A Lyon, la direction d’Euronews annonce deux cents licenciements et le « redéploiement des équipes de journalistes »

Le siège lyonnais de la chaîne de télévision d’information multilingue Euronews, dans le quartier Confluence de Lyon, en novembre 2018.

« C’est un jour terrible, nous avons l’impression que le rêve d’une chaîne européenne vole définitivement en éclats », confie Charles (prénom d’emprunt), jeudi 2 mars, devant le siège d’Euronews, à Lyon, alors que la direction de la chaîne européenne vient tout juste d’annoncer 198 licenciements, au cours d’un conseil social et économique (CSE) extraordinaire. Le journaliste quadragénaire préfère ne pas donner son nom, compte tenu du contexte social.

« L’esprit de cette maison, c’était de réunir des journalistes de toutes nationalités dans un même lieu, pour qu’ils croisent leurs regards. Tout cela est démantelé. Humainement, c’est extrêmement dur », poursuit Charles, le visage marqué, persuadé qu’il vit « la fin de quinze ans de travail, passionné ». Dans le hall et les couloirs des six étages de l’immeuble des bords de Saône, les mines sont accablées.

Les salariés ont connu trois plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) en six ans, dans cette entreprise aux trente nationalités. Les mesures de celui-ci sont sans précédents. Il est question de supprimer près de la moitié des effectifs, actuellement constitués de 478 salariés.

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Une version européenne de CNN

Selon un communiqué interne de la section locale du syndicat national des journalistes (SNJ), cette suppression « massive de postes » s’accompagne d’un « redéploiement des équipes de journalistes », « dans un délai de six mois ». La direction envisage l’ouverture d’une rédaction centrale à Bruxelles, ainsi que six bureaux à Rome, Berlin, Lisbonne, Madrid et Londres, le principe étant de renvoyer les journalistes dans leurs pays d’origine.

Resteraient à Lyon des journalistes de nationalité française. Mais aussi russe, iranienne et turque, en raison des dangers à exercer leur métier dans leur pays. Ce qui représenterait un effectif de 142 personnes maintenues à Lyon. « Le démantèlement de notre chaîne à Lyon est désormais quasiment total », estime le SNJ.

La cession du célèbre immeuble à la façade métallique vert pomme ne fait plus de doute. Un mandat de vente a été activé en début d’année pour commercialiser les 10 000 mètres carrés du site. Un coup dur pour la ville de Lyon, tant l’implantation du siège d’Euronews symbolisait la reconversion du quartier futuriste de Confluence, au sud de l’agglomération. Créée en 1993 à Ecully, à l’ouest de Lyon, la chaîne avait déménagé dans ce nouveau siège, se voulant une version européenne de CNN. Le plan annoncé aujourd’hui prévoit l’externalisation de plusieurs services, comme la régie finale, la production des magazines, ou le service des plannings.

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« Si l’on veut endiguer le Rassemblement national, il faut comprendre les fondements sociologiques de sa dynamique politique »

Il y a des phrases politiques qui restent dans l’histoire comme des symboles d’une défaite. Il y avait le fameux « l’Etat ne peut pas tout », de Lionel Jospin, face aux salariés de Michelin en 2000, deux ans avant l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Il pourrait y avoir bientôt les étonnants propos d’Elisabeth Borne, rapportés dans Le Monde du 7 janvier. « Si on avait la recette… Elle est très insaisissable », a dit la première ministre en commentant la dynamique politique du Rassemblement national (RN) et de sa cheffe, comme un aveu d’impuissance.

Assise sur ses 42 % de voix obtenues au second tour de l’élection présidentielle et ses 88 députés, l’extrême droite n’a objectivement jamais été aussi proche du pouvoir sous la Ve République. La grande banalisation du RN s’est achevée avec son entrée dans les institutions. Alors qu’il avait cahin-caha fonctionné lors de toutes les élections précédentes, le front républicain s’est effondré lors des législatives, et le RN y a percé son plafond de verre. En 2017, La République en marche avait remporté plus de 90 % des duels qui l’opposaient au RN dans les circonscriptions. Aux législatives de 2022, la coalition présidentielle en a perdu plus de la moitié.

