A Paris, des milliers de manifestants pour mettre les questions sociales au cœur du débat de la présidentielle
Ils sont venus par milliers, malgré la pluie, porter des revendications sociales et salariales dans les rues de Paris. Quelque 6 400 personnes, selon le ministère de l’intérieur – 25 000 selon la CGT –, ont manifesté, mardi 5 octobre, dans la capitale à l’appel des syndicats CGT, FO, Solidaires et FSU, ainsi que des organisations de jeunesse FIDL, MNL, UNEF et UNL.
Environ 200 points de rassemblement étaient prévus sur l’ensemble du territoire, selon la CGT. Cette dernière avance le chiffre de plus de 160 000 manifestants à travers toute la France – 85 400 selon le ministère de l’intérieur.
Les mots d’ordre étaient divers pour cette première manifestation interprofessionnelle de la rentrée, comme en témoignait la banderole de tête du cortège parisien : « Retraites, salaires, services publics, assurance-chômage, non à la régression sociale, non au passe sanitaire comme outil de répression ».
Parmi les manifestants de la capitale, des jeunes alertant sur la précarité des étudiants, des personnes sans emploi dénonçant la réforme de l’assurance-chômage, des salariés inquiets de devoir partir à la retraite plus tard, des employés sur le point d’être licenciés, des fonctionnaires déplorant la « casse du service public », ou encore des travailleurs dont le salaire n’assure pas des fins de mois sereines. « Jeunes actifs, chômeurs et retraités, c’est tous ensemble qu’il faut lutter ! Jeunes actifs, chômeurs et retraités, c’est tous ensemble qu’on va gagner ! », ont clamé les manifestants, qui ont défilé dans le calme.
Conditions de travail dégradées
Frédérique, 50 ans, professeure en maternelle à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), est surtout venue pour dénoncer ses conditions de travail qui « se dégradent » et les salaires « gelés depuis dix ans » dans la fonction publique. « On entend souvent dire que les services publics ne fonctionnent pas, et on nous accuse nous, fonctionnaires, d’en être responsables, mais personne ne se dit que c’est à cause du manque de moyens », déplore l’enseignante, aux côtés de deux collègues.
« Dans ma classe de petite section, il y a 30 élèves, et plusieurs qui auraient besoin d’aides spécifiques que nous n’avons pas », ajoute Morgane, 44 ans, enseignante dans le Val-d’Oise. Avec respectivement dix-neuf et vingt et un ans d’ancienneté, elles gagnent environ 2 000 euros net par mois. « Et on perd du pouvoir d’achat depuis dix ans à cause du gel du point d’indice », ajoutent ces enseignantes. Les primes annoncées par Jean-Michel Blanquer l’an dernier ne les ont pas concernées. « Je n’ai jamais eu autant l’impression qu’on se moquait de moi en vantant une “revalorisation historique” », s’énerve Morgane. Le ministère de l’éducation nationale dénombrait 4,06 % de grévistes en moyenne parmi les enseignants mardi midi.
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