A Sciences Po, une vraie face de la différence

A Sciences Po, une vraie face de la différence

L’Institut d’études politiques parisien multiplie les voies de recrutement, mais trouve  encore une difficulté à s’ouvrir aux jeunes des zones rurales et périphériques. Une réforme des voies d’accès en première année est prévue en 2021.

Claire l’avoue aisément. Avec ses « bons résultats sans plus » – bac ES mention « assez bien » dans un lycée privé parisien –, elle aurait eu du mal à intégrer Sciences Po Paris à la fin de son année de terminale. Aisément conseillée, elle a convaincu ses parents de la laisser partir suivre une licence de sciences politiques en Angleterre, à l’université d’York. En janvier 2017, six mois avant l’obtention de sa licence, elle postule à Sciences Po afin d’intégrer l’école en master. Non pas par le concours classique, mais par la procédure internationale, un mécanisme réservé aux étrangers et aussi – et ils sont nombreux – aux Français qui ont étudié hors de nos frontières.

Pas de bachotage durant des mois. Pas d’angoisse en  vue d’un sujet de dissertation inconnu. Pas de stress avant un entretien décisif. Juste une lettre précieusement préparée et un dossier. Quelques semaines plus tard, la réponse tombe : elle est admise à la prochaine rentrée. « Quand je suis partie en Angleterre, j’avais en tête que cette stratégie me permettrait d’intégrer une meilleure école que celle à laquelle je pouvais prétendre après le bac ou en faisant une prépa, que cela soit Sciences Po ou une école de commerce type HEC », décalre celle qui dit avoir acquis de l’autre côté de la Manche, outre un très bon niveau d’anglais, une capacité à « penser par elle-même », et qui fait un « stage dans une start-up de cosmétiques naturels », entre ses deux années de master.

La méconnue procédure internationale

Si cet action internationale permet à Sciences Po de diversifier le pedigree de ses admis, elle reste exclusivement aux connaisseurs. Des « initiés » qui savent que seuls les excellents élèves réussissent à entrer à Sciences Po après le bac. En juin 2018, 86 % des 5 680 lycéens qui se sont présentés au concours ont été recalés. Ceux qui traversent la ligne « ont rarement eu moins de 16/20 de moyenne aux épreuves anticipées du bac, détaille Bénédicte Durand, directrice des études et de la scolarité à Sciences Po. L’année dernière, 97 % de nos admis en première année ont eu une mention “bien” ou “très bien” ».

Avec 17/20 de moyenne en première et 18/20 en terminale ES, Cyann rentrait dans ces cases. Née en Ardèche, elle va au lycée à Privas, la plus petite préfecture de France. Elle se considère comme faisant partie des « privilégiés » : ses parents, enseignants tous les deux, la supportent dans ses révisions et l’aident à comprendre les critères attendus, l’inscrivent à la prépa du CNED dès la première… Soirs et week-ends sont dédié à la préparation du concours – elle se garde juste du temps pour ses cours de théâtre. « Je lisais beaucoup moins de romans qu’avant, et faisais moins de sport, voyais moins mes amis. »

 

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LJD

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