Lire la tribune : Article réservé à nos abonnés « L’habitude de voter Rassemblement national s’enracine dans une partie du corps électoral »

La conjoncture sert les desseins politiques du RN, la crise du pouvoir d’achat alimentant les colères qui nourrissent l’extrême droite. Nul besoin d’avoir fait de longues études d’histoire pour savoir comment, à la suite de la crise de 1929, l’inflation et l’appauvrissement des classes moyennes ont contribué à l’avènement du fascisme en Europe. Une majorité de Français disent aujourd’hui « s’en sortir difficilement » avec les revenus dont ils disposent. Cette majorité peut désormais rendre une droite extrême majoritaire.

Du renoncement au ressentiment

Les difficultés face au coût de la vie, l’impopularité de la réforme des retraites, la perception que le gouvernement l’impose de manière brutale sans comprendre les Français nous font changer de temporalité, et passer du grand renoncement au grand ressentiment. Le renoncement (au vote par exemple) était un retrait individuel, un repli résigné sur soi et son cercle proche. Le ressentiment, c’est-à-dire le fait d’en vouloir à un tiers, ici le gouvernement, pour les torts subis, est une colère sourde, aux effets politiques plus dévastateurs. Ce ressentiment enfle : on le lit dans le fait que 60 % des Français et 67 % des actifs comprendraient aujourd’hui le blocage du pays pour faire plier le gouvernement. Le basculement des classes moyennes est la clé d’une future conquête du pouvoir pour Marine Le Pen. Le ressentiment pourrait bien accélérer les ralliements.

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Retraites : le lien entre l’âge légal de départ et le chômage des seniors confirmé par une étude

Manifestation, au cinquième jour des rassemblements nationaux organisés depuis le début de l’année, contre une refonte des retraites profondément impopulaire, à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 16 février 2023

L’âge légal de départ à la retraite et les règles de l’assurance-chômage ont-ils un impact sur la stratégie des entreprises – parfois partagées par les syndicats et les salariés concernés – pour se séparer des séniors ? Selon une étude de l’Unédic, publiée mecredi 1er mars, cette hypothèse tend à se confirmer.

L’âge légal de départ à la retraite entraîne en effet un pic de ruptures conventionnelles trois ans avant, ce qui correspond à la durée d’indemnisation chômage dont pouvaient bénéficier les plus de 55 ans, selon une étude de l’Unédic.

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Dans cette dernière, l’association observe en 2021 une nette hausse à 59 ans de ces ruptures « d’un commun accord », qui donnent droit au chômage, alors que l’âge légal de départ à la retraite est de 62 ans et que les plus de 55 ans pouvaient être indemnisés pendant trois ans.

Alors que 17 % des ouvertures de droit au chômage à 56 ans le sont à la suite d’une rupture, ce chiffre grimpe à 25 % à 59 ans, un taux « qui remonte au niveau de celui que l’on observe pour les trentenaires, catégorie d’âge la plus concernée par les ruptures conventionnelles », constate l’Unédic. En 2010, alors que l’âge légal de départ était encore de 60 ans, ce pic était atteint autour de 57-58 ans.

Ce pic devrait se décaler à l’avenir sous l’effet des nouvelles règles d’assurance chômage qui ont réduit depuis le 1er février la durée d’indemnisation maximale de 25 % pour les nouveaux entrants au chômage, soit 27 mois au lieu de 36 pour les plus de 55 ans.

Le gouvernement est aussi favorable, dans la réforme des retraites débattue au Parlement, à ce que les ruptures conventionnelles avant l’âge légal de départ soient soumises au même forfait social de 30 % que celles intervenant après alors qu’il n’est pour l’instant que de 20 %.

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Selon l’étude, le report de l’âge légal de 60 à 62 ans a entraîné entre 2010 et 2022 une hausse de 100 000 du nombre d’allocataires de plus de 60 ans. Parmi ces indemnisés supplémentaires, 65 000 ont 60 ou 61 ans du fait du décalage de l’âge légal. Et 20 000 ont 65 ou 66 ans, du fait du décalage de l’âge d’annulation de la décote (de 65 à 67 ans) et de la hausse de la durée de cotisation.

