« La prise de parole des victimes oblige à repenser l’exercice du pouvoir »

Gouvernance. Le statut de victime a acquis une telle aura dans l’opinion des sociétés occidentales qu’il donne à ceux qui prennent la parole en son nom un puissant moyen de pression sur la gouvernance des institutions. Loin d’être purement moral, le phénomène est un produit de la « sociétalisation », cette nouvelle manière de réguler les conduites en les soumettant aux injonctions de la société civile.

Le mouvement #metoo est un bon exemple du mécanisme. Considérés longtemps comme une expression « normale » de la différence de statut symbolique et pratique entre les hommes et les femmes, les comportements sexistes ont été dénoncés comme des manifestations abusives de la violence masculine.

Une telle reformulation a été permise par ce que le philosophe américain John Dewey (1859-1952) a appelé la publicisation du sujet (Le Public et ses problèmes, 1927), c’est-à-dire par la prise de conscience par des femmes que les actes machistes dont elles étaient victimes dépassaient les vécus personnels et concernaient toute la société. Ils banalisent en effet des rapports de domination qui structurent une manière intolérable de vivre ensemble.

Une compétence exceptionnelle

Depuis une décennie et parallèlement à #metoo, des groupes de parole ont « publicisé » de nombreux sujets : harcèlements physiques et moraux, abus d’autorité, manipulations psychologiques, violences sexuelles ou conjugales, mépris des minorités et discriminations de toutes formes.

Selon une même démarche, des actes individuels sont rendus publics pour dénoncer le système institutionnel qui invisibilise les abus. La prise de parole à partir de cas privés n’a pas vocation de « rompre le silence », comme on le dit souvent, mais, au contraire, de mettre des mots communs sur des comportements qui étaient jusqu’alors inexprimés parce qu’ils étaient négligés.

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Fait politique nouveau, la publicisation renverse aussi la logique classique démontrée par René Girard (1923-2015) notamment (La Violence et le sacré, 1972), qui fait de la victime le bouc émissaire passif de la violence publique. Au contraire, elle procure aux victimes une compétence exceptionnelle qui les autorise à énoncer publiquement une parole d’autorité. D’où la multiplication de discours victimaires et l’extension toujours plus large du périmètre des victimes, incluant désormais celles du réchauffement climatique, des animaux menacés par la chute de la biodiversité, des forêts ou de la Terre elle-même, victime ultime de l’activité humaine.

Un climat trop instable

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Le manque de candidats aux concours de l’enseignement, une crise qui s’enracine

La question n’est pas de savoir s’il manquera des enseignants recrutés sur concours à la rentrée prochaine, mais combien. Les chiffres des inscriptions à la session 2023 ne laissent, en effet, pas de place au doute : en dépit des deux semaines de délai supplémentaires accordées aux candidats pour se manifester, le nombre de dossiers déposés n’est que très légèrement plus élevé qu’en 2022, où plus de 4 000 postes (20 %) n’ont pu être pourvus à l’issue des épreuves.

Dans le premier degré, ils sont 9 % de plus qu’en 2022 mais toujours 38 % de moins qu’en 2021. Dans le second degré, c’est 4 % de plus, mais il manque toujours 18,5 % d’inscrits par rapport à 2021. Un léger regain des inscriptions ne présage pas forcément d’une amélioration des candidatures effectives : les présents le jour des épreuves sont, habituellement, deux à trois fois moins que les inscrits. Leur nombre sera d’autant plus scruté cette année que, selon les précisions du ministère de l’éducation nationale au Monde, 20 % des inscriptions ont eu lieu lors des deux semaines de prolongation.

