de façon professionnelle et en faisant très attention à votre identité numérique”.
“Motivation, patience, structure, organisation, stratégie et détermination sont les maîtres mots d’une recherche d’emploi réussie. La base est évidemment votre CV et votre lettre de motivation.”
Les erreurs à éviter lors de votre recherche :
Etre pessimiste. “Si on part du principe que tout est bouché et qu’on a aucune chance à cause de statistiques, il est évident que cela sera difficile de garder la motivation. Posez-vous les bonnes questions et analysez les raisons d’un échec. Vous verrez que ce n’est pas uniquement le marché qui est responsable – même si le parcours n’est pas un long fleuve tranquille. C’est vous qui ferez la différence lors de vos entretiens d’embauche, et pour cela il faut pouvoir se vendre tout en restant humble mais en vous démarquant du candidat qui est passé juste avant vous…”
Etre impatient: “Il est parfois nécessaire de changer sa cible et de passer par deux phases afin d’obtenir l’objectif premier. L’intérim par exemple est devenu un excellent tremplin pour arriver à son objectif (CDI). Par exemple, devenir consultant parait peut être facile mais il faut plusieurs années d’expériences afin d’être expert et avoir une certaine renommée sinon vous êtes dans la masse et le problème est le même.”

Les Lacunes des Jeunes Diplômés Viennent De L’enseignement

Si l’on en croit une étude récente venue du Royaume-Uni, un diplôme de l’enseignement supérieur ne fait pas pour autant un bon professionnel. De nombreux employeurs se déclarent de moins en moins satisfaits de leurs nouvelles recrues, notamment en ce qui concerne l’attitude à l’égard du travail, les capacités de communication et de résolution de problèmes, ainsi que l’aptitude à développer de bonnes relations avec les clients.

Serait-il possible que les lacunes pointées par les employeurs – manque des connaissances entrepreneuriales de base, faibles compétences en communication et attitude négative face au travail – provinssent directement de l’enseignement reçu dès les premières années scolaires ? Regardez par exemple ce qui est enseigné sur l’individu. Selon les mots de C. S. Lewis, le système scolaire encourage une attitude du style «  tout le monde vaut tout le monde » sans se préoccuper des aptitudes ou des capacités des uns et des autres.

Éduques dans cette idée, les étudiants ont facilement tendance à se croire sortis de la cuisse de Jupiter. Si ce travers n’est pas corrigé, ils ne seront que trop enclins à exiger de plus de plus de louanges et d’avantages à mesure qu’ils grandissent et accèdent au marché du travail.

Ou regardez la façon dont l’école développe la socialisation des élèves. C’est depuis longtemps l’un des objectifs les plus importants du système scolaire, mais force est de constater que cette socialisation ne se fait qu’à l’intérieur d’une seule classe d’âge.

Les élèves ont alors du mal à interagir avec des individus n’appartenant pas à leur cercle immédiat. Cela devient problématique lorsqu’ils entrent dans la vie active et doivent coexister pacifiquement avec des personnes, clients ou collègues, ayant 10, 20 ou même parfois 50 ans de plus qu’eux.

De plus, le système éducatif a éliminé bon nombre d’expériences qui permettaient de se familiariser avec le monde de l’entreprise – les classes-ateliers par exemple – tout en dénigrant le concept d’apprentissage. Sans ces expériences précoces, il n’est guère étonnant de constater que les jeunes salariés n’ont aucune idée du monde de l’entreprise dans lequel ils entrent.

Le média féministe « Causette », en liquidation judiciaire, cherche un repreneur

Le média féministe Causette, qui a cessé la publication de son mensuel papier à l’automne dernier, pour devenir 100 % numérique, a été placé « en liquidation judiciaire le jeudi 6 juin » par le tribunal de commerce de Paris « sans poursuite d’activité » ; il « cherche un repreneur » pour « renaître au plus vite », a-t-il annoncé lundi 10 juin, confirmant une information de L’Informé. « Depuis cette date, le site n’est donc plus mis à jour, et le travail des salarié[e]s a pris fin », poursuit-il, déplorant « une mise en veille » brutale.