Enfin l’étude s’intéresse à une disposition qui permet, sous conditions, de continuer à être indemnisé par l’assurance-chômage au-delà de trois ans, jusqu’à l’accès à une retraite à taux plein, au plus tard à 67 ans. Fin juin 2022, sur les 72 000 allocataires indemnisés de 62 ans ou plus, 21 000 sont bénéficiaires de ce dispositif.

Notre sélection d’articles sur la réforme des retraites

Le Monde avec AFP

« En matière de parité, l’Islande bat tous les records »

« Je suis forte ! Je suis courageuse ! Je suis puissante ! » Encouragées par leur maîtresse, les petites élèves de maternelle crient ces mots, tout en lançant des bûches. Elles occupent la moitié de la cour, l’autre étant réservée aux garçons – ce qui évite que ces derniers ne monopolisent la totalité de l’espace central et relèguent les filles dans les coins, comme dans la plupart des écoles. Du foot à la poupée, qu’ils soient catalogués comme masculins ou féminins, les jeux sont ici pratiqués indifféremment par tous les enfants.

Cette école islandaise applique le modèle éducatif Hjalli, comme seize autres dans le pays. Diffusé récemment sur France 24, un documentaire de la journaliste Mélina Huet révèle comment ces établissements s’appliquent à ne pas enfermer les enfants dans les stéréotypes de genre. Margret Pala Olafsdottir, la pédagogue qui a développé cette méthode, a été décorée par le gouvernement pour sa contribution à la construction d’une société plus paritaire.

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De fait, l’Islande bat à peu près tous les records en la matière. Elle caracole depuis plus de dix ans en tête du classement sur l’égalité femmes-hommes du Forum économique mondial. Son Parlement est le plus féminin d’Europe, avec 47,6 % d’élues. Le taux d’emploi des Islandaises est très élevé (77,5 % en 2021, contre 67,5 % dans la zone euro), et le congé parental est pris quasiment à parts égales entre les deux parents.

Lois contraignantes

Mais quel est donc le secret de l’île volcanique ? Chaque année, à l’approche de la Journée internationale du droit des femmes du 8 mars, tous les regards se tournent vers l’Islande pour tenter de le percer. « Beaucoup de facteurs entrent en jeu », éclaire Eliza Reid, sa première dame, qui publie justement l’ouvrage sur la question Les Secrets des Sprakkar. Ces femmes qui changent le monde (Michel Lafon, 288 pages, 19,95 euros). « Le principal d’entre eux est la conscience largement partagée que travailler vers plus d’égalité profite à tous. Que ce n’est pas pour les femmes au détriment des hommes, mais un progrès déterminant pour bâtir une société meilleure pour l’ensemble de ceux qui y vivent. »

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En Islande, cette conscience est ancienne et tient sans doute en partie au faible nombre d’habitants (370 000), relativement homogène. Mais pas seulement. Ses lois sont aussi bien plus contraignantes qu’ailleurs. Depuis 2018, les entreprises islandaises de plus de 25 salariés comme les administrations sont en effet contraintes de respecter une norme d’égalité salariale à travail égal. Un organisme indépendant vérifie qu’elles répondent aux critères définis par la loi et leur accorde une certification, à renouveler tous les trois ans. Celles qui ne les respectent pas encourent une amende de 50 000 couronnes (330 euros) par jour, au plus. Un système bien plus efficace que l’index Pénicaud en vigueur en France, peu contrôlé et facilement contournable.

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Réforme des retraites : « Il est temps de passer à une nouvelle étape, plus sociale, du quinquennat »

La réforme des retraites, du moins le report de l’âge de départ à 64 ans, est massivement rejetée par les Français. Ceux-ci la trouvent injuste et ils ne souhaitent pas travailler plus longtemps. Nécessaire pour assurer le financement de nos régimes de retraite et pour augmenter le taux d’emploi des seniors, cette réforme ternit l’image du gouvernement et participe du climat morose que nous connaissons.

Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés « L’actuelle réforme des retraites est d’abord une renonciation à une réforme universelle »

Il est temps de passer à une nouvelle étape du quinquennat, à une étape plus sociale.

