« Un soudeur, c’est tout sauf un presse-bouton ! » : aux championnats de France de soudure, la quête de travailleurs (très) qualifiés
ReportagePendant trois jours, professionnels, amateurs, marques et recruteurs se sont réunis à Vierzon pour « redorer le blason d’un métier dévalorisé », aux procédures de formation et de recrutement mal adaptées.
Au coup de sifflet, ils ont abaissé les deux visières de leur impressionnant masque noir et les étincelles ont jailli des établis. Le début, vendredi 1er octobre, des trois jours de compétition du championnat de France de soudure, à Vierzon (Cher). Une première sous cette forme : en parallèle de la compétition – qui a vu s’affronter 65 candidats présélectionnés parmi 900 candidatures – se tenait un genre de salon du soudage, tables rondes, « job dating », stands de marques et d’entreprises (EDF, Framatome, Endel, Ortec, Artis…). Lesquelles ne faisaient pas mystère de la raison de leur présence : recruter.
« Quand on a lancé l’idée de cet événement, on a très vite eu des retours positifs de tous ces partenaires. Mettre en avant ce métier, qui reste très recherché année après année, est stratégique pour beaucoup de nos industries », confie Mehdy Addad, l’un des deux organisateurs. « Il y a une pénurie de soudeurs ! », résume Guillaume R., candidat venu de Bourgogne. « Dans ce métier, c’est le travail qui vient à vous ! », s’enthousiasme Nicolas P. , soudeur marseillais. Ceux qui concourent sont des passionnés, qui décrivent le plaisir du « faire de ses mains » et la satisfaction du travail bien fait, dans un métier-clé.
« La soudure est partout : les ponts, les avions, le bâtiment… Sans soudeur, pas de centrale nucléaire qui fonctionne, ni de gaz qui voyage en sécurité », rappelle Mehdy Addad. Et pourtant, « personne ne veut faire soudeur », déplore son complice Christophe Lagarde. C’est pour « redorer le blason d’un métier dévalorisé » que ces deux-là, formateurs en soudure dans le Cher, ont pris l’initiative de ce championnat de France, s’appuyant sur leur communauté en ligne : Soudeurs 2.0, la chaîne YouTube où Christophe Lagarde présente des tutoriels, compte 80 000 abonnés, sa page Facebook, 25 000.
Marché aux réalités complexes
Pourquoi ces difficultés à recruter ? Les échanges, ce week-end à Vierzon, montrent que l’expression rabattue de « pénurie de main-d’œuvre » cache une réalité complexe. La première surprise vient des données. Partenaire de l’événement, Randstad a présenté une étude sur le marché du métier. Au printemps, 16 000 postes étaient à pourvoir. Mais, selon les territoires, on compte 3 à 10 soudeurs demandeurs d’emploi pour une offre, ce qui, à rebours du témoignage de tous les professionnels, n’en fait donc pas officiellement un « métier en tension ».
On compte 3 à 10 demandeurs d’emploi pour une offre, ce qui, à rebours des témoignages, ne fait pas officiellement un « métier en tension »
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