Trois candidats pour reprendre Phildar

Le tribunal de commerce de Lille Métropole a examiné, mardi 8 septembre, les trois offres de reprise de Phildar présentées par PP Yarns, Mondial Tissus, et Kindy. L’enseigne de fil à tricoter nordiste a été placée en redressement judiciaire en juillet. Car la crise du Covid-19 a accéléré la chute de cette marque septuagénaire à l’origine de l’empire Mulliez (Auchan, Boulanger, Leroy Merlin…). Le quatrième candidat, une filiale de Krief Consulting (groupe de conseil et de prise de participation en « business développement »), s’est retiré quelques jours avant l’audience.

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Même si ces trois dernières années, les actionnaires de l’AFM (Association familiale Mulliez) ont remis près de 7,5 millions d’euros pour maintenir à flot l’entreprise qui compte encore 211 salariés, dont 131 dans les 115 magasins, aucune stratégie n’a été mise en place pour sauver l’entreprise. Du moins, pas assez rapidement pour sauver Phildar.

Un nouveau directeur général a, en effet, été nommé en décembre 2019. Eric Vandendriessche devait présenter son plan de redressement le 19 mars, mais l’épidémie due au coronavirus l’a contraint à reporter. C’est finalement devant le tribunal de commerce sis à Tourcoing, mardi, que M. Vandendriessche a présenté son plan, devenu offre de reprise. Représentant la société PP Yarns (PP, pour Phildar Pingouin, et Yarns, pour « fils textiles » en anglais), Eric Vandendriessche s’est associé à 24 autres actionnaires individuels, dont 20 membres de la galaxie Mulliez, pour proposer la reprise de 86 salariés, 8 succursales et 7 boutiques affiliées. PP Yarns souhaite abandonner le prêt-à-porter pour se recentrer sur l’offre de fils à tricoter, la laine et le savoir-faire de Phildar et Pingouin à travers une « web company ».

« Manipulation »

Cette offre, qui n’est pourtant pas celle qui propose de maintenir le plus d’emplois ni le plus de magasins, a reçu, lundi, un avis favorable à l’unanimité du comité social et économique (CSE, anciennement comité d’entreprise ou CE). « On a choisi nos dirigeants actuels car Eric Vandendriessche est fédérateur, et il a une stratégie pour l’avenir, expliquent Bernard Fovez, délégué CFDT Phildar, et Dominique Vanwildermeersch, secrétaire du CSE. D’ailleurs, on n’en veut pas à l’AFM. »

Difficile à comprendre pour les deux autres repreneurs potentiels. « Il y a un vrai problème de manipulation, avance Salih Halassi, PDG de Kindy. Comment se fait-il que le comité d’entreprise valorise l’offre de PP Yarns contre la nôtre alors qu’on propose de reprendre presque le double d’emplois ? » Kindy reprendrait 139 salariés et 27 magasins pour faire muter l’activité prêt-à-porter vers le homewear et le cocooning. Mondial Tissus garderait 93 salariés et 16 magasins et propose de reclasser les autres salariés dans les Mondial Tissus. Partenaire de Salih Halassi dans son offre de reprise de Phildar, Jérémie Nathan, ex-directeur général de Phildar, ajoute : « Notre offre a été commentée dans l’entreprise par le dirigeant actuel. Or, on ne peut pas être juge et partie. »

Dans le cadre de l’urgence sanitaire, une ordonnance d’Emmanuel Macron du 20 mai facilite pourtant les reprises des entreprises par leurs propriétaires. Ce n’était possible auparavant qu’à condition d’avoir reçu une autorisation préalable du parquet. « Cette ordonnance est un vrai problème qui change les règles du jeu, puisque, aujourd’hui, on peut organiser sa propre reprise, son propre défaut de paiement et mettre en jeu l’avenir des fournisseurs », estime Salih Halassi.

Le tribunal a mis l’affaire en délibéré au 22 septembre.