Il convient, en premier lieu, d’accompagner les seniors qui devront travailler plus longtemps. Il faut changer les mentalités, notamment celles des employeurs : on n’est pas vieux passé 60 ans. La formation professionnelle continue doit donc bénéficier massivement aux seniors. Il faut mettre l’accent sur le renforcement de la formation professionnelle au service des transitions professionnelles, notamment pour la dernière partie de carrière, ceci en renforcement des politiques de ressources humaines adaptées. Ainsi, l’entretien de mi-carrière à 45 ans pourrait être renouvelé à 55 ans. Tout cela s’inscrit dans une réaffirmation du dialogue social, tant au niveau des entreprises que des branches professionnelles. Faisons pour les seniors ce que les gouvernements d’Emmanuel Macron ont réussi à faire pour les jeunes avec la réforme de l’apprentissage.

Un véritable revenu jeunes

Mais il faut aller plus loin, redonner de l’espoir au pays. Cela passe par des efforts significatifs pour les jeunes. Après le plan 1 jeune, 1 solution et la réforme de l’apprentissage, adoptons un pacte pour la jeunesse qui favorise l’insertion des jeunes dans l’emploi et les aide à maintenir leur niveau de vie. Ce pacte doit comporter une réforme du lycée professionnel, déjà entamée mais qui doit être poursuivie, un système de bourses plus efficace et un véritable revenu jeunes, sur le modèle danois, qui aille au-delà du contrat d’engagement jeunes.

Lire l’entretien : Article réservé à nos abonnés Pierre Rosanvallon : « Le débat sur la réforme des retraites est le signe d’un ébranlement de notre démocratie »

Ce pacte doit également comporter une véritable réforme de l’école. L’école est trop absente de nos débats. Nous ne devons plus être une des écoles les moins performantes et les plus égalitaires de l’Organisation de coopération et de développement économiques, comme le disent les classements du Programme international pour le suivi des acquis des élèves. Nous ne devons pas en rester au dédoublement des classes de CP et de CE1, ni au retour de l’enseignement des mathématiques, deux mesures fondamentales qui doivent être complétées : il faut n’affecter en zones prioritaires que des enseignants ayant au moins deux ans d’ancienneté, en usant largement du recrutement sur postes à profil ; recourir au looping, c’est-à-dire au suivi des élèves par le même maître du CP au CE2 ; adopter un grand plan de formation au calcul mental et résolutions de problèmes ; créer des réseaux de conseillers pédagogiques en mathématiques dans les écoles…

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« Santé et travail dans les TPE » : des douleurs passées sous silence

C’est le paradoxe des très petites entreprises (TPE). Dans ces organisations qui regroupent moins de dix salariés, la santé des travailleurs est, à en croire la statistique publique, meilleure qu’ailleurs. Pourtant, « la présence des risques professionnels y est plus forte, et (…) la prévention (…) très peu développée », soulignent Emilie Legrand et Fanny Darbus, maîtresses de conférences en sociologie.

Afin d’éclairer cette contradiction, les deux universitaires ont mené une enquête dans ces petites structures, dans des secteurs d’activité (coiffure, restauration, bâtiment) où salariés comme patrons sont particulièrement exposés. Une étude minutieuse, conduite sur un terrain peu exploré jusqu’alors par la recherche, et dont elles livrent les conclusions dans un essai : Santé et travail dans les TPE (Erès).

L’ouvrage démontre rapidement que « ces métiers mettent (…) la santé à rude épreuve ». Voir ces petites structures comme des espaces préservés est une illusion. Station debout prolongée, port de charges lourdes, risque de chute, de brûlure… Les dangers et les pénibilités sont multiples, les pathologies rencontrées tout autant. Les douleurs chroniques (dos, mains…) sont fréquentes et peuvent toucher les plus jeunes.

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Souffrir au travail fait partie du quotidien des collaborateurs. C’est même une norme intégrée par nombre d’entre eux. Les risques sont « identifiés comme des composantes incontournables, sinon identitaires, du métier et souvent acceptés comme une fatalité », expliquent les autrices.

