Au Royaume-Uni, la fin des aides liées au Covid-19 fait craindre une réduction du pouvoir d’achat
Le Royaume-Uni est l’un des premiers pays à vraiment oser le faire : commencer à retirer les aides exceptionnelles mises en place pendant la pandémie. Le 1er octobre, le chômage partiel, créé dans l’urgence en mars 2020, a été entièrement supprimé. Mercredi 6 octobre, la principale allocation sociale du pays, le « crédit universel », a été remise à son niveau d’avant le Covid-19 : 5 millions de ménages vont toucher 20 livres sterling (23,50 euros) de moins par semaine, soit 1 000 livres par an. Le tout se produit alors que les prix de l’énergie s’envolent.
« Une contraction majeure des revenus, qui sera concentrée sur les foyers à faibles et moyens revenus, se prépare pour cet hiver », avertit la Resolution Foundation, un groupe de réflexion. Malgré le fort rebond économique depuis la suppression de toutes les restrictions sanitaires début juillet, le retrait des mesures de soutien est en effet loin d’être marginal. Au 31 juillet, dernières statistiques disponibles, il restait 1,6 million de salariés au chômage partiel. Certes, leur nombre baissait rapidement (– 340 000 rien qu’en juillet), mais il y en avait encore probablement fin septembre plusieurs centaines de milliers. Beaucoup devront désormais pointer au chômage. Certains secteurs qui ne se sont pas encore remis de la pandémie, comme l’aérien, par exemple, risquent d’être frappés de plein fouet.
Quant au crédit universel, il représente une aide essentielle pour de nombreux Britanniques. Avec 20 livres sterling en moins par semaine, les 5 millions de foyers concernés perdront, en moyenne, 5 % de leurs revenus, et 1 million en perdent même 10 %. Dans certains cas, certes rares, cela peut atteindre 25 %. Le Guardian cite l’exemple d’une mère célibataire qui s’occupe de ses deux enfants adultes gravement malades. Les trois membres du foyer touchent chacun le crédit universel, si bien que leurs revenus vont soudain baisser de 3 000 livres.
« Un automne mouvementé »
En ajoutant à cela l’envolée des prix de l’énergie, l’impact sur les foyers à faible revenu risque d’être violent. Le 1er octobre, le plafond de la facture énergétique, qui est réglementé, a augmenté de 12 %. « Le Royaume-Uni fait face à un automne mouvementé », prévient Dan Tomlinson, économiste à la Resolution Foundation.
Pour une fois, le choc pourrait être plus violent à Londres qu’ailleurs, ajoute l’Institute for Fiscal Studies, un groupe de réflexion. Le centre-ville de la capitale britannique n’a pas encore retrouvé son rythme d’avant la pandémie, avec de nombreux Britanniques qui travaillent encore chez eux, au moins partiellement. Les bars et restaurants de la City peinent à revenir à leur niveau d’activité d’autrefois. Les Londoniens comptaient pour 19 % des chômeurs partiels fin juillet, alors qu’ils ne représentent que 14 % des salariés du pays.
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