« Le Dauphiné libéré » : le plan de sauvegarde de l’emploi proposé par la direction rejeté
C’est un caillou dans la chaussure de Christophe Victor, le directeur général du Dauphiné libéré, qui avait annoncé, en novembre 2023, la mise en place d’un plan d’économies pour le quotidien grenoblois. La direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets) de la région Auvergne-Rhône-Alpes a fait savoir, jeudi 28 mars, à la direction du titre détenu par le groupe Ebra qu’elle refuse d’homologuer le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) qui lui a été proposé.
L’administration du travail estime que l’évaluation des conséquences sur la charge de travail des salariés est trop imprécise. Le plan de restructuration proposé le 20 février est « de nature à accentuer les risques psychosociaux » au sein de l’entreprise du fait d’une « non-prise en compte ou de la méconnaissance » des situations de travail initiales, selon le document de la Dreets. Les salariés restant après le plan social seraient ainsi « exposés à une forte charge de travail que l’opération de restructuration aggraverait ».
« Une structure extérieure valide ce que notre cabinet d’expertise disait déjà : nous sommes bien au bord de la rupture, commente Agnès Briançon, copremière secrétaire générale du Syndicat national des journalistes (SNJ). Cela faisait longtemps qu’on disait qu’il y avait des risques psychosociaux non pris en compte, des conditions de travail pas bonnes, des charges de travail mal évaluées », ajoute la journaliste du Dauphiné libéré.
Des comptes dans le rouge pour la première fois
De son côté, Christophe Victor minimise le rejet de son plan. « On avait fait l’analyse de la charge de travail service par service. La Dreets souhaite qu’on procède par individu et on va rapidement apporter les précisions nécessaires de manière à les rassurer », assure le dirigeant visé par une motion de défiance, fin janvier, comme Philippe Carli, le président d’Ebra.
Fragilisés par la baisse des ventes (la diffusion France payée a chuté de 6,19 % en 2023 par rapport à 2022), un recul important de la publicité et la crise du portage, les comptes du journal ont terminé dans le rouge en 2023 pour la première fois. La direction du titre, anticipant un déficit de 4 millions d’euros en 2023, avait annoncé, fin novembre, un plan d’économies d’un montant de 4,2 millions d’euros.
Elle souhaitait mettre en place un plan de départs volontaires qui concernait vingt postes (dont six journalistes), ainsi que six départs « naturels » non remplacés, en contrepartie de quatre créations de poste et de seize titularisations de CDD. Vaucluse Matin, qui appartient au Dauphiné libéré, devait être particulièrement touché, avec la suppression de six à dix postes. A Avignon, les bureaux du journal, ouverts en 1946, devaient fermer leurs portes.
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