La crise aiguë de 2022, consécutive à la réforme exigeant un master 2 au lieu d’un master 1 pour passer les concours, n’était donc pas due à la seule année de mise en œuvre de la réforme et s’enracine dans la durée. « On voit depuis plusieurs années que la dégradation de l’attractivité du métier et des concours est une tendance lourde, et non un phénomène conjoncturel », estime le sociologue Pierre Périer, auteur d’un rapport sur le sujet, en 2016. Si la « première mastérisation » de 2011 a été à l’origine d’un effondrement des candidatures, l’érosion avait cependant commencé avant, dès 2004, et n’a jamais été rattrapée. Malgré la reprise des années 2013-2018, les candidats sont restés de 30 % à 40 % moins nombreux que dans les années 2000.

Lire aussi les témoignages : Article réservé à nos abonnés Ces profs qui restent, malgré le « malaise enseignant » : « Aider les élèves à devenir des adultes, des citoyens, c’est la plus grande des victoires »

Un « coût d’entrée » élevé

Les concours du second degré ne font plus le plein depuis dix ans, et le problème touche désormais aussi ceux du premier degré dans certaines académies, notamment Créteil et Versailles.

Quantitativement, la situation n’est cependant pas inédite. Lors des années 1980-1990, par exemple, les concours peinent à attirer alors que la hausse vertigineuse du nombre d’élèves entraîne la multiplication par plus de deux du nombre de postes aux concours du second degré entre 1986 et 1993. Résultat, de 20 % à 30 % des postes restent vacants pendant plusieurs années.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Ecole : la France a les classes les plus chargées de l’Union européenne

Mais les tensions actuelles ne résultent pas, comme alors, d’une importante augmentation des besoins et certains chiffres ont de quoi alarmer. Jamais, depuis la fin des années 1960, le nombre de présents au capes n’a été aussi bas qu’en 2022. Le taux de sélectivité des concours n’a presque jamais été aussi faible non plus : moins de deux candidats par poste dans plusieurs académies et disciplines. A Créteil et Versailles, il y avait même moins d’un candidat pour un poste de professeur des écoles.

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Pour 2023, Emmanuel Macron mise tout sur la carte « travail »

Emmanuel Macron lors de ses vœux aux Français, adressés depuis l’Elysée, le 31 décembre 2022.

Derrière l’appel à l’unité de la nation, antidote supposé face aux soubresauts de l’époque, un mot a rythmé les vœux d’Emmanuel Macron, samedi 31 décembre 2022. Dix-sept fois, le président de la République a utilisé le terme « travail » ou sa déclinaison « travailler ». « Il nous faut travailler davantage », a ainsi insisté le chef de l’Etat au moment de se féliciter de la réforme de l’assurance-chômage ou de rappeler l’absolue nécessité, selon lui, de la réforme des retraites. Un champ lexical décliné de multiples façons, avec un leitmotiv : la France sera transformée « par notre travail et notre engagement ». A huit reprises, M. Macron a utilisé cette expression pour lister ses ambitions : « refonder une France plus forte », « refonder les services publics », « bâtir une société plus juste », réindustrialiser le pays, « augmenter les moyens des forces de sécurité intérieures »… Selon l’Elysée, la réussite de ce second quinquennat sera déterminée par la question du travail.

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Cette rhétorique n’a pas été choisie au hasard. Omniprésente lors de la campagne présidentielle, elle a fait son retour dans l’expression macroniste depuis l’automne 2022, après un été consacré au pouvoir d’achat. « Je crois dans une France du travail et du mérite », avait ainsi affirmé M. Macron, le 26 octobre, lors d’une émission diffusée sur France 2. Alors que beaucoup de parlementaires de la majorité s’interrogeaient en septembre sur le sens à donner à son second mandat et s’inquiétaient du flou présidentiel, la valeur travail est apparue comme un axe possible.

Lors de plusieurs réunions de la majorité à l’Assemblée nationale, mais aussi autour du secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, les responsables macronistes ont convenu d’en faire l’arc d’un second quinquennat qui cherche toujours son rythme et son récit. L’objectif est d’essayer de créer un lien entre les différentes réformes en cours ou à venir (assurance-chômage, retraites, réforme du lycée professionnel, etc.). Avec une ambition : le plein-emploi, c’est-à-dire moins de 5 % de chômage.