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Salaires 2021 : « Une rupture qui n’épargnera quasiment personne »

Carnet de bureau. En 2021, le niveau des salaires bénéficiera-t-il du plan de relance ? Rien ne permet de le dire aujourd’hui. Pourtant, il en aurait eu bien besoin. L’étude annuelle du cabinet de conseils Deloitte annonce une rupture qui n’épargnera quasiment personne. C’est la première fois depuis plusieurs années que la hausse du budget prévu par les entreprises pour augmenter les salaires est inférieure à 2 %. Les non-cadres (ouvriers, employés, techniciens, agents de maîtrise) devraient au mieux profiter d’une hausse de 1,5 %, et les cadres de 1,7 %, contre 2,1 % pour les deux catégories en 2020.

Les 300 entreprises qui se sont exprimées sur leurs prévisions budgétaires représentent plus d’un million de salariés. « Elles ont été interrogées au cours du premier trimestre 2020. La réalité de 2021 ne pourra être que moins-disante », analyse Franck Chéron, associé capital humain chez Deloitte.

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En effet, selon trois scénarios construits par le cabinet de conseils sur la base des prévisions macroéconomiques de l’Insee et de la Banque de France (inflation, croissance du PIB, taux de chômage), les hausses devraient plutôt s’inscrire entre 0,3 et 1 % pour les non-cadres, et entre 0,5 et 1,1 % pour les cadres. Pas de quoi soutenir la consommation et accompagner la relance. Le contexte a profondément changé depuis le début de l’année : « Tandis que les entreprises envisageaient alors un retour à la normale dans un délai de six mois, on ne l’attend pas avant 2023 », indique-t-il.

Les non-cadres devraient au mieux profiter d’une hausse de 1,5 %, et les cadres de 1,7 %, contre 2,1 % pour les deux catégories en 2020

Pour entrer plus en avant dans les détails : la part variable devrait subir une perte significative ne serait-ce qu’à cause de la non-tenue des objectifs et la baisse des performances des entreprises. « Avec une participation et un intéressement très faibles, 2021 devrait être une des plus mauvaises années sur l’épargne salariale », note M. Chéron. Les bonus des cadres devraient être sacrifiés, tout comme l’égalité salariale entre les femmes et les hommes. « En l’état actuel des choses, rien n’est prévu pour en réduire l’écart », affirme-t-il.

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Mais ce paysage recèle une grande diversité de situations. Les secteurs ont été inégalement impactés par la crise du Covid-19. Dans la fourchette haute des projections Deloitte pour les hausses de salaires 2021, s’inscrivent l’énergie, la grande consommation, l’industrie de la santé et la bancassurance, tandis que le BTP, les transports, les médias et les télécommunications joueront plutôt dans le scénario moins-disant.

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Qu’est-ce que la concurrence ?

« La Fabrique de la concurrence », « Regards croisés sur l’économie », La Découverte, 244 pages, 16 euros.

La revue. Maximisation du profit, réduction des prix à la consommation, incitation à l’innovation… si elle compte de nombreux mérites, la concurrence est aujourd’hui questionnée en son royaume : les marchés. Aux Etats-Unis et en Chine, les niveaux de concentration des grandes entreprises atteignent des sommets.

Au sein de l’Union européenne, le modèle de la concurrence libre et non faussée se heurte au défi du numérique, de l’internationalisation accrue et, comme l’a montré la crise sanitaire du Covid-19, pose la question de sa souveraineté. Alors que le cadre institutionnel de la concurrence marchande est en cause, économistes, sociologues et historiens renouvellent son analyse dans Fabrique de la concurrence, le n° 25 de Regards croisés sur l’économie.

La revue mobilise l’histoire de la pensée économique afin de montrer comment le concept de concurrence a évolué sous la plume d’économistes tels qu’Adam Smith, Edward Chamberlin, Walter Eucken ou Friedrich Hayek. Cette mise en perspective est complétée par un encadré sur la concurrence parfaite, afin de mieux mettre en lumière à quel point elle s’éloigne des visions habituelles, intuitives de la concurrence.