Une pénibilité acceptée

L’endurance est souvent célébrée. En conséquence, la plupart des salariés poursuivent leur activité même en cas de douleurs. Les problèmes de santé sont ainsi invisibilisés, les arrêts de travail sont rares, leur étude ne pouvant, par conséquent, permettre de saisir la réalité du terrain.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Des salariés satisfaits mais tendus : l’intensification du travail a augmenté la charge mentale

Pourquoi une telle acceptation de la pénibilité et des risques ? Différents ressorts sont à l’œuvre. L’endurance et la résistance à la douleur sont des marqueurs culturels communs à de nombreux salariés, tout particulièrement ceux issus des classes populaires. Certains collaborateurs souhaitent, par ailleurs, soutenir la santé économique de l’entreprise, toute absence pouvant entraver sa bonne marche. Une solidarité peut d’ailleurs être à l’œuvre dans ces TPE où, souvent, « l’état du collectif de travail et la vitalité de l’entreprise passent avant la santé de chaque individu, et a fortiori celle des plus vulnérables ».

Pour éviter que les corps ne souffrent trop, des stratégies peuvent toutefois être déployées par les salariés. Elles sont souvent informelles : jouer sur le planning des rendez-vous dans les salons de coiffure, placer les tâches les plus exigeantes en fin de journée dans le bâtiment… De même, pour limiter la souffrance psychique et faire accepter les pénibilités, la cohésion apparaît essentielle. « S’assurer de la “bonne ambiance” au sein de l’équipe » semble agir comme un « antalgique », constatent les sociologues. Cette ambiance représente donc un « enjeu hautement stratégique » pour certains patrons de TPE, appelés à travailler leur management en conséquence.

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« Le problème des inégalités de genre ne peut se résoudre que lorsqu’un profond changement de mentalité a lieu »

Eliza Reid, première dame d’Islande, et le président, Gudni Thorlacius Johannesson, à Reykjavik, le 27 juin 2020.

Depuis plus d’une décennie, l’Islande figure en tête du classement sur l’égalité femmes-hommes du Forum économique mondial : le congé parental est presque pris à parts égales entre les deux parents, le taux d’emploi des femmes est de dix points supérieur à celui observé dans l’Union européenne… Mais quel est donc le secret égalitaire de cette petite île ?

Journaliste et écrivaine d’origine canadienne, Eliza Reid, devenue première dame d’Islande en 2016, lorsque son époux, Gudni Thorlacius Johannesson, a été élu président, tente d’y répondre dans un ouvrage aujourd’hui publié en France, Les Secrets des Sprakkar. Ces femmes qui changent le monde (Michel Lafon, 288 pages, 19,95 euros). Elle y dresse le portrait d’Islandaises de divers horizons, tout en soulignant les progrès que son pays d’adoption doit encore accomplir en la matière.

Qui sont les « sprakkar » évoquées dans votre livre ?

Sprakkar est le pluriel de sprakki, un ancien mot islandais signifiant « femme exceptionnelle ». Il est aujourd’hui tombé en désuétude, mais j’ai tenu à l’utiliser lorsque je l’ai découvert, pour une raison bien simple : il n’existe aucun mot équivalent en anglais ni dans la plupart des langues de ma connaissance. Au contraire, les qualificatifs utilisés pour désigner les femmes y sont plutôt connotés négativement.

Qu’est-ce qui, en matière d’égalité des sexes, vous a le plus surprise lorsque vous vous êtes installée à Reykjavik ?

J’ai grandi dans une ferme au Canada, et j’ai vécu plusieurs années au Royaume-Uni avant de m’installer sur cette île, à la vingtaine. A mon arrivée, j’ai travaillé dans une petite start-up de logiciels, dont le salariat était très masculin. La présidente du conseil d’administration était une femme. Un jour, je l’ai aperçue en train d’allaiter son bébé pendant une réunion.

Personne ne détournait le regard de façon gênée ni ne faisait de plaisanterie embarrassante, y compris les hommes : tout le monde se comportait comme si c’était absolument naturel. J’ai alors pensé qu’il devrait toujours en être ainsi, et pas seulement en Islande ! Ce souvenir s’est gravé dans ma mémoire.

Pourquoi dédier aujourd’hui un livre au sujet ?

Dans mon passé de journaliste, j’ai toujours été sensible à la question de l’égalité femmes-hommes. Durant la pandémie de Covid-19, lorsque nos quotidiens ont été bouleversés, j’ai pensé que venant d’un autre continent, j’étais peut-être bien placée, avec un regard extérieur, pour dresser le portrait de cette société plus proche de l’égalité que ne l’est aucune autre.