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« Pour que la France puisse redevenir ou rester une puissance industrielle, c’est par le travail que l’on va s’en sortir collectivement, traduit Charles Rodwell, député (Renaissance) des Yvelines. Cela crée un arc entre les réformes, mais aussi avec le premier quinquennat, où l’on a créé 1,3 million d’emplois, où on a baissé les charges salariales et patronales, où on a réformé l’apprentissage. Il y a une cohérence et c’est vraiment l’identité d’Emmanuel Macron depuis le début. Sans oublier qu’il y a une vraie divergence idéologique entre la Nupes [Nouvelle Union populaire écologique et sociale] et nous sur ce sujet. »

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L’argot de bureau : le « growth mindset » ou le devoir de mieux faire

Quand on veut, on peut. « Fatigué ? Dors plus tôt. Pas en forme ? Fais plus de sport. (…) Pas fait d’études ? Lis des livres. (…) Trop dur ? Essaie, échoue, apprends. Et recommence. » Voici, en une publication LinkedIn succincte, la mentalité qu’Anthony Bourbon, fondateur de la start-up Feed (qui propose des substituts de repas sous forme de poudres à diluer), vous recommande d’avoir pour réussir votre vie.

A l’heure des bonnes résolutions, c’est toujours l’intention qui compte. Comme notre entrepreneur au ton martial, vous pourrez choisir d’entrer en 2023 avec un mental d’acier, pour progresser dans votre carrière, développer votre intelligence et vos talents et faire progresser votre entreprise. Cela tombe bien, il existe encore une fois un concept pour désigner cette volonté : c’est l’état d’esprit, ou mentalité, de croissance, le « growth mindset ».

Il faut, comme souvent, se tourner vers la mine d’or du développement personnel pour trouver cette expression, ici dans un livre publié en 2006, Mindset. The New Psychology of Success (Osez réussir ! Changez d’état d’esprit en français), de la psychologue américaine Carol S. Dweck. Cette dernière l’a d’abord observé en étudiant l’attitude de jeunes élèves face à l’échec : plutôt que leurs capacités innées, c’est leur renoncement ou leur envie de se corriger qui détermine leur réussite future.

« Sortir de sa zone de confort »

Ainsi, la psychologue oppose le « growth mindset » au « fixed mindset » : ceux qui ont une « mentalité fixe » sont déterministes, pessimistes, et pensent que les choses sont ce qu’elles sont et ne changeront pas. Vous êtes un bon joueur de football fâché depuis toujours avec les maths ? Impossible que vous puissiez un jour résoudre un trinôme du second degré.

Ces individus « fixes » s’accommodent de leurs compétences et de leurs lacunes, et prennent personnellement toute critique, alors que la mentalité de croissance invite à entreprendre à l’échelle individuelle, pour se demander en permanence ce que l’on peut améliorer, dans sa vie professionnelle en particulier.

Le bon « mindset » est souvent recherché par les entreprises dans les offres d’emploi, de même que la capacité à « sortir de sa zone de confort » ou à penser « out of the box » (hors de la boîte) – une sorte d’équivalent contemporain de l’allégorie de la caverne de Platon.

Le « growth mindset » est d’ailleurs l’une des cinq « soft skills » (compétences comportementales) cardinales du service RH de Blablacar : « Share more. Learn more (partage plus, apprends plus). Ce premier “BlaBlaPrinciple” traduit sans doute combien l’apprentissage a toujours constitué pour moi un moteur, expliquait le fondateur Frédéric Mazzella à Décideurs Magazine. Si je n’apprends plus, je me fane. Pour une équipe, un tel “growth mindset” est gage de connexion avec le réel, de progression par rapport aux obstacles qui peuvent se dresser en chemin. En somme, fail, learn, succeed (échoue, apprends, réussis). »

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Les entreprises américaines prises dans le flux et le reflux du wokisme

Analyse. Les conservateurs républicains ont remporté la bataille de l’avortement sur le plan juridique, la Cour suprême des Etats-Unis ayant supprimé ce droit fédéral à l’été 2022. Fort de cette victoire, ils mènent un nouveau combat : la lutte contre le « capitalisme woke », ce capitalisme « éveillé », censé prendre en compte les responsabilités sociétales de l’entreprise, qu’il s’agisse d’environnement, d’égalité femmes-hommes ou de non-discrimination.

