Les MBA se féminisent, non sans difficultés : « Le plus gros problème des femmes, c’est qu’elles doutent d’elles-mêmes »
Bientôt la parité au sein des MBA ? Alors que, pendant longtemps, les femmes ne représentaient que 20 % des effectifs de ces formations à destination des cadres, aujourd’hui, de plus en plus d’écoles de management revendiquent un équilibre hommes-femmes parfait, ou presque. Professeure à l’Essec et spécialiste de la place des femmes dans les entreprises, Viviane de Beaufort avance plusieurs explications quant à ce revirement récent. A commencer par l’entrée en vigueur de la loi Rixain sur l’égalité économique et professionnelle, votée fin 2021 : à partir du 1er mars 2026, les entreprises de plus de 1 000 salariés devront compter au moins 30 % de femmes dans les instances dirigeantes – et même 40 % d’ici 2029. « Elles ont pris conscience que le vivier de femmes dont elles disposent est très ténu. Pendant les deux premières années, elles ont nommé toutes les collaboratrices qu’elles pouvaient, mais, là, il va falloir préparer le vivier de demain », explique Viviane de Beaufort. En conséquence, les directions investissent dans du mentorat, du coaching, de l’accompagnement mais aussi de la formation – comme les MBA.
Et les entreprises ne sont pas les seules à changer. La mentalité des jeunes générations évolue, faisant voler en éclats certains freins. « Entre la génération Y [née dans les années 1980] et la Z, née au milieu des années 1990, les femmes se sont largement décomplexées et les plus jeunes osent plus facilement s’affirmer face à leur manageur, estime encore la juriste. Elles vont revendiquer leurs droits et ont un rapport plus contractualisé avec leur conjoint, quand elles sont en couple. » Négociations autour du rôle de chacun dans la parentalité, équité sur l’implication professionnelle : elles aspirent à davantage d’égalité dans le couple et le font savoir.
La famille, longtemps point de blocage, est intégrée dans le processus de décision. Libanaise, Mireille Francis est arrivée en France à 32 ans, seule avec ses deux enfants, avec l’idée de suivre un MBA à l’Essec pour donner un nouvel élan à sa carrière, après plusieurs années à la mission de défense près l’ambassade de France en Arabie saoudite « Ma priorité, c’était justement mes enfants, se souvient-elle. Si j’étais restée à rien faire, ils auraient eu une maman pleine de remords. » Le plus dur à gérer a été la logistique. Mireille Francis s’en est sortie grâce à « une nounou fiable ». Diplômée en 2022, elle est aujourd’hui manageur dans un cabinet de conseil en région parisienne.
Syndrome de l’imposteur
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