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Filière bois : les autorités françaises dans le piège du « chantage à l’emploi »

L’usine Fibre Excellence de Tarascon (Bouches-du-Rhône), le 30 juin 2014.

Paper Excellence est un groupe canadien qui a racheté, en 2010, deux usines de pâte à papier en France, à Tarascon (Bouches-du-Rhône) et Saint-Gaudens (Haute-Garonne), à travers sa filiale Fibre Excellence, et se bat depuis pour poursuivre leur activité. Le tout dans un marché mondial très concurrentiel et face à des normes environnementales toujours plus exigeantes. Difficile équation.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le tour de passe-passe de deux groupes pour dévorer le marché mondial du papier

Voilà en tout cas l’histoire telle que Fibre Excellence la raconte. Ce que ne dit pas le groupe, c’est qu’il est en réalité contrôlé par le riche indonésien Asia Pulp and Paper (APP), comme le démontre l’enquête « Deforestation Inc » menée par Le Monde avec le Consortium international des journalistes d’investigation.

Ces révélations éclairent d’un jour nouveau les tractations incessantes entre Paper Excellence et les autorités locales et nationales. Depuis une dizaine d’années, le papetier bénéficie d’une certaine mansuétude des pouvoirs publics, malgré plusieurs entorses à ses obligations environnementales et fiscales, au nom de la préservation des emplois. Mais est-il vraiment le bienfaiteur qu’il prétend être ?

« Deforestation Inc. », une enquête internationale

Mettre fin à la déforestation d’ici à 2030. C’est l’engagement pris par une centaine de pays à la COP26 en Ecosse, fin 2021, mais sa réalisation reste très incertaine. Failles dans les réglementations, industriels et certificateurs peu scrupuleux… L’enquête internationale « Deforestation Inc. » dévoile les mécanismes qui rendent la prédation environnementale possible. Cent quarante journalistes d’une quarantaine de médias partenaires au sein du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), dont Le Monde, ont travaillé sur ce projet.

Premier pollueur, dernier payeur

Un exemple illustre bien les pratiques agressives du groupe. L’usine Fibre Excellence de Tarascon (Bouches-du-Rhône) rejette de grandes quantités de polluants dans l’eau, à cause des procédés utilisés pour blanchir sa pâte à papier, notamment en utilisant du chlore – elle fait d’ailleurs partie des sites de contamination présumée aux « polluants éternels » (PFAS), selon une récente enquête du Monde. En vertu du principe du pollueur-payeur, le site doit s’acquitter de la plus importante redevance pollution industrielle à l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, comprise entre 2 et 3,5 millions d’euros par an.

Lire l’enquête : Article réservé à nos abonnés « Polluants éternels » : le plan de bataille des industriels pour éviter l’interdiction du « poison du siècle »

Depuis le rachat de l’usine par le groupe canadien, l’industriel rechigne à payer son dû. « Les relations étaient extrêmement tendues. Ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour contester leur impôt », raconte Laurent Roy, directeur général de l’établissement public. Fibre Excellence parvient à faire annuler sa contribution pour l’année 2011 devant les tribunaux pour vice de forme. De 2012 à 2017, la filiale française refuse de la payer, jusqu’à accumuler 17,3 millions d’euros de passif.

Paper Excellence fait pression sur les autorités, menace de fermer son site. Qualifiée par certains de véritable « chantage à l’emploi », cette stratégie fonctionne. L’agence de l’eau lui propose un arrangement : en échange d’engagements environnementaux, l’entreprise ne paiera que la moitié de son ardoise dans l’immédiat, puis un million d’euros par an jusqu’en 2025. Le site de Tarascon s’acquitte alors d’un peu plus de 8 millions d’euros et entame la conversion de sa production vers de la pâte à papier écrue, avec un procédé moins polluant. « Ce qui comptait pour nous à l’époque, c’était de récupérer la part la plus importante possible de la redevance [non payée] », plaide Laurent Roy.

