Les contractuels au secours de l’éducation nationale

Les contractuels au secours de l’éducation nationale

Les défis de l’école 3/5. Face à la crise du recrutement, ces « saisonniers » sont devenus indispensables à l’institution.

Par Publié hier à 11h24, mis à jour à 09h27

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Pour la première fois, Jeanne, 34 ans, aborde la rentrée « sereinement ». Pas de coup de fil à attendre, pas de jours à compter avant que le service des remplacements du rectorat de Paris ne la contacte : lundi 2 septembre, c’est comme fonctionnaire stagiaire que la jeune femme, qui vient de décrocher le concours de professeur des écoles, fera sa rentrée. « Dans ma classe… », souffle-t-elle.

Après quatre années à sillonner les écoles de l’est de la capitale comme contractuelle – c’est-à-dire sans le diplôme, sans le statut d’une enseignante-type –, Jeanne ne cache pas sa joie. « Aller à la pêche aux contrats, pointer le reste du temps chez Pôle emploi, voir sa feuille de paie amputée de 500 euros les mois où l’on ne travaille pas… personne ne peut s’en satisfaire », résume cette ancienne directrice Web dans le marketing, qui témoigne anonymement (comme tous les enseignants cités ici). Son « virage professionnel », Jeanne l’a opéré à l’aube de ses 30 ans. Elle n’en retient pas « que du négatif ». Bien au contraire : « C’est grâce à ce parcours que je sais à quoi m’attendre… Et que je suis sûre d’avoir envie de faire ce métier ! »

Le « job » n’attire plus

Cette envie, Laure, 45 ans, explique aussi l’avoir « chevillée au corps ». Depuis deux ans, cette mère de trois enfants, diplômée en informatique, enchaîne les missions de remplacement de « quelques jours » à « quelques mois » dans des écoles du nord de l’académie de Poitiers. Une académie qui a fait parler d’elle, avant l’été, en organisant un « job dating » pour présélectionner des contractuels. L’initiative a fait réagir les syndicats d’enseignants, qui ont dénoncé une « méthode inspirée du privé » contribuant à diffuser l’image d’un « job au rabais ».

Sauf qu’ils l’admettent eux-mêmes, le « job » n’attire plus. Année après année, ils se confrontent à son manque d’attractivité révélé par une crise du recrutement qui s’est installée dans le temps. Les disciplines dites « déficitaires » sont connues : lettres, mathématiques, allemand… Les « causes » le sont tout autant : les enseignants citent, pêle-mêle, l’« effet ciseaux » des suppressions de postes sous la droite suivies de recréations d’emplois sous la gauche (qui n’en ont pas compensé les effets), l’élévation du niveau de recrutement (à bac + 5), la quasi-suppression de la formation, l’image dégradée du métier, les salaires jugés insuffisants…

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LJD

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