La cause a trouvé son promoteur : Andy Puzder, candidat malheureux au poste de ministre du travail de Donald Trump et ex-PDG d’une chaîne de restauration rapide. A 72 ans, il cherche à reprendre le flambeau de Milton Friedman, le père du monétarisme, qui écrivait dans un article resté célèbre de 1970 : « La responsabilité sociale de l’entreprise, c’est d’augmenter ses profits. »

Dans un entretien au centre de réflexion The Heritage Foundation, M. Puzder pourfend les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) des entreprises : « L’investissement ESG est négatif pour les bénéfices, c’est négatif pour les rendements des investisseurs. Ce n’est positif que si vous êtes l’un de ces croisés progressistes qui essaient de pousser ces sujets et de forcer les Américains à les ingurgiter sans passer par les urnes. »

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Le Capitalisme woke » d’Anne de Guigné : les entreprises face à la morale

Si Milton Friedman avait perdu la bataille depuis quinze ans, ce fut d’abord à cause de la fin de la « mondialisation heureuse » et de la crise de 2008 : le capitalisme avait failli et le laisser-faire n’était plus une option. Progressivement, la politique et les enjeux sociétaux se sont invités dans le monde de l’entreprise.

Retour de manivelle

Ce fut d’abord la prise de distance avec la National Rifle Association (NRA) qui faisait et défaisait les candidatures républicaines, alors que se multipliaient les tueries de masse. Ce fut ensuite le choc de #metoo, après les révélations sur le prédateur sexuel Harvey Weinstein, producteur de cinéma. Puis il y eut le mouvement déclenché par la mort de George Floyd, un Afro-Américain étouffé par un policier blanc de Minneapolis en mai 2020.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Les militants woke s’inscrivent dans une histoire longue de mobilisation politique de la jeunesse »

Depuis quelques mois s’est ajoutée à cette liste la prise de conscience des enjeux climatiques. L’entreprise américaine a été sommée de se positionner sur ces thématiques en adoptant un agenda progressiste, comme l’exigeaient ses jeunes salariés et une partie de plus en plus militante de ses interlocuteurs (clients, fournisseurs, etc.), prompts à brandir l’arme du boycott.

Jusqu’au retour de manivelle républicain. Depuis un an, les conservateurs se sont sentis assez forts pour croiser le fer avec des corporations jugées jusqu’ici inattaquables. Tout a commencé par le match entre le gouverneur républicain de Floride, Ron DeSantis – qui a fait passer une loi interdisant l’enseignement sur l’identité de genre et l’orientation sexuelle à l’école jusqu’à l’équivalent du CE2 –, et Disney. La firme ayant critiqué la loi, M. DeSantis a fait supprimer les avantages fiscaux dont elle bénéficiait pour son parc d’attractions d’Orlando.

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Ces profs qui restent, malgré le « malaise enseignant » : « Aider les élèves à devenir des adultes, des citoyens, c’est la plus grande des victoires »

Les chiffres sont éloquents : au terme d’une période d’inscription rallongée pour permettre aux retardataires de se faire connaître, les concours de l’enseignement ont enregistré une baisse vertigineuse du nombre de candidats sur deux ans : – 38 % au concours de professeur des écoles 2023 par rapport à 2021 ; – 21 % au concours externe du Capes, par rapport à 2021. La précarisation du métier, avec le recours accru aux contractuels, a également défrayé la chronique à la rentrée scolaire, de même que les problèmes structurels de pouvoir d’achat, auxquels le gouvernement a promis de s’atteler en revalorisant les traitements – tout en excluant, a priori, les enseignants les plus expérimentés.