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Les économistes n’ayant pas le monopole de l’étude de la concurrence, le maître de conférences à l’université de Lille Fabien Eloire se penche sur ses définitions sociologiques, tandis que Laurent Warlouzet et Marie-Françoise Renard proposent un éclairage sur les politiques de la concurrence des autorités publiques. Laurent Warlouzet, professeur d’histoire à Paris-Sorbonne Université, s’intéresse au cas de la politique de concurrence en France depuis la seconde guerre mondiale, en dévoilant sa montée en puissance au cours du temps.

Les règles et le droit

Quant à Marie-Françoise Renard, responsable de l’Institut de recherche sur l’économie de la Chine (Idrec), elle montre comment les lois sur la concurrence en Chine ont évolué ces dernières décennies, à la fois pour assurer un meilleur fonctionnement des marchés mais aussi en soutien des objectifs industriels nationaux. Parce que la concurrence est aussi un objet d’enseignement, l’enseignant Erwan Lehoux analyse les réformes des programmes de sciences économiques et sociales, la place occupée par la concurrence, ainsi que les conséquences potentielles sur les représentations des élèves.

La revue s’intéresse également aux institutions de la concurrence, en mettant en évidence son articulation avec le droit, les outils sur lesquels elle s’appuie, la question de sa mesure et cela sur différents marchés.

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Coronavirus : le casse-tête de la prise en charge « des salariés dits vulnérables »

« Les personnes obèses ou diabétiques de moins de 65 ans ne peuvent plus depuis le 1er septembre demander le bénéfice du dispositif d’activité partielle. »

Droit social. Les règles exceptionnelles élaborées en réponse à la crise sanitaire due au Covid-19 débouchent parfois, de par leur mode d’élaboration et leur caractère temporaire, sur des situations ubuesques.

Tel est le cas des salariés dit « vulnérables », c’est-à-dire ceux qui sont susceptibles de développer une forme grave de Covid-19 et qui ne peuvent télétravailler. Ceux-ci ont, à partir de mars 2020, d’abord bénéficié du dispositif simplifié de prise en charge par l’assurance-maladie et le cas échéant d’un « maintien de salaire » complémentaire de l’employeur.

L’article 20-III de la loi du 25 avril 2020 a conduit, à partir du 1er mai, à ce que ces salariés soient indemnisés au titre du « chômage partiel ». Une partie de leur rémunération est alors prise en charge par l’Etat et par l’assurance-chômage.

Les règles de ce dispositif n’ont cessé de changer depuis lors.

Incertitudes

Le législateur avait annoncé un décret qui fixerait la date de fin de cette indemnisation. En même temps, la loi indiquait qu’en l’absence de publication d’un tel décret, et en tout état de cause, cette forme d’indemnisation prendrait fin le 31 décembre 2020. Il a, de ce fait, été créé une première incertitude : le décret annoncé pouvant intervenir à tout moment et mettre fin à la mesure de façon anticipée.

La situation s’est encore compliquée avec la publication de circulaires successives sur l’activité partielle, dites « questions-réponses », qui à plusieurs reprises ont annoncé une date anticipée de fin du dispositif d’activité partielle pour cette catégorie de salariés. A la question 17 d’une version du 21 juillet 2020, le ministère annonçait une fin du dispositif hors Mayotte et Guyane, au 31 juillet 2020.

Trois jours plus tard (!), le même document révisé mentionnait la date du 31 août 2020. Puis, dans une version diffusée le 27 juillet 2020, le document ne précisait plus rien. Toutefois, l’échéance du 31 août se trouvait encore à la page 4 d’un autre texte ministériel daté du 3 août 2020, intitulé « Protocole national de déconfinement pour les entreprises pour assurer la sécurité des salariés ». La confusion aura duré tout l’été.

Le décret n° 2020-1098 du 30 août a finalement abandonné une réduction de la durée d’application du dispositif. On en revient, sous l’effet de l’augmentation des infections et pour l’instant, au 31 décembre !