Fondé en 2009 par Grégory Lassus-Debat, le magazine avait été repris en 2018, après une première liquidation judiciaire, par le groupe Hildegarde, qui « avait déposé le bilan de Causette média le 22 mai, espérant un redressement judiciaire », lequel n’a pas été accordé, détaille le communiqué. Hildegarde est également propriétaire des publications spécialisées Le Film français et Première.

Impertinence, progressisme, féminisme

« Nous sommes persuadé[es] que Causette est indispensable dans le paysage médiatique français de par son impertinence, son progressisme, son féminisme (…), d’autant plus au moment où l’extrême droite réalise des scores historiques aux élections et s’impose toujours plus dans le champ médiatique », est-il écrit au lendemain de la large victoire du Rassemblement national aux européennes et de la dissolution de l’Assemblée nationale.

« C’est pourquoi Causette va se battre pour trouver » un repreneur ou une repreneuse « pour s’engager à ses côtés et renaître au plus vite », précise le média, qui compte mettre l’ensemble de son site en libre accès « dans les prochains jours ».

Le magazine féministe avait annoncé à la fin de septembre qu’il devenait un média 100 % en ligne pour « faire face à l’augmentation des coûts » et au changement des habitudes de lecture. « Le titre a pu, en huit mois, se déployer numériquement, entraînant un enthousiasme renouvelé sur son site comme sur ses réseaux sociaux », assure-t-il lundi, regrettant « d’avoir manqué de temps et de moyens pour pérenniser les choses ».

Le Monde avec AFP

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Législatives 2024 : la réforme de l’assurance-chômage suspendue, après l’échec du camp Macron

Paris, France le 30 juin 2024 - Le Premier ministre, Gabriel Attal, prend la parole dans la cour de l’Hôtel de Matignon après l’annonce des résultats du premier tour des élections législatives.

Quelques heures à peine après le résultat du premier tour des élections législatives, le premier ministre Gabriel Attal a décidé « de suspendre la mise en œuvre de la réforme de l’assurance-chômage », a indiqué son entourage à l’AFP, dimanche 30 juin au soir. Un renoncement qui marque l’échec du gouvernement alors que la coalition présidentielle Ensemble est arrivée troisième du scrutin, loin derrière le Rassemblement national (RN) et le Nouveau Front populaire. « Première victoire des électeurs RN ! Quand le peuple vote, le peuple gagne ! », a aussitôt réagi Marine Le Pen, dimanche soir.

La réforme de l’assurance-chômage, critiquée par les syndicats et de nombreuses forces politiques – de la gauche au RN en passant par le centre droit –, devait initialement faire l’objet d’un décret publié au Journal officiel avant le dimanche 30 juin, date à laquelle les règles d’indemnisation actuelles arrivent à échéance. Vendredi 28 juin, le ministère du travail avait annoncé que ce ne serait finalement pas le cas avant le 1er juillet.

Pour éviter un vide juridique, les dispositions actuelles de l’assurance-chômage n’étant en vigueur que jusqu’à ce dimanche, un « décret de jointure », prolongeant ces règles, va être publié lundi 1er juillet au Journal officiel, précisent Matignon et le ministère du travail.

Machine arrière

Cette décision met fin à un mois d’atermoiements de la part de l’exécutif. Pressé de retirer sa réforme depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, le gouvernement s’était refusé à faire machine arrière. Le 13 juin, le locataire de Matignon avait ainsi affirmé qu’« un décret sera[it] pris d’ici au 1er juillet » pour mettre en œuvre ce projet. La veille, Emmanuel Macron avait été plus flou, lors d’une conférence de presse, laissant entrevoir une réflexion sur le sujet, pour prendre en compte le « temps électoral » : « Ça doit se reprendre après. Est-ce que ça doit passer par l’Assemblée ? Est-ce que ça doit passer par un décret ? On le verra le lendemain [du scrutin]. »