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Malgré un « malaise enseignant » de plus en plus palpable, la plupart des professeurs choisissent de le rester, y compris après plusieurs décennies dans le métier. Comment garder le cap dans un système dégradé, avec des perspectives salariales peu reluisantes et un sentiment de reconnaissance en berne ? Le Monde a choisi de poser la question à des professeurs de tous âges, à tous les niveaux de scolarité.

De la maternelle au lycée, il en ressort une croyance viscérale dans la mission de l’école, un attachement très profond à la jeunesse, mais aussi de multiples stratégies individuelles pour « tenir ». Et en particulier un engagement qui va bien au-delà des heures dues : qu’il soit purement pédagogique, social, associatif, voire syndical, il permet aux enseignants que nous avons interrogés de garder le sentiment d’« avoir un impact ».

« Petites victoires du quotidien »

Lorsque l’on interroge les professeurs sur leur engagement et sur ce qui fait qu’il dure, le plus frappant est de sentir à quel point ils tiennent à leurs élèves. « La reconnaissance ne peut venir que d’eux, de l’échange avec eux et de nos petites victoires du quotidien », assure Rachid Biba, 44 ans, qui enseigne la conduite routière dans un lycée professionnel de Loire-Atlantique depuis 2006 et représente le syndicat Snetaa-FO dans son académie.

Dans une institution où certains trouvent que plus rien ne tourne rond, il restera toujours les enfants et les jeunes, leurs questionnements, leur vivacité et leur enthousiasme, parfois, devant les contenus enseignés. « Le contact avec la jeunesse donne l’impression de vieillir moins vite que les autres ! », s’amuse Lucie Bons, une enseignante de français de 48 ans responsable d’une classe pour élèves allophones sans scolarisation préalable (UPE2A-NSA) au sein d’un lycée professionnel. Lucie Bons s’est tournée vers ce dispositif, qui accueille une majorité de mineurs isolés, parce qu’elle avait l’impression de « ne plus faire avancer » ses élèves dans la filière professionnelle. « Quand vous avez devant vous des grands ados qui progressent très rapidement en français et sont encore, pour leur âge, complètement émerveillés par le contenu du cours, c’est très gratifiant », assure-t-elle.

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Jours fériés en 2023, ponts, vacances… Le calendrier de vos congés

Combien de jours fériés tombent hors week-end ? Y aura-t-il des ponts en mai ? Le calendrier profite-t-il aux patrons ou aux salariés ? Ces questions alimentent les réflexions du mois de janvier.

Au minimum sept, au maximum 10 : c’est le nombre de jours fériés qui tombent hors week-end chaque année. En mai 2018, la séquence de deux jours chômés durant la même semaine (un mardi 8 mai et un jeudi de l’Ascension) était une rareté : elle ne se présente que cinq fois par siècle. La prochaine occurrence de ce hasard calendaire ne se produira qu’en… 2029, puis en 2035, 2040, 2046, et ne réapparaîtra plus jusqu’à la fin du XXIsiècle.

Des années avec dix jours fériés hors week-end

Le calendrier ne se montre pas toujours clément pour les salariés : quatre fois tous les cent ans environ, le 8 mai, anniversaire symbolique de la capitulation de l’Allemagne nazie, est aussi le jour de l’Ascension. Ce fut le cas en 1975, 1986, 1997 et 2008. Qu’on se rassure, la prochaine séquence n’est pas prévue avant 2059, elle aura lieu ensuite en 2070, puis en 2081 et 2092.

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Mise à jour du 1er février 2022 à 10h : correction d’une erreur sur le nombre d’occurrences de séquences de deux jours fériés tombant un mardi et un jeudi de la même semaine par siècle.

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« Touche pas à mes tresses ! »

Droit social. Le 23 novembre, la Cour de cassation a mis fin à une décennie de procédure lancée par un steward d’Air France. Ce dernier revendiquait le droit de porter des tresses africaines nouées en chignon, lesquelles n’étaient pas autorisées par le manuel des règles de port de l’uniforme pour le personnel navigant commercial masculin. Les hôtesses de l’air pouvant adopter cette coiffure, la Cour a jugé en faveur du steward au motif que de le lui interdire constitue une discrimination directement fondée sur l’apparence physique en lien avec le sexe.