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La longue marche des salariés pour un retour sur leurs lieux de travail

Dans des bureaux au Japon.

La reprise a été difficile pour Adrien. En ce début septembre, sa première journée de travail a confirmé ses craintes. « On nous avait dit de bien nous reposer durant les vacances car la fin d’année devait être intense, explique ce manager d’une entreprise de conseils. C’est le cas, le travail a afflué dès les premières heures. L’entreprise espère rattraper dans les prochains mois une partie de l’activité perdue lors du confinement. On nous a d’ailleurs conseillé de ne pas prendre plus de deux jours de congé pour la Toussaint ».

Le scénario est similaire dans cette autre société de services : « Nous avons incité nos collaborateurs à prendre au moins trois semaines de congé cet été afin qu’ils soient pleinement disponibles à la rentrée », explique Pierre (son prénom a été modifié), son DRH.

Des salariés « pleinement disponibles » ? Les spécialistes de la santé au travail en doutent. « Tout le monde est parti en congé en se demandant comment se dérouleraient la rentrée et les mois suivants, tant d’un point de vue personnel, pour l’école des enfants par exemple, que d’un point de vue professionnel », souligne Valérie Langevin, psychologue du travail et experte d’assistance-conseil à l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Une charge psychologique liée aux craintes sur l’avenir qui peut se doubler, chez certains salariés, d’un « épuisement psychique et physique » dû à la période du confinement, poursuit-elle.

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Jugeant le corps salarial fragilisé, les professionnels de santé observent aujourd’hui avec attention la volonté de certaines entreprises d’intensifier leur activité. Ils y voient un facteur de risques psychosociaux majeur. « Un de plus », soupire un médecin. La « longue marche » qui s’engage pour de nombreux salariés retournant au travail se déroule en effet dans un contexte anxiogène, où les sources de stress sont nombreuses et les questionnements sur les situations sanitaire et économique omniprésents. « Nous sommes actuellement dans un monde d’incertitudes que certaines personnalités ont beaucoup de mal à gérer », confirme Céline Roux, déléguée générale de la fédération francilienne des Services de santé au travail interentreprises.

Le mal-être au travail

Le retour au travail après plusieurs mois de télétravail peut être également une source d’angoisse. « Il peut y avoir chez certains collaborateurs la manifestation de peurs phobiques, notamment au moment de reprendre les transports en commun », constate Laurence Breton-Kueny, vice-présidente de l’Association nationale des DRH. Olivier Coldefy, psychologue expert, confirme : « Certains sont en situation d’hypervigilance lors de leurs déplacements et sont déjà en tension lorsqu’ils arrivent au travail. »

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Bio c’Bon placée en redressement judiciaire et en passe d’être rachetée

L’enseigne française de distribution spécialisée Bio c’Bon, en difficulté financière et qui intéresse plusieurs acteurs du secteur, a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris, a annoncé le groupe mardi 8 septembre.

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« Cette décision s’inscrit dans le cadre du processus de cession concurrentielle qui a été initié durant l’été », explique l’enseigne, qui avait déjà reçu des marques d’intérêt de cinq groupes à la fin du mois d’août. Le placement en redressement judiciaire va « permettre aux différents acteurs qui avaient manifesté un intérêt pour notre enseigne de remettre une offre de reprise formelle ».

Le groupe possède 158 magasins en propre

Fondé en 2008 par Thierry Brissaud, Bio c’Bon emploie 1 500 personnes et possède 158 magasins en propre. Troisième distributeur spécialisé en France en termes de parts de marché derrière Biocoop et Naturalia, il est le seul à s’être implanté à l’étranger avec près de 40 points de vente en Italie, Espagne, Suisse, Belgique et Japon.

Le président de Bio c’Bon, Thierry Chouraqui, s’est dit « positif » en ce qui concerne l’avenir de l’entreprise « car les multiples marques d’intérêt qui se sont manifestées semblent rassurantes ». « Et nous sommes confiants [sur le fait] que l’option retenue sera celle qui permettra d’assurer le plus durablement les emplois du groupe », a-t-il plaidé.