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Avis sur le Village de l’Emploi: Opportunités, formations et expériences

Qu’est-ce que le village de l’emploi et quelles sont les opportunités qu’il offre aux jeunes diplômés? Quelles formations sont proposées et quels avis émergent des expériences vécues par ceux qui ont utilisé ce système grandissant? Explorons ensemble cet environnement innovant où entreprises, diplômés et experts du monde professionnel se rencontrent.

Qu’est-ce que le Village de l’Emploi ?

Le Village de l’Emploi est un organisme qui offre aux jeunes diplômés et aux entreprises une plateforme pour trouver des emplois et des carrières. Il propose également un parcours spécialisé pour aider les jeunes à développer leurs compétences et à se préparer à la recherche d’emploi.

Histoire et origine du Village de l’Emploi

Le Village de l’Emploi a été créé en 2016 par une initiative volontaire, avec le soutien financier et technique des principaux groupe industriels français et européens. Cet outil numérique favorise la mise en relation directe entre les jeunes diplômés et les employeurs, tout en proposant des services et des outils qui permettent aux jeunes diplômés de se former à la recherche d’emploi.

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Quels sont les avantages du Village de l’Emploi?

Le Village de l’Emploi offre un grand nombre d’avantages aux jeunes diplômés : ils peuvent consulter les offres d’emploi disponibles sur le marché, postuler directement en ligne ou encore bénéficier d’un accompagnement personnalisé pour trouver un emploi. De plus, grâce aux formations proposées par le village, ils peuvent acquérir les compétences nécessaires pour réussir un entretien d’embauche, gérer efficacement leurs demandes d’emploi ou encore maîtriser différents aspects techniques liés au domaine choisi.

Comment le Village de l’Emploi peut-t-il aider les jeunes diplômés ?

Le village de l’emploi offre une variété de services et d’outils qui peuvent être très utiles aux jeunes diplômés. En particulier, il offre des conseils pratiques pour préparer un CV ou une lettre de motivation efficace, mettre en place un plan d’action pour trouver un emploi ou encore apprendre à gérer son temps.

De plus, grâce à sa base de données professionnelles mise à jour régulièrement, il permet aux jeunes diplômés d’accumuler des informations sur le secteur qu’ils souhaitent intégrer et ceux-ci ont donc plus de chances d’être embauchés.

Quels sont les avis sur le Village de l’Emploi ?

Les avis sur le village sont généralement très positifs. Les jeunes diplômés apprécient l’opportunité unique offerte par le village, la disponibilité et l’attention des responsables et l’ambiance agréable qui y règne.

Quels sont les avis des professionnels sur le Village de l’Emploi ?

Les professionnels sont également enthousiastes et louent la qualité des services proposés par le Village de l’Emploi. Ils considèrent qu’il s’agit d’un outil précieux pour les jeunes diplômés qui souhaitent trouver un emploi ou une carrière ainsi que pour les entreprises qui souhaitent recruter cette population.

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Quels sont les avis des jeunes diplômés sur le Village de l’Emploi ?

Les jeunes diplômés sont très satisfaits du système mis en place par le village. Ils font part de leur satisfaction quant à la disponibilité et sollicitude des responsables, ainsi qu’à la qualité des formations proposées et aux ressources mises à disposition.

Quels sont les avis des experts sur le Village de l’Emploi ?

Les experts sont globalement favorablement impressionnés par ce système. Ils soulignent sa capacité à offrir aux jeunes diplômés une opportunité unique, à travers un accompagnement personnalisé et une formation spécialisée.

Comment le Village de l’Emploi peut-il aider les jeunes diplômés à trouver un emploi?

Le village de l’emploi propose plusieurs outils et services pour aider les jeunes diplômés à trouver un emploi : il met à disposition une base de données actualisée régulièrement, organisée par secteur d’activité et offrant toutes sortes d’informations concernant chaque poste ; un module de connexion personnelle permettant aux jeunes diplômés de se connecter directement aux entreprises ; et enfin une rubrique « Conseils » offrant des informations utiles pour faciliter la recherche d’emploi.

Quels sont les outils et services proposés par le Village de l’Emploi ?

La Base de Données: Il propose une base de données actualisée régulièrement, organisée par secteur d’activité et fournissant une multitude d’informations telles que profil recherché, salaire et conditions liées au poste, etc.

Le Module de Connexion Personnelle: Les jeunes diplômés peuvent se connecter directement aux entreprises et postuler pour des emplois dans leur domaine.

