A l’usine de la Monnaie de Paris, à Pessac, « le passage du franc à l’euro nous a amenés à nous moderniser »

A l’usine de la Monnaie de Paris, à Pessac, « le passage du franc à l’euro nous a amenés à nous moderniser »

Dans un atelier de l’usine de la Monnaie de Paris, à Pessac (Gironde), en mars 2016.

Au milieu d’une zone industrielle, le bâtiment de l’usine de la Monnaie de Paris, à Pessac (Gironde), est resté figé. Intact, dans son architecture de 1973, époque de sa création. De longs couloirs rectilignes, vitrés sur le reste de l’usine. Si le site parisien, situé quai de Conti, et son musée sont hébergés dans le somptueux bâtiment voulu par Louis XV, l’usine pessacaise a un tout autre visage. En 1958, Charles de Gaulle approuve un rapport du comité de décentralisation selon lequel les installations monétaires doivent être éloignées de la région parisienne. Le projet girondin est lancé.

Aujourd’hui encore, Paris conserve les productions d’art, la frappe de l’or, ou encore de collections de prestige, quand Pessac produit les frappes industrielles. « On fait de la dentelle à Paris, et l’usine est à Pessac », explique en souriant Nicolas Cozon, 59 ans, maître graveur de l’usine girondine. Le 1er janvier, l’euro fêtera les vingt ans de sa mise en circulation. Et c’est ici, à Pessac, qu’ont été – et sont encore – frappées les pièces destinées au grand public.

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A l’époque, ce projet met l’usine en effervescence, des nouvelles machines sont installées, et près de soixante-dix personnes sont embauchées. Quatre ans avant le lancement de l’euro, les ouvriers s’affairent, raconte fièrement Eric Putcrabey, 55 ans et monnayeur depuis quinze ans à l’usine de la Monnaie de Paris, à Pessac. « Le passage du franc à l’euro nous a amenés à nous moderniser », se souvient-il.

Si les anciennes machines réalisaient la frappe des pièces à 260 coups par minute, les nouvelles le font au rythme de 800 coups par minute. Une véritable révolution. « Ça a changé le métier, il fallait être plus précis car, quand on gagne de la vitesse, on doit gagner de la précision, poursuit-il. Le passage à l’euro nous a tirés vers le haut. Par exemple, nous avons commencé à faire de la fleur espagnole [sept cannelures profondes] sur la tranche des pièces de 20 centimes, ce que nous ne faisions pas avant. »

En juin 1998, les machines se mettent en marche : 2 à 2,5 milliards de pièces sont fabriquées chaque année pendant quatre ans, afin d’être prêt à temps. Aujourd’hui, l’usine produit, sur l’euro et les monnaies courantes étrangères, environ 1,2 milliard de pièces. Des commandes spéciales sont également passées à la Monnaie de Paris, comme des pièces de collection, ou commémoratives.

Minutie d’un geste réalisé à la main

Dans son atelier, situé à l’étage de l’usine, Nicolas Cozon raconte son métier « passion », la minutie d’un geste réalisé à la main, qu’il accomplit chaque jour, aux côtés de trois autres maîtres graveurs. Dans l’atelier de production, Arthur Mouline, 26 ans, fait partie de la nouvelle génération. Arrivé il y a six ans, son poste à l’atelier d’outillage utilise une technologie nouvelle, le laser, « un nouveau métier », explique-t-il. « Ce qu’on arrivait à faire en vingt-quatre heures auparavant, on le réalise en trois heures aujourd’hui », avec notamment une autre pratique innovante pour l’usine pessacaise, l’utilisation de la couleur.

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