Le groupe familial Zouari, actionnaire de référence de l’enseigne de surgelés Picard et l’un des principaux franchisés de Casino, a déjà manifesté son intérêt. Carrefour, Casino et les enseignes spécialisées Biocoop et La Vie claire seraient aussi intéressés, selon Le Figaro.

Le Monde avec AFP

Une filiale de Safran visée par une action de groupe dans une affaire de discrimination syndicale

L’usine Safran de Colomiers (Haute-Garonne), en mai 2018.

Une étape cruciale va peut-être être franchie pour améliorer le sort des élus du personnel. Mardi 8 septembre, le tribunal judiciaire (TJ) de Paris devait se pencher sur un recours de la CGT contre Safran Aircraft Engines dans une affaire de discrimination syndicale. Il s’agit de la première audience connue, sur des faits d’une telle nature, dans le cadre d’une procédure récemment mise en place : l’action de groupe. Elle va être suivie de très près par les organisations de salariés comme par le patronat.

Le contentieux examiné mardi concerne 36 personnes, adhérentes à la CGT, qui travaillent – ou ont travaillé – chez Safran Aircraft Engines, un gros fabricant de moteurs pour avions et satellites. L’industriel se voit reprocher d’avoir malmené ces salariés de diverses manières : carrières entravées, évolutions de la rémunération moins favorables que d’autres membres du personnel ayant un profil équivalent, vexations infligées par la hiérarchie…

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En mai 2017, la fédération CGT de la métallurgie avait décidé de passer à l’offensive en engageant une action de groupe. Déjà en vigueur dans le champ de la consommation depuis 2014, ce dispositif avait été étendu, entre autres, aux victimes de discriminations dans le monde du travail, grâce à la loi relative à « la modernisation de la justice du XXIsiècle » de novembre 2016. Le texte offre la possibilité à un syndicat d’assigner devant le juge judiciaire une entreprise, quand celle-ci est accusée de traitements inéquitables à l’égard d’au moins deux de ses salariés.

Durant la procédure, qui s’inspire de règles ayant cours aux Etats-Unis tout en s’en démarquant très nettement, le tribunal peut ordonner à une entreprise de mettre fin aux pratiques fautives et de compenser le préjudice. Il a également la faculté de définir le groupe d’individus ayant subi des discriminations sans que le nom de toutes les victimes figure dans l’assignation initiale. Ces dernières sont alors en mesure de réclamer, dans un deuxième temps, un dédommagement, même si elles n’apparaissaient pas dans la démarche de départ.

Différentiels de rémunération

Dans le litige impliquant Safran Aircraft Engines, il y a également la CGT, à son échelon confédéral, qui est « intervenante volontaire ». S’y ajoute un autre protagoniste, saisi par la CGT-Métallurgie dans le cadre de l’action de groupe : le Défenseur des droits. En mai 2019, cette institution, alors pilotée par Jacques Toubon, avait rendu une « décision » qui concluait à l’existence d’une discrimination syndicale « collective et systémique » chez le motoriste.

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Au premier semestre, la France a détruit 715 000 emplois sous l’effet de la crise sanitaire

Le siège de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), à Montrouge (Hauts-de-Seine), près de Paris, en juin 2019.

L’épidémie de Covid-19 a entraîné la perte de 715 000 emplois en France au premier semestre 2020, soit un recul de 2,3 % en glissement annuel, à mettre en regard d’une baisse du produit intérieur brut (PIB) de 18,9 % sur la même période, selon les chiffres définitifs publiés par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), mardi 8 septembre. Un fort décalage qui s’explique par les mesures d’urgence prises dès le début de la crise sanitaire pour protéger les salariés, à commencer par le chômage partiel.

L’Insee a par ailleurs confirmé sa prévision d’un plongeon de 9 % du PIB sur l’ensemble de l’année 2020, malgré les espoirs d’une reprise plus rapide que prévu. « Certes, le recul du PIB au deuxième trimestre a été moins marqué qu’anticipé initialement, mais l’incertitude sanitaire tend à croître de nouveau et nous conduit à tempérer le rythme prévu pour la poursuite de la reprise », expliquent les statisticiens nationaux.

