I/O Media, le groupe qui possède « Têtu », va être placé en redressement judiciaire
I/O Media, le groupe qui possède le magazine Têtu (Opéra magazine, Lyrik, mais aussi depuis 2022 Ideat, The Good Life et Dim Dam Dom), va mal. « Je place la société en redressement judiciaire pour qu’un administrateur judiciaire m’aide à retraiter la dette », annonce son fondateur, Albin Serviant, qui en a informé la cinquantaine de collaborateurs de son jeune groupe, jeudi 12 octobre dans la matinée.
Mercredi, l’entrepreneur avait déjà alerté ses équipes sur les difficultés traversées : les finances du groupe ne lui permettent pas de rembourser les prêts garantis par l’Etat contractés pendant la crise liée au Covid-19, soit deux millions d’euros. « Têtu va bien, avec 3 millions de chiffres d’affaires et 10 % d’excédent brut d’exploitation, détaille-t-il. Mais le chiffre d’affaires de l’entité Ideat-The Good Life est, à 8 millions, en retrait d’un million d’euros. »
Quelques licenciements au printemps laissaient déjà augurer de difficultés économiques, quand le prix des principales publications avait été augmenté avant l’été pour faire face à l’augmentation du coût du papier. La procédure de redressement judiciaire peut durer six mois, renouvelables une fois, mais peut aussi être interrompue si une solution est trouvée. « Je veux préserver les talents et je crois en ce que je fais », assure Albin Serviant.
Des titres « trop dépendants des kiosques et de la pub »
La refonte du bimestriel The Good Life, cet été, « a été bonne et le Spécial Art de la rentrée a cartonné, se félicite le dirigeant. Avec 30 000 exemplaires vendus, on est revenus à des niveaux de 2021. » Mais la stratégie de diversification qu’il a mise en place avec succès pour Têtu, repris en 2018 au tribunal de commerce, n’a pas encore suffisamment pris pour ces deux autres titres. « Trop dépendants des kiosques et de la publicité », les deux magazines (une nouvelle formule d’Ideat est en préparation pour 2024) « tirent les résultats vers le bas ».
Depuis cet été, Albin Serviant « discute avec tout le monde », espérant trouver un groupe de presse auquel adosser I/O Media. Parmi eux, Prisma Media confirme avoir regardé le dossier, mais aucune offre de rachat « n’est à l’ordre du jour », assure le groupe.