La réforme en question devait fortement durcir, à partir du 1er décembre, les conditions dans lesquelles les demandeurs d’emploi peuvent bénéficier de l’assurance-chômage. Le texte faisait passer la durée de travail nécessaire pour toucher une allocation à huit mois sur les vingt derniers (contre six sur vingt-quatre, aujourd’hui, pour ceux qui ne sont pas considérés comme des seniors). La période d’indemnisation était, elle, raccourcie de dix-huit mois à quinze mois (les personnes d’au moins 57 ans étant soumises à un système plus favorable). La mesure devait permettre au gouvernement de réaliser 3,6 milliards d’euros d’économies par an.

US Steel : « la sidérurgie a longtemps été considérée comme un instrument essentiel de souveraineté »

Une partie de l’usine Edgar Thomson d’US Steel est visible à Braddock, en Pennsylvanie, le lundi 18 décembre 2023.

Le poison de la division n’épargne aucun secteur de la vie américaine. De la musique à la production d’électricité, à l’heure de la polarisation politique, il faut choisir son camp. Il reste pourtant deux sujets qui transcendent les choix partisans : la peur de la Chine et… l’opposition au rachat d’US Steel par son concurrent japonais Nippon Steel.

En visite électorale en Pennsylvanie, la candidate démocrate à la présidentielle, Kamala Harris, a affirmé que le sidérurgiste américain devait être « dirigé par des Américains et possédé par des Américains ». Ce faisant, elle n’a fait qu’inscrire ses pas dans ceux de son mentor, le président Joe Biden. Du côté républicain, Donald Trump a aussi confirmé qu’il bloquerait ce rachat dès son arrivée au pouvoir.

La sidérurgie, comme les compagnies aériennes, a longtemps été considérée comme un instrument essentiel de souveraineté par les pays. La puissance d’une nation se mesurait à la hauteur et au nombre de ses hauts-fourneaux. US Steel est depuis un siècle au cœur de l’aventure capitaliste américaine. Mais comme ce fut le cas en Europe, la production d’acier s’est banalisée avec l’ouverture des marchés et la montée en puissance des grands clients tels que l’automobile et la construction. De restructuration en restructuration, US Steel est devenu un acteur marginal sur le plan mondial et troisième aux Etats-Unis.

Syndicat influent

Nippon Steel promet d’investir 2,7 milliards de dollars (2,4 milliards d’euros) pour moderniser l’entreprise. Mais cela ne suffit pas au syndicat United Steelworkers (USW), qui représente 11 000 employés d’US Steel (sur 83 000). Il craint des licenciements dans les bastions traditionnels et s’est ouvertement prononcé pour l’acquisition par le concurrent de l’Ohio, Cleveland-Cliffs. USW, qui s’est diversifié dans l’enseignement et la santé, est très influent. Son président, David McCall, est un soutien et ami de Joe Biden. Et la Pennsylvanie, un Etat-clé pour la prochaine élection.

Pour le symbole industriel et les calculs électoraux, il faut donc s’opposer à l’offensive nippone. Quitte à se fâcher avec son principal allié en Asie et au risque de faire grimper les prix à coups de barrières tarifaires, ce qui pénalisera le reste de l’économie. Le Wall Street Journal a attribué à cette opposition la palme de « l’idée économique la plus stupide de la campagne présidentielle ».

En France, à l’époque de l’OPA de l’indien Mittal sur Arcelor en 2006, on parlait de « grammaire des affaires » pour fustiger l’opération. La bataille de l’acier a changé de vocabulaire, mais pas de sensibilité politique.

Le collectif Vignobles Gabriel & Co assure la défense de vignerons bordelais face aux puissants négociants

Jean-François Réaud, vigneron et président-fondateur du collectif Vignobles Gabriel & Co, à Saint-Aubin-de-Blaye (Gironde), le 3 mars 2021.