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Dans ce contexte, l’emploi salarié devrait rester quasi stable au second semestre, le nombre d’emplois perdus à la fin de l’année avoisinant 720 000. «Certes, il y a des destructions d’emplois qui vont se poursuivre dans des secteurs particulièrement touchés par la crise : le matériel de transport, l’hébergement-restauration, l’événementiel… Mais on s’attend à un rebond des créations dans d’autres secteurs qui ont retrouvé une activité quasi normale », explique Julien Pouget, directeur de la prévision à l’Insee. L’institut souligne d’ailleurs la nette reprise de l’intérim au deuxième trimestre : + 23 % par rapport au trimestre précédent (soit + 108 100 emplois), après une chute inédite de 40,4 % au premier trimestre.

Forte dégradation de la qualité des emplois existants

En revanche, le chômage, après une diminution en trompe-l’œil (un grand nombre de personnes ont renoncé à chercher un emploi pendant le confirnement et la période estivale), pourrait flamber. A la fin 2020, il toucherait environ 9,5% de la population active, soit 1,4 point de plus qu’un an plus tôt.

Le bouclier du chômage partiel va perdre de son efficacité à partir du 1er octobre, quand la mesure va devenir plus coûteuse pour les entreprises et les salariés

En effet, le dynamisme de l’activité enregistré après le déconfinement marque aujourd’hui le pas. L’Insee a révisé à la baisse sa prévision de croissance au troisième trimestre, à 17 %. Dans les derniers mois de l’année, les défaillances d’entreprise, jusqu’à présent contenues, vont s’accélérer, et les plans sociaux annoncés dans les secteurs particulièrement sinistrés comme l’aéronautique vont commencer à produire leurs effets. De plus, le bouclier du chômage partiel va perdre de son efficacité à partir du 1er octobre, quand la mesure va devenir plus coûteuse pour les entreprises et les salariés, la prise en charge par l’Etat passant de 84 % à 72 % du salaire brut.

« Cela se traduira par un ajustement sur le marché du travail car l’équilibre qui avait été mis en place pendant et après la période de confinement va être modifié », relève Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Ostrum AM. Selon la Dares (la direction des études du ministère du travail), cette activité partielle concernait encore 2,4 millions de salariés en juillet, soit un peu moins de 15 % des salariés du privé.

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Cette disparition massive d’emplois en France s’accompagne d’une forte dégradation de la qualité des emplois existants. D’après l’économiste Hippolyte d’Albis, professeur à PSE (Ecole d’économie de Paris) et directeur de recherches au CNRS, la part du « sous-emploi » dans l’emploi , qui oscille habituellement autour de 6 %, a atteint 20 % au deuxième trimestre, « un niveau jamais enregistré par l’Insee ». « Si l’on additionne les chômeurs toutes catégories et les personnes en sous-emploi, on atteint 11,15 millions de personnes au deuxième trimestre, soit 37,4 % de la population active estimée en 2018 », calcule-t-il.

La question de la formation, clé de la reprise

Dans ces conditions, le plan de relance de 100 milliards d’euros du gouvernement, dont l’un des objectifs prioritaires est de « lutter contre le chômage », va-t-il permettre d’inverser la tendance ? « J’espère que le plan de relance en 2021 créera 160 000 emplois. C’est notre objectif », a déclaré le premier ministre, Jean Castex, le 3 septembre. Un chiffre qui n’est « pas délirant », à en croire Mathieu Plane, de l’Observatoire français des conjonctures économiques. « Selon Bercy, 30 % du plan devrait être mis en œuvre en 2020, soit environ 30 milliards d’euros, ce qui représente une impulsion budgétaire de l’ordre de 1,2 point de PIB », analyse-t-il. « On peut donc avoir 160 000 créations d’emplois en face. » Pas de quoi toutefois renverser la vapeur sur le marché du travail. Mais, comme le notent les économistes, « France Relance » n’est pas un plan de court terme. Il est plutôt conçu pour relancer la compétitivité économique et produira des effets à moyen ou long terme.

