A Belfort, mobilisation modeste et division syndicale pour General Electric

A Belfort, mobilisation modeste et division syndicale pour General Electric

Ils étaient tout au plus 2 000 à battre le pavé, samedi, pour témoigner leur soutien aux salariés. La nouvelle mouture du Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) sème la discorde parmi les syndicats.

Par Publié aujourd’hui à 17h39

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Dans la manifestation du 19 octobre 2019 à Belfort.
Dans la manifestation du 19 octobre 2019 à Belfort. VINCENT KESSLER / REUTERS

Fissurée depuis quelques jours, l’intersyndicale a explosé en direct, devant les micros et les caméras des journalistes. Le « clash » s’est produit au pied de la Maison du peuple, point de départ, samedi 19 octobre à Belfort, de la manifestation organisée en soutien aux salariés de General Electric (GE) confrontés à un plan de restructuration très lourd. Elle a réuni quelque 2 000 personnes, un chiffre bien inférieur à celui du précédent défilé, le 22 juin (près de 5 000 participants).

La prise de parole de son représentant à peine achevée, la CGT s’est désolidarisée de la foule pour prendre la direction, avec quelques centaines de personnes, de la Porte de la découverte et du piquet de grève qui bloque l’accès du site de GE depuis le 7 octobre. Sans écouter le discours des représentants de la CFE-CGC ni de Sud qu’elle a copieusement sifflés et hués. Ces deux organisations syndicales ont ensuite pris la même direction, mais par un itinéraire différent. « C’est triste… », regrettait un manifestant. C’est précisément maintenant que l’unité syndicale est primordiale. »

Motif de la discorde : la nouvelle mouture du Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) rejetée par la CGT, « parce qu’elle n’offre pas assez de garanties sur le projet industriel », et acceptée par la CFE-CGC et Sud, « parce qu’elle est le moins pires des compromis ». Son contenu doit être soumis au vote des salariés (à main levée) lundi 21 octobre, à partir de 10 h 30. Ce sont eux qui acteront, ou non, la reprise du travail.

« Le problème, ce sont les prédateurs financiers »

Que dit cette nouvelle version du PSE dévoilé le 28 mai ? Que ce ne sont plus 792 emplois, mais environ 500 qui seraient supprimés. L’effectif du pôle gaz passerait ainsi de 1 760 postes au 30 avril 2019 à 1 400 avant la fin du premier trimestre 2020, avec des départs volontaires et un plan senior, et à 1 275 à partir du dernier trimestre 2020 avec, si nécessaire, des départs contraints. La direction a conditionné la mise en œuvre de ce nouveau PSE à la levée du piquet de grève, mais sans fixer de date butoir. En fin d’après-midi, samedi, la CGT n’avait pas encore fait part de ses intentions.

« Le volet social est important, mais ce qu’on veut, c’est un avenir industriel pour Belfort, plaide Michel, 67 ans, retraité d’Alstom, venu soutenir les salariés dans leur combat. La direction dit vouloir travailler à la diversification du site dans l’aéronautique avec un objectif de 200 emplois à l’horizon 2023. Ce n’est pas assez. Pour poursuivre l’aventure industrielle qui a démarré ici il y a 140 ans, il faut aller beaucoup plus loin. »

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Pour Otis David, contrôleur en imagerie 3D à Bourogne, l’autre site de GE dans le département (fabrication d’ailettes), « le problème, ce sont les prédateurs financiers. Ce sont eux qui mènent le monde aujourd’hui, pas les politiques. » Agé de 45 ans et père de trois enfants, il avait quinze ans lorsqu’il a intégré le CFA d’Alsthom (qui n’avait pas encore perdu son « h »). Il participe au blocage des deux sites de GE depuis le début, du matin au soir. Plus rien n’entre, ni ne sort, de la plus petite pièce à la turbine. La semaine, il est à Belfort, le week-end à Bourogne. Pas question de recourir à la violence, ni d’abîmer l’outil industriel : « On veut montrer que les voyous, ce sont eux, pas nous ! Un emploi perdu chez GE, ce sont trois à cinq autres détruits à l’extérieur par effet domino. »

Pour Henri, 73 ans, ancien commercial, ce qui se passe en ce moment avec General Electric ne concerne pas seulement Belfort, mais la France entière : « L’Etat a abandonné son industrie, et depuis trop longtemps. Il doit la replacer de toute urgence au centre de ses préoccupations. Les élus locaux ont aussi un rôle à jouer : ils doivent passer à l’offensive, être force de proposition, mouiller vraiment la chemise. Pour cela, il faut une volonté politique. » Il s’inquiète : « Mais en sont-ils seulement capables ? »

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LJD

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