Ils ont choisi de se regrouper pour mieux se défendre. Avant même que la crise des ventes de vin ne frappe le Bordelais, ils avaient dressé leurs cuvées en ordre de bataille. Et, aujourd’hui, il y a comme un parfum de victoire, avec une douzaine de références sélectionnées pour les foires aux vins d’automne. Eux, ce sont les Vignobles Gabriel & Co, un nom qui réunit une trentaine de vignerons bordelais sur la rive droite de la Garonne. Grâce à cette structure atypique, ce collectif à la croisée du négoce, de la coopération et de la viticulture indépendante écoule environ 6 millions de bouteilles chaque année, à prix sages (7 euros en moyenne).

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Vins : la coopération, un bien commun

« Ce modèle hybride permet de mutualiser idées et moyens techniques, de valoriser l’identité de chaque vigneron, de bâtir une force commerciale, et aussi de favoriser un engagement éthique et environnemental », assure Jean-François Réaud, 63 ans, président et fondateur de cette entreprise. Le modèle est vertueux : les deux tiers des producteurs travaillent désormais en agriculture biologique et les bouteilles affichent toutes le logo Fair for Life, un label attribué par Ecocert, attestant de pratiques commercialement équitables.

Certes, Jean-François Réaud, lui-même vigneron propriétaire des Châteaux Le Grand Moulin, Les Aubiers et Haut Sociondo, dans l’appellation blaye-côtes-de-bordeaux, ne nie pas le contexte maussade du marché bordelais, soit une baisse de 7,1 % des ventes depuis un an dans le pays. Mais le créateur de Vignobles Gabriel & Co veut croire aux atouts de son projet, qui a grandi en marge de la « place de Bordeaux », le système de négoce qui régit la mise en marché de plus de 70 % des vins de la région.

L’histoire du collectif est d’abord la sienne. Quand, au début des années 1980, il récupère la ferme familiale du Grand Moulin, dans le nord de la Gironde, avec ses 7 hectares de vignes subsistantes, il veut s’affranchir du système consensuel du négoce girondin. « Je trouvais que ce modèle nous privait du ressenti du consommateur », justifie Jean-François Réaud. Mais le jeune vigneron a beau s’échiner à faire connaître lui-même ses vins, ses ventes patinent. « La banque menaçait de me lâcher, il me fallait trouver un marché de gros volume. »

Du bricolage à la maîtrise

Plutôt que de vendre en vrac au négoce, il tente alors de pénétrer la grande distribution : « Un acheteur de chez Carrefour, qui aimait bien mon vin, m’a fait comprendre que si je voulais contourner la “place de Bordeaux”, il fallait que je devienne moi-même négociant pour sécuriser une qualité et un volume constants. »

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Radio France : la « déloyauté répétée » de Guillaume Meurice lui vaut son licenciement

Guillaume Meurice à Paris le 13 mars 2024.

Si la présidence de Radio France comptait sur les suites agitées du scrutin européen de dimanche pour détourner l’attention et mettre une sourdine sur le chambard du licenciement de Guillaume Meurice, elle n’aura pas tout à fait réussi. Révélée par l’humoriste lui-même, mardi 11 juin en fin de matinée, cette annonce est au contraire venue ajouter au climat fébrile provoqué par la dissolution de l’Assemblée nationale décrétée par Emmanuel Macron dimanche 9 juin.

La « fin du faux suspense », tel que Guillaume Meurice qualifiait lui-même le clair-obscur qui entourait l’attente de cette décision, a pris la forme d’un e-mail, reçu mardi, doublé d’une lettre recommandée avec accusé de réception lui indiquant la « rupture anticipée de [son] contrat pour faute grave ».

Après avoir reçu un avertissement, début novembre, pour avoir comparé le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, à une « sorte de nazi, mais sans prépuce », M. Meurice avait été convoqué à un entretien préalable à une sanction disciplinaire, puis à une commission de discipline après avoir répété cette formule sur l’antenne de France Inter le 28 avril. Il se félicitait alors que la justice ait prononcé, quelques jours plus tôt, un classement sans suite des plaintes déposées contre lui pour « provocation à la violence et à la haine antisémite » et « injures publiques à caractère antisémite ».

