Amertume au travail : « Le médecin m’a fait comprendre que ce n’était pas de ma faute »

Amertume au travail : « Le médecin m’a fait comprendre que ce n’était pas de ma faute »

Les travailleurs interrogés l’expriment tous : le médecin ou le psychologue qui les a reçus dans un examen du réseau Souffrance et travail leur a fait comprendre que la maltraitance qu’ils ont subie, « ce n’est pas de [leur] faute ». Comme pour Marie (tous les prénoms ont été modifiés), 54 ans, assistante dans un cabinet médical.« Il y avait beaucoup de démissions à cause du patron. Il est toujours en colère, il crie », déclare-elle. Marie a tenu des années, ravalant les « humiliations ». Jusqu’à cette « intimidation » insupportable : « Un jour, il s’est emporté, a tendu son index vers moi en s’avançant jusqu’à ce que je sois contre le mur. J’ai eu très peur. »

Choquée, elle se rend à une consultation Souffrance et travail, dont lui a parlé une amie. « Enfin, quelqu’un m’écoutait ! Le médecin m’a fait comprendre que le patron n’avait pas à m’humilier et que ce harcèlement, ce n’était pas de ma faute. Il m’a interdit de retourner au cabinet. » Elle est en arrêt-maladie depuis le début de 2017, sous antidépresseur et somnifère. En stimulant le fil des événements, elle s’est rappelée de l’instant où les relations sont devenues « complètement invivables ». A son retour d’un arrêt-maladie de cinq mois pour une opération, son travail avait été réparti entre ses collègues. Une façon de lui dire de partir…

« Pousser à bout les salariés pour qu’ils partent »

Pour Jacques, 53 ans, infirmier en hôpital psychiatrique, l’enfer a débuté par des pressions avec une aide-soignante « qui ne travaillait pas ». « Moi, j’aime travailler, mais, au bout de deux ans, j’ai craqué, car je me retrouvais seul avec 26 patients adultes : des drogués, des caïds, et autres. J’ai dénoncé ma collègue à ma supérieure. J’ai compris plus tard que cela ne se fait pas », se souvient-il.

Les soucis s’aggravent. Arrive un nouveau manageur, qui venait d’une raffinerie et a appliqué à l’hôpital la même méthode que dans l’industrie lourde : « Pousser à bout les salariés pour qu’ils partent. » Un jour, sa supérieure l’accuse, à tort, selon lui, d’avoir quitté le service durant deux heures. Il craque et est mis en arrêt de travail pour « anxio-dépression réactionnelle »« Toute mon équipe a subi le même traitement en 2017 et en 2018. Tous les anciens sont partis. C’est du management de boucherie. »

 

 

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LJD

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