En outre, selon la Cour, la perception sociale de l’apparence des genres masculins et féminins ne peut constituer une exigence professionnelle justifiant une différence de traitement, l’exigence professionnelle renvoyant à une exigence objectivement dictée par la nature ou les conditions d’exercice de l’activité professionnelle en cause.

Cette décision peut paraître assez anecdotique, mais en y regardant de plus près, cela soulève certaines questions intéressantes dans le cadre des discussions devenues désormais quotidiennes sur la lutte contre les stéréotypes et sur l’identité et l’expression de genre dans notre société. Quel est, dans ce contexte, le pouvoir de l’employeur pour imposer des restrictions sur l’apparence de ses salariés ?

Interdiction du port de pantalon

Si le cadre juridique est clair, son application peut poser des difficultés. Les salariés peuvent, a priori, se vêtir librement. Cependant, cette liberté n’est pas une liberté fondamentale, contrairement, par exemple, à la liberté d’expression, à la liberté religieuse ou au respect de la vie privée. L’employeur peut y apporter des restrictions dès lors que celles-ci sont justifiées par la nature de la tâche à accomplir et proportionnées au but recherché (article L. 1121-1 du code du travail).

Par exemple, outre les considérations d’hygiène et de sécurité, le souhait de l’employeur de maîtriser son image de marque auprès de sa clientèle peut justifier l’interdiction ou l’imposition de certaines règles vestimentaires ou d’apparence (port d’uniformes, interdiction de signes religieux, etc.).

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Injonctions vestimentaires au travail : où en sont les hommes ?

En revanche, comme vient le rappeler cette décision, encore faut-il que ces restrictions ne soient pas discriminatoires (article L. 1321-3 3° du code du travail). Le fait de permettre aux femmes d’avoir les cheveux longs et non aux hommes ne serait donc plus permis.

Or, est-ce que cela signifie qu’il ne sera plus possible de permettre aux hommes le port du pantalon et non aux femmes, pratique qui existe encore, comme le démontre la mobilisation récente des salariées de McDonald’s France en 2020 ? Le port de la jupe obligatoire était d’usage dans les restaurants du groupe, mais la direction a fini par abolir cette pratique. Pour rappel, jusqu’au 31 janvier 2013, les Parisiennes avaient officiellement l’interdiction du port de pantalon, sauf si elles tenaient « par la main un guidon de bicyclette ou les rênes d’un cheval », en raison d’une ordonnance du préfet de police Dubois du 16 brumaire an IX qui n’avait jamais été abrogée !

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Télécoms : Scopelec, la plus grande coopérative française, passe entre les mains du groupe Circet

Le logo de la société Scopelec sur la façade de leurs bureaux à Saint-Orens-de-Gameville (Haute-Garonne), le 19 septembre 2022.

La fête n’aura pas lieu. Alors que Scopelec devait célébrer, en janvier 2023, son cinquantième anniversaire, la plus grande société coopérative et participative française (SCOP), spécialisée dans le déploiement de réseaux télécoms, tombe entre les mains de Circet, numéro européen du secteur. La décision a été annoncée, mercredi 28 décembre, par le tribunal de commerce de Lyon, appelé à statuer sur l’avenir de l’entreprise placée en redressement judiciaire depuis le 26 septembre. Selon le jugement, Circet s’engage à reprendre 1 049 salariés sur les 2 212 que comptaient encore Scopelec et sa principale filiale Setelen, incluse dans l’offre.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Placé en redressement judiciaire, Scopelec a un mois pour sauver 2 500 emplois

Les activités à la Réunion, à Mayotte et dans le sud-est de la métropole ne sont pas concernées par cette reprise. Leur sort n’est pas encore tranché. Mais la partie sud-est pourrait revenir ultérieurement au groupe Solutions 30, qui avait déposé une offre en ce sens auprès du tribunal de commerce de Lyon. En plus de Circet et de Solutions 30, trois autres sociétés s’étaient également portées candidates pour une partie des actifs de la coopérative originaire du Tarn. Un sixième repreneur potentiel s’était désisté au dernier moment.