Conseils: le village propose également un certain nombre de conseils pratiques pour faciliter la recherche d’emploi, notamment en termes de CV ou de lettres de motivation.

Quels sont les conseils pour trouver un emploi grâce au Village de l’Emploi?

Élaborer un CV clair et percutant: Il faut être conscient que le premier contact que vous avez avec votre employeur potentiel est votre CV et qu’il doit refléter fidèlement vos compétences et expériences professionnelles.

Rédiger une lettre de motivation bien construite: La lettre de motivation doit être pertinente, précise et convaincante. Elle ne devrait pas excéder une page et doit mettre en avant vos qualités personnelles ainsi que votre motivation pour le poste.

Garder toujours à l’esprit son objectif professionnel: Devenir conscient des attentes des employeurs et veiller à ce que toute candidature soit adaptée à cette perspective est essentiel si l’on souhaite obtenir des résultats positifs.

Mettre à jour régulièrement sa base de données: Garder une trace des offres d’emploi qu’on a consulté, postulé ou refusé est important. Cela aide à suivre les progrès effectués et donne une meilleure idée du type d’offres qui correspondent le mieux à nos compétences.

Le Village de l’Emploi offre aux jeunes diplômés un espace unique pour trouver un emploi ou une carrière.

Au quotidien « La Montagne », des rotativistes en colère

Le siège du journal « La Montagne », à Clermont-Ferrand, en septembre 2019.

Voilà bientôt deux mois que la tension grimpe à La Montagne. Une colère qui gronde particulièrement au sein de l’imprimerie de Morel-Ladeuil, à Clermont-Ferrand, un des deux centres d’impression du groupe de presse Centre France. Des rotativistes du journal clermontois se sont mis en grève ou ont débrayé à plusieurs reprises depuis la mi-janvier pour manifester contre des conditions de travail et de rémunération qu’ils jugent insatisfaisantes, ainsi que pour afficher leurs craintes découlant de la construction d’une nouvelle imprimerie en 2024.

Quatre numéros de La Montagne ne sont pas sortis des rotatives depuis le jeudi 19 janvier, ainsi que plusieurs journaux du groupe imprimés sur le même site comme Le Populaire du Centre, Le Berry républicain, L’Eveil de la Haute-Loire. Trois représentants du syndicat Filpac-CGT − majoritaire à l’imprimerie de Morel-Ladeuil − et un de FO ont été reçus par la direction adjointe et les responsables de l’imprimerie, mardi 28 février, pour demander le paiement des jours de grève et une augmentation des salaires à l’imprimerie. Jugeant que cette réunion n’avait permis aucune avancée, les rotativistes ont fait un nouveau débrayage dans la nuit de mardi à mercredi, ce qui a rendu impossible l’impression de l’édition de la métropole clermontoise pour la troisième fois.

Les discussions sur les négociations annuelles obligatoires (NAO) 2022 n’ont pas aidé à apaiser les tensions. La direction de Centre France a refusé une augmentation générale des salaires pour ses 1 850 employés, mettant en avant la fragilité du modèle économique de la presse dans un contexte inflationniste. Comme d’autres titres de presse quotidienne régionale en 2022, le groupe présent dans quinze départements a souffert de l’explosion du coût du papier journal et des coûts de production (énergie, encres, distribution…). Un moment d’autant plus délicat que le modèle économique des huit titres quotidiens et des neuf hebdomadaires reste très dépendant du journal imprimé, alors que celui-ci se vend de moins en moins bien. Aujourd’hui, environ 85 % du chiffre d’affaires du groupe Centre France serait en provenance de l’édition imprimée, alors que seuls 15 % viendraient des abonnés à la version numérique.

Déclenchement d’un droit d’alerte

Malgré ce contexte difficile, le groupe s’apprêterait à clôturer ses comptes 2022 à la fin du mois de mars en étant légèrement bénéficiaire, mais la direction aurait averti les syndicats du « risque d’un exercice financier déficitaire en 2023 ». S’inquiétant de la gestion des comptes de l’entreprise, le CSE de La Montagne et plusieurs autres entités du groupe ont déclenché un droit d’alerte afin d’en savoir plus.

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