Bruxelles investi sur la reprise des Chantiers de l’Atlantique par l’italien Fincantieri

Bruxelles investi sur la reprise des Chantiers de l’Atlantique par l’italien Fincantieri

Sur les Chantiers de l’Atlantique, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), en novembre 2017.
Sur les Chantiers de l’Atlantique, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), en novembre 2017. JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

C’est un retour de plus dans l’histoire mouvementée des Chantiers de l’Atlantique. Après la déficience de STX, son ancien actionnaire coréen majoritaire, le chantier de Saint-Nazaire, nationalisé à l’été 2018, était promis à l’italien Fincantieri afin de créer un grand groupe naval européen. Mais Bruxelles y met son grain de sel.

La Commission européenne a avisé, mardi 8 janvier, le lancement d’une enquête sur ce projet de rachat en raison de ses craintes en matière de concurrence dans le secteur de la construction navale. Les deux groupes sont les seuls au monde, avec l’allemand Meyer Werft, à construire des bateaux de croisière.

Contrairement à la fusion Siemens-Alstom dans l’industrie ferroviaire, ce projet n’atteint pas le seuil de chiffre d’affaires au-delà duquel il doit être notifié à l’exécutif européen. La Commission s’est saisie du dossier à la demande de l’Autorité de la concurrence française, appuyée par son homologue allemande. Cette action est relativement rare, mais pas inédite. Fin 2017, six pays ont demandé à Bruxelles d’étudier le rachat de Shazam, l’application de reconnaissance musicale, par Apple. L’exécutif européen l’a validé en septembre 2018.

« Sur la base des éléments fournis par la France et l’Allemagne, et sans préjudice de l’issue de son enquête exhaustive, la Commission considère que l’opération pourrait nuire de manière significative à la concurrence en matière de construction navale, en particulier sur le marché mondial des bateaux de croisière », souligne l’exécutif européen dans un communiqué.

« Pas une mesure de réplique politique »

« Il s’agit d’une procédure tout à fait normale et instruite sans aucune intervention politique », prévient-on à l’Elysée. « Le gouvernement n’est pas à l’origine de cette procédure. Ce n’est donc pas une mesure de rétorsion politique, déclare-t-on au sommet de l’Etat, en référence aux récents commentaires de Matteo Salvini et Luigi Di Maio, les deux vice-premiers ministres italiens, en faveur des « gilets jaunes ».

Ces dénis de l’Elysée ne suffisent pas à écarter le soupçon, côté italien, de rétorsions. Matteo Salvini a déclaré sur Facebook qu’il s’agissait d’une « nouvelle démonstration du fait que l’Europe n’existe pas ou existe seulement à sens unique ». Le premier ministre, Giuseppe Conte, a, lui, fait part de sa « surprise ». Sur la Rai, il a plutôt cherché à se montrer confiant pour la suite : « Je trouverais étrange que des obstacles nous soient imposés. J’espère qu’il n’y en aura pas. »

 

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LJD

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