« S’il est à mon sens calibré de manière à répondre à la crise, le plan de relance doit encore être mis en œuvre », fait valoir Gilbert Cette, professeur d’économie à l’université d’Aix-Marseille, ce qui représente un « véritable défi ». « Si l’on prend par exemple le sujet de la rénovation énergétique, avant de lancer effectivement les chantiers, il va falloir former les gens, leur donner les qualifications nécessaires, certifier les entreprises…Il faudra également examiner les projets de rénovation sur le fond. Tout cela ne se fera pas d’un claquement de doigt. Cela va nécessiter de la réactivité et beaucoup d’agilité, et les effets sur l’emploi du plan de relance viendront seulement après ». « Le gouvernement vise à créer des emplois non délocalisables, mais il risque de buter sur la rareté des compétences », renchérit Philippe Waechter.

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En conséquence, la question de la formation sera l’une des clés de la reprise du marché de l’emploi. Elle n’est d’ailleurs pas oubliée dans le plan, qui consacre au total une quinzaine de milliards d’euros à l’emploi des jeunes et à la formation professionnelle. Le projet prévoit notamment un milliard d’euros pour accompagner la reconversion des salariés des secteurs les plus sinistrés, comme l’aéronautique. « Il s’agit d’un effort massif », reconnaît Hippolyte d’Albis. « Mais il faut rappeler que la formation, ce n’est pas qu’un problème de moyens. Il faut avoir des formateurs, et des formateurs de qualité. C’est quelque chose qui se construit, et sur le long terme. » L’appareil de formation va devoir faire la preuve de son efficacité pour s’adapter aux évolutions du marché du travail et aux nouveaux besoins.

Après l’arrêt du Covid-19, les offres d’emploi reviennent doucement

« Malgré la timide reprise amorcée à la fin du deuxième trimestre, les entreprises sont encore secouées par la crise sanitaire et ses conséquences économiques. »

Le chiffre vient s’ajouter à la longue liste des indicateurs qui éloignent un peu plus la perspective d’un retour à la normale. Selon une étude publiée par Pôle emploi mi-août, le nombre d’offres d’emploi diffusées par l’opérateur public en juin était inférieur de 15 % à son niveau du février : 1,4 million d’offres ont ainsi été diffusées au deuxième trimestre contre 2,1 millions au premier (un total qui approchait celui du dernier trimestre 2019, malgré les deux semaines de confinement de mars), soit des intentions d’embauches en retrait de 25,6 % d’un trimestre sur l’autre.

Les CDI, qui représentent deux tiers du total des annonces, étaient en recul de 19 % en juin par rapport à février (402 000 contre 494 000).

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Malgré la timide reprise amorcée à la fin du deuxième trimestre, les entreprises sont encore secouées par la crise sanitaire et ses conséquences économiques. Le total des offres ayant transité par Pôle emploi en juin (celles recueillies par l’opérateur public et celles de ses partenaires privés) est deux fois plus important que celui enregistré en avril, au plus fort de la crise. Mais le niveau du mois de janvier semble encore loin.

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Réduction drastique des CDD très courts

Au deuxième trimestre, les contrats très courts ont été en proportion les plus affectés par la baisse du volume d’offres. En juin, le nombre d’annonces concernant des CDD de moins d’un mois a ainsi diminué de moitié par rapport à février, passant de 10 000 à 5 000.

En revanche, les propositions de CDD de plus d’un mois voient leur nombre augmenter par rapport à février, d’environ 10 % (pour un total de 120 000 offres).

En ce qui concerne l’intérim et les contrats saisonniers, sur la même période, la baisse est de 17 %, mais elle s’applique sur une cohorte plus importante (141 000 offres en février, 117 000 en juin). Une chute spectaculaire due au fait que les secteurs fortement demandeurs de ce type de contrats (hôtellerie-restauration, tourisme, spectacles…) tournaient encore au ralenti en juin.

