Air France-KLM, la piste d’un patron néerlandais

Air France-KLM, la piste d’un patron néerlandais

Le casting est difficile, mais le gouvernement mettra moins de temps pour trouver un nouveau patron à Air France-KLM qu’il ne lui en a fallu, en 2017, pour remplacer le directeur général de la Caisse des dépôts et consignations. Réuni, jeudi 12 juillet, sous la présidence d’Anne-Marie Couderc, successeure intérimaire de Jean-Marc Janaillac, qui a démissionné le 4 mai après l’échec de son référendum sur les salaires, le conseil d’administration fera un point d’étape sur les candidats au poste de PDG et sur la future gouvernance de la compagnie.

Une liste de candidat pourrait être « finalisée cette semaine ou la semaine prochaine », a précisé à l’agence Reuters une source au fait des discussions. Mais c’est le président de la République, Emmanuel Macron, qui aura le dernier mot sur le nom du futur dirigeant de l’entreprise, dont l’Etat détient encore 14,3 % du capital. Le nom de Catherine Guillouard, PDG de la RATP et ancienne dirigeante d’Air France (1997-2007), a été avancé par Le Figaro, mais plusieurs sources gouvernementales démentent son arrivée, invoquant un manque d’expérience à l’international et, surtout, le fait qu’elle n’occupe son poste actuel que depuis août 2017.

La ministre des transports, Elisabeth Borne, expliquait récemment qu’« Air France-KLM est dans une compétition mondiale » et qu’elle a besoin d’« un spécialiste du domaine aérien qui puisse prendre au plus vite les commandes de la compagnie ». Ce recadrage est intervenu après la divulgation du nom de Philippe Capron. Le directeur général adjoint de Veolia chargé des finances avait les faveurs du comité de nomination d’Air France-KLM, mais pas celles du ministre de l’économie, Bruno Le Maire.

L’hypothèse d’un patron néerlandais revient. Selon Challenges, le comité exécutif du groupe franco-néerlandais défendrait une candidature du président du directoire de KLM, Pieter Elbers. Mais à peine sorti, ce scénario a été démenti par la direction d’Air France-KLM qui a évoqué « une rumeur sans fondement ». D’autres noms ont été cités : des dirigeants ou ex-dirigeants de filiales, comme Nathalie Stubler (Transavia) ou Lionel Guérin (Hop !) ; celui de Marc Rochet, ancien patron d’Air Caraïbes, pourtant hors course en raison de ses 67 ans ; celui de Bruno Matheu, ex-directeur général délégué d’Air France parti pour la compagnie émiratie Etihad entre 2014 et 2017.

La question de la rémunération du futur PDG est aussi posée. Le patron d’Air France-KLM est beaucoup moins bien payé (environ 600 000 euros bruts, plus une part variable liée aux résultats) que ses homologues des grandes compagnies concurrentes, notamment celles du Golfe ou même d’Europe (British Airways, Lufthansa…). Difficile, dans ces conditions, d’attirer un patron chevronné.

Le gouvernement et l’entreprise ont-ils tranché sur la structure de la nouvelle gouvernance ? Trois scénarios sont envisageables : un président non exécutif, accompagné d’un directeur général exécutif d’Air France-KLM ; un PDG à la fois à la tête du groupe et président de la compagnie Air France au côté d’un PDG pour KLM, comme c’était le cas sous M. Janaillac ; ou un PDG du groupe au profil très international chargé des grandes alliances et du développement mondial, avec deux patrons plus opérationnels pour Air France et KLM.

Une chose est sûre, les Néerlandais veulent avoir davantage voix au chapitre. Et c’est logique. Dans l’alliance, KLM affiche un chiffre d’affaires trois fois inférieur à celui d’Air France, mais elle a généré près des deux tiers du résultat 2017. L’Etat doit aussi tenir compte des avis des actionnaires d’Air France-KLM. Notamment de celui de l’américain Delta Airlines (8,8 %), entré au capital en 2017 avec China Southern Airlines (8,8 %), deux compagnies à la fois actionnaires et partenaires commerciales sur des destinations capitales pour le groupe franco-néerlandais.

En revanche, la question d’une vente de sa participation par l’Etat n’est pas à l’ordre du jour. Air France-KLM n’est pas inscrit sur la liste des privatisables. D’autant que les grèves qui se sont étalées de février à mai ont entraîné une perte cumulée de 350 millions d’euros. Elle a pesé sur le cours et douché de potentiels investisseurs, qui voient le redressement engagé par M. Janaillac compromis. Le groupe vaut 3,1 milliards d’euros, valorisant la participation publique à 450 millions.

Le groupe AccorHotels, qui s’est porté candidat au rachat de la part de l’Etat, reste en embuscade. Dirigeants et salariés d’Air France n’y sont pas favorables, mais le géant aux 3 900 hôtels est intéressé par son portefeuille de clients. Il prépare un tour de table d’investisseurs français et européens pour que son offre soit eurocompatible en cas de vente par l’Etat, alors que 28 % de son capital est détenu par des Qataris, des Saoudiens et surtout des Chinois. En entrant dans Air France-KLM, le groupe de Sébastien Bazin se protégerait des appétits de son premier actionnaire (12,32 %) et concurrent Jin Jiang.

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LJD

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