Devant les juges, Circet s’est engagé « à faire ses meilleurs efforts, auprès de certaines régions concernées, pour une mise en place des mesures d’accompagnement pouvant être proposées aux salariés non repris afin de faciliter leur retour à l’emploi ». Il a aussi promis de « ne pas procéder à des licenciements pour motif économique de salariés repris pendant une période de douze mois, sauf autorisation spéciale du tribunal ». Sollicitée par Le Monde, la direction de Circet n’a pas souhaité commenter le jugement du tribunal de commerce de Lyon.

Chez Scopelec, on accueille cette décision avec dépit. « C’est une triste fin pour la première SCOP de France », réagit Carlos Verkaeren, nommé président du directoire de Scopelec le 1er septembre, avec pour mission de sauver le statut coopératif du groupe. Il avait monté en quelques semaines une offre de reprise portée par une nouvelle SCOP, baptisée Newscope. Elle promettait de reprendre 1 413 salariés, soit près de 400 de plus qu’avec le plan de Circet, ce qui lui avait permis d’obtenir les faveurs du comité social et économique de Scopelec.

« Solidité financière » de Circet

Mi-décembre, dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron, les salariés de la SCOP, soutenus par plusieurs politiques, notamment la présidente de la région Occitanie, Carole Delga (PS), et le député François Ruffin (Nupes), avaient exhorté le président de la République à se positionner en faveur d’un projet garantissant « que les fruits du travail des femmes et des hommes de Scopelec ne [soient] pas reversés à des actionnaires en France ou à l’étranger, mais à leurs salariés et à leurs sociétaires sur [le] territoire ». Créé en 1993, Circet a connu plusieurs changements d’actionnaires financiers ces dernières années. Il est détenu depuis octobre 2021 par le fonds d’investissement britannique Intermediate Capital Group (ICG).

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Adecco met en garde ses intérimaires sur une possible fuite de leurs données personnelles

Adecco a mis en garde ses salariés, anciens salariés et anciens candidats sur une possible fuite de certaines de leurs données personnelles. Le groupe spécialisé dans l’intérim a envoyé un e-mail aux intérimaires il y a quelques jours pour les prévenir d’un vol de plusieurs données, selon Le Parisien.

Dans le message partagé par des internautes concernés, Adecco confirme que certaines « données personnelles présentes dans un de [leurs] systèmes d’information (noms, prénoms, adresses e-mails, numéros de sécurité sociale et coordonnées bancaires) ont été potentiellement divulguées ».

Adecco explique avoir « pris les mesures nécessaires pour pallier cette situation et sécuriser encore davantage les données qui [leur] sont confiées ». La société a par ailleurs précisé avoir informé la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), déposé plainte et transmis le dossier à la police judiciaire.

Deuxième vague d’e-mails

Début novembre, Adecco avait annoncé dans un communiqué : « Plusieurs témoignages [étaient apparus] sur les réseaux sociaux faisant état de prélèvements d’une somme de 49,85 euros par la société “Solfex France SASU”, que nous ne connaissons pas et qui n’appartient pas au groupe Adecco. »

La société d’intérim avait ajouté avoir « immédiatement diligenté une enquête interne », mais que, « à ce jour, aucun lien n’a[vait] été établi entre ces prélèvements frauduleux effectués par une société tierce et les missions de [ses] intérimaires ».

Il s’agirait, selon Le Parisien, « de la même fuite de données, et d’une deuxième vague de mails à ce sujet. Mais à la différence des salariés touchés début novembre, les derniers alertés ne seraient pas concernés par la fuite de leurs coordonnées bancaires ».

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Le Monde