Des démissions par solidarité

Ce faisant, explique Sibyle Veil, directrice de Radio France, dans un courrier envoyé aux salariés de Radio France : « Il ne nous a pas laissé d’autre choix que de tirer les conséquences de son obstination et de sa déloyauté répétée. » « Ni la liberté d’expression ni l’humour n’ont jamais été menacés à Radio France », insiste-t-elle, reprochant au chroniqueur du « Grand Dimanche soir » d’avoir mis en doute « l’indépendance et l’impartialité de notre travail. Au mépris de l’intérêt du collectif, il a nourri les arguments les plus infondés de nos détracteurs. »

Par solidarité envers leur collègue et ami, l’humoriste Aymeric Lompret, la chansonnière Giedré et la linguiste Laëlia Véron ont rapidement annoncé sur X mettre un terme à leurs interventions sur France Inter, rejoignant ainsi le comique Djamil Le Schlag, démissionnaire dès le 5 mai.

« Quel choix faites-vous là ? », a demandé à Sibyle Veil le syndicat SUD, estimant qu’« alors que l’extrême droite est aux portes du pouvoir (…),  [votre] décision fragilise considérablement l’ensemble de notre entreprise ». La Société des producteurices de France Inter, présidée par Charline Vanhoenacker, a employé des mots quasi identiques pour dire « [sa] consternation et son désaccord » envers cette sanction : « Notre inquiétude et notre incompréhension sont immenses au moment où l’extrême droite est aux portes du pouvoir, et l’avenir de Radio France plus incertain que jamais », a-t-elle écrit dans un communiqué.

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Législatives 2024 : l’hôtellerie-restauration, au cœur de l’enjeu de l’immigration

C’est la grande gueule du restaurant Les Philosophes qui accueille les clients de sa voix énergique d’ancien comédien de théâtre. En chemise blanche, veston et tablier, plateau rond sous le bras, Khaled, Algérien de 47 ans, virevolte entre les tables de cette brasserie parisienne du quartier du Marais, dans le 4e arrondissement. « Profitez bien de moi, car, avec ce qui se passe, bientôt je ne serai plus là ! Vous m’escorterez jusqu’à l’aéroport Charles-de-Gaulle ! », lance-t-il, gouailleur, à une cliente attablée en terrasse. En fond sonore, un musicien de rue joue Les Champs-Elysées à la clarinette.

Arrivé sans papiers en France en 2000, Khaled a d’abord travaillé « au black » sur les marchés parisiens, puis comme préparateur de palettes chez un producteur de fruits et légumes des Yvelines. Il a tenté d’obtenir, en vain, un titre de séjour, jusqu’à recevoir une obligation de quitter le territoire en 2005. Il est resté et doit sa régularisation à son mariage avec une Française, avec qui il a eu deux filles. Il travaille dans la restauration depuis sept ans. « Ici, on peut sortir 700 couverts par jour, c’est physique. On doit gérer des gens stressés, des gens qui font la queue. Faut être solide. Peu de Français veulent faire ces métiers ! », commente-t-il.

De fait, au restaurant Les Philosophes, des Français, comme le dit le patron Xavier Denamur, il n’y en a presque pas. Pour préparer les cuisses de canard confites ou servir le filet de bœuf d’Aubrac, toute la planète est de la partie : on croise des Sri-Lankais, un Erythréen, un Russo-Ukrainien, un Angolais, un Belge, un Cap-Verdien, un Sénégalais… « Quand je passe une annonce pour recruter, il n’y a que des immigrés qui postulent. Ce sont des boulots où il faut accepter de travailler les week-ends, les soirs jusqu’à tard. A Paris, sans les étrangers, les restaurants, ils ne tournent pas ! », lance Xavier Denamur.

Dans la cuisine du restaurant Les Philosophes, Sri-Lankais, Cap-Verdien, Belge... travaillent ensemble. A Paris, dans le quartier du Marais, le 27 juin 2024.
Xavier Denamur, dans l'un de ses restaurants, dans le quartier du Marais, à Paris, le 1er juillet 2024.

