Amertume au travail : « Le médecin m’a fait comprendre que ce n’était pas de ma faute »
Choquée, elle se rend à une consultation Souffrance et travail, dont lui a parlé une amie. « Enfin, quelqu’un m’écoutait ! Le médecin m’a fait comprendre que le patron n’avait pas à m’humilier et que ce harcèlement, ce n’était pas de ma faute. Il m’a interdit de retourner au cabinet. » Elle est en arrêt-maladie depuis le début de 2017, sous antidépresseur et somnifère. En stimulant le fil des événements, elle s’est rappelée de l’instant où les relations sont devenues « complètement invivables ». A son retour d’un arrêt-maladie de cinq mois pour une opération, son travail avait été réparti entre ses collègues. Une façon de lui dire de partir…
« Pousser à bout les salariés pour qu’ils partent »
Pour Jacques, 53 ans, infirmier en hôpital psychiatrique, l’enfer a débuté par des pressions avec une aide-soignante « qui ne travaillait pas ». « Moi, j’aime travailler, mais, au bout de deux ans, j’ai craqué, car je me retrouvais seul avec 26 patients adultes : des drogués, des caïds, et autres. J’ai dénoncé ma collègue à ma supérieure. J’ai compris plus tard que cela ne se fait pas », se souvient-il.
Les soucis s’aggravent. Arrive un nouveau manageur, qui venait d’une raffinerie et a appliqué à l’hôpital la même méthode que dans l’industrie lourde : « Pousser à bout les salariés pour qu’ils partent. » Un jour, sa supérieure l’accuse, à tort, selon lui, d’avoir quitté le service durant deux heures. Il craque et est mis en arrêt de travail pour « anxio-dépression réactionnelle ». « Toute mon équipe a subi le même traitement en 2017 et en 2018. Tous les anciens sont partis. C’est du management de boucherie. »