Le congé solidaire, un dispositif méconnu mais efficace pour sensibiliser aux enjeux environnementaux
« Dépaysant », « bouleversant », « inspirant », « c’est vraiment une super idée »… Alexia Festin, salariée de Maisons du monde (MDM), ne cache pas son enthousiasme depuis fin mars, date de son retour de congé solidaire organisé par la Fondation MDM sur l’île de Saint-Honorat (Alpes-Maritimes). Elle est allée y planter des oliviers avec une dizaine de collègues. « Une fois rentrée à Vertou [Loire-Atlantique], j’ai cherché autour de chez moi des associations pour découvrir la biodiversité de ma région. » Un an plus tôt, d’un programme de reforestation en Equateur, une autre salariée de MDM, Danièle Esnée, parlait de « voyage extraordinaire ». Plébiscité par ceux qui l’ont essayé, le congé solidaire fait son chemin dans les milieux professionnels depuis une vingtaine d’années.
Comme Alexia et Danièle, plus de 10 000 volontaires sont partis en congé solidaire depuis vingt-trois ans. Un modeste bilan qui a vocation à doubler d’ici à 2030 : c’est en tout cas l’objectif de Planète Urgence. Cette association qui prépare les missions avec les ONG locales l’a annoncé dans un Livre blanc à destination des entreprises.
Plus de 400 employeurs (entreprises et collectivités) ont financièrement soutenu le dispositif depuis sa création, des grands groupes de tous secteurs (EDF, Engie, Servier, Somfy, Maisons du monde, Mazars, Capfi, Bpifrance) comme des PME (ATPS, BETC). Les entreprises se renouvellent d’une année sur l’autre. « Trente-trois entreprises représentant 335 000 salariés sont engagées pour l’année 2023. Les petites entreprises ouvrent une ou deux places pour un départ, les grandes peuvent aller jusqu’à quarante salariés par an », indique Amandine Hersant, la directrice générale de Planète Urgence. L’association organise en octobre le mois du volontariat en entreprise, en collaboration avec le ministère de l’Europe et des affaires étrangères.
Deux semaines au maximum
A l’origine, le concept du congé solidaire a été créé fin 1999 par Hervé Dubois, actuellement directeur de l’Institut de coopération internationale. Après une expérience en mission avec Médecins du monde, où il avait embarqué des salariés de la Caisse des dépôts dans le nord de l’Irak, il en a conclu qu’il était intéressant d’ouvrir le monde de l’humanitaire à des gens qui ont des compétences de l’entreprise. Il a fondé l’association Congé solidaire, en 2000, devenue depuis Planète Urgence. « Nous avons lancé ce projet avec la Caisse des dépôts et Yves Saint Laurent, se souvient-il. La première volontaire du congé solidaire a été une patronnière chaussures de chez Yves Saint Laurent. Elle était partie au Kosovo pour mettre en place une gestion de stocks. » « La plupart des associations ne reçoivent de compétences que par ce levier-là », souligne Amandine Hersant.
Il vous reste 58.77% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.