« On a besoin de l’immigration ! »

En Ile-de-France, en particulier, ce secteur est très dépendant de la main-d’œuvre immigrée : 40 % des employés de l’hôtellerie et de la restauration sont étrangers et 50 % des cuisiniers, selon l’Insee. Sur l’ensemble de la France, ils représentent respectivement 19,3 % et 22 % de ces métiers, selon la Dares.

Que deviendrait ce secteur en cas de durcissement de la politique migratoire, élément-clé du programme du Rassemblement national (RN) ? La suppression du droit du sol, la restriction du regroupement familial, la suspension des régularisations des étrangers en situation irrégulière, comme évoqué par Jordan Bardella dans la présentation de son programme, auraient des conséquences majeures – comme sur tous les secteurs qui emploient de nombreux étrangers, tels le bâtiment ou le nettoyage. Selon la Dares et l’Insee, ils représentent ainsi 27 % des ouvriers non qualifiés du BTP en France – et même 60 % en Ile-de-France – et 38,8 % des employés de maison (61,4 % en Ile-de-France).

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L’union anticasse des Duralex

Le modèle Picardie à la sortie du four, dans l’usine Duralex, à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), le 28 août 2024.

Le directeur général de Duralex, François Marciano, 59 ans, physique massif et débonnaire, a une drôle de manie. En pleine discussion, il balance son verre par terre. Avant de lâcher, dans un grand éclat de rire : « C’est pour vous prouver qu’il est incassable. » Le verre, un Duralex évidemment, reste intact. Mais c’est l’entreprise entière qui a failli finir en miettes. Il a fallu une union sacrée entre ouvriers et direction, collectivités locales de bords politiques opposés, Etat et banques pour sauver in extremis ce fleuron industriel français employant deux cent vingt-huit salariés et placé en redressement judiciaire fin avril.

Ensemble, ils ont imaginé sa transformation en société coopérative ouvrière de production (SCOP) ; les salariés sont, depuis le 1er août, les actionnaires majoritaires de leur entreprise. Le 2 septembre, c’est en leur nom que François Marciano, ancien et nouveau directeur, a présenté son projet pour la marque, en s’affichant notamment au côté de Guillaume Gibault, patron du Slip français, lors d’une opération de promotion du « made in France ».

Inventeur du verre trempé, obtenu par un chaud-froid brutal appliqué à la pâte, Saint-Gobain dépose le nom Duralex en 1945, inspiré par la devise latine Dura lex, sed lex (« la loi est dure, mais c’est la loi »), pour vanter, déjà, la solidité de sa vaisselle. Verres, gobelets et assiettes sont produits dans une verrerie installée à La Chapelle-Saint-Mesmin, dans la banlieue d’Orléans (Loiret). Le succès est fulgurant : le gobelet Gigogne (1946) puis le Picardie (1954)
s’invitent sur les tables et envahissent les cantines. Entre le poisson pané et la purée, des générations d’écoliers se lancent « T’as quel âge ? » en scrutant le fond de leur verre, rajeunissant ou vieillissant selon le chiffre inscrit. En réalité, le numéro du moule dont chaque verre est issu.

Francois Marciano, le directeur general de Duralex, à l’entrée de son bureau de La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), le 28 août 2024.

La marque devient emblématique. Les verres s’exportent dans le monde entier. Aujourd’hui encore, les ventes à l’étranger représentent plus de 80 % du chiffre d’affaires. Mais, dès les années 1990, la concurrence chinoise et la succession de repreneurs aux gestions hasardeuses, voire frauduleuses – Sinan Solmaz, éphémère propriétaire (2005-2008), a été condamné pour abus de biens sociaux et banqueroute par détournement ou dissimulation pour être parti avec la caisse –, menacent régulièrement l’usine. Le dernier en date (depuis 2021), La Maison française du verre, qui détient aussi Pyrex, a justifié devoir jeter l’éponge en arguant de l’envolée des prix de l’énergie.

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