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Le secteur de la santé résiste

Si presque tous les secteurs ont été impactés par cette raréfaction des offres au 2e trimestre, tous ne l’ont pas été de la même manière. Ainsi, entre les premier et deuxième trimestres, la chute a été vertigineuse dans le secteur hôtellerie-restauration-tourisme (-54 %) et dans le spectacle (-46 %), tout comme dans la communication et les médias (-39 %) ou le commerce (-38 %)

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Covid-19 : « Le port du masque, comme préoccupation constante, parasite les ressources cognitives »

Tribune. Jeunes et moins jeunes, nous sommes tous amenés à porter un masque au travail et dans la salle de cours. Cela va avoir une répercussion sur notre efficience et notre efficacité professionnelle comme dans nos apprentissages. Pourquoi ? Ce n’est pas la gêne occasionnée par le masque lui-même qui est en jeu, même si la buée dans les lunettes, l’humidité récurrente, l’impression de manquer d’air ne nous facilitent pas la tâche.

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La cause de la baisse d’efficacité réside dans ce rappel permanent de la pandémie que provoque le port du masque et du fait de cette emprise sur notre mental, son impact sur notre capacité d’« autocontrôle ». Or, quand notre autocontrôle faiblit, nous sommes moins vigilants, moins capables de raisonner. Nos facultés intellectuelles sont amoindries, nos capacités à décider sont moins solides. Et toutes ces aptitudes sont des ingrédients de la performance qu’elle soit professionnelle ou d’apprentissage.

Une préoccupation constante

Quel est le processus à l’œuvre ? Notre cerveau n’est pas capable de gérer beaucoup d’informations à la fois. Contrairement à ce qu’on aimerait croire, nous ne sommes pas multitâches, et nos ressources mentales loin d’être illimitées. Une préoccupation constante nous encombre et affaiblit nos ressources cognitives.

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C’est ce qu’on appelle l’« épuisement du moi ». De nombreuses expériences l’ont montré. J’en retiens deux. La première est celle conduite par Vohs et Faber en 2007 auprès d’un public d’étudiants. Ces étudiants doivent remplir des questionnaires. Les expérimentateurs séparent la cohorte en deux groupes et demandent au premier groupe de ne surtout pas penser à des ours blancs, alors qu’on laisse le premier groupe y penser librement. Instruction est même donnée au premier groupe de faire une croix sur leurs papiers chaque fois qu’ils penseront à un ours blanc !

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A l’issue de cette expérience, on remet à l’ensemble des étudiants une petite somme (10 $) qu’ils peuvent garder ou avec laquelle ils peuvent acheter des bonbons, des snacks, des fruits, des cartes à jouer… Les analyses montrent que le groupe s’étant battu contre la pensée d’un ours blanc dépense beaucoup plus que l’autre groupe, préférant des aliments peu diététiques (un gâteau au chocolat plutôt qu’un fruit), abandonnant toute vigilance alimentaire. La préoccupation de « ne pas penser aux ours blancs » réduit leur capacité d’autocontrôle.

Plus influençables et moins de discernement

L’autre expérimentation menée par Baba Shiv et Alexander Fedorikhin consiste à demander à un groupe d’étudiants de mémoriser un nombre à deux chiffres pour aller le reporter sur un document à l’autre bout d’un grand bâtiment. Il est demandé la même chose à un autre groupe, mais le nombre a alors 7 chiffres. Les expérimentateurs disposent sur le chemin que doivent parcourir l’ensemble des étudiants, un stand de nourriture où ils peuvent se servir librement. Les étudiants qui doivent mémoriser les 7 chiffres choisissent massivement des aliments sucrés et gras, contrairement à ceux à 2 chiffres. L’explication est la même : la charge mentale de la mémorisation pèse sur leurs ressources cognitives, laissant libre cours à leurs pulsions gourmandes.

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