Aérien : Didier Lebbe, le syndicaliste trublion, bête noire de Ryanair en Belgique

Aérien : Didier Lebbe, le syndicaliste trublion, bête noire de Ryanair en Belgique

Didier Lebbe, à Bruxelles (Belgique), le 12 mai 2020.

Un entretien entrecoupé de coups de fil d’autres journalistes sur son portable, un passage dans les studios de la RTBF avant un autre dans une radio commerciale et une prise de température sur le terrain, à l’aéroport de Charleroi-Bruxelles-Sud : cheveux en bataille et pull marin, Didier Lebbe, dopé à la caféine, promène partout sa grande carcasse pour expliquer et justifier la nouvelle grève que devaient mener les pilotes belges de Ryanair, jeudi 14 et vendredi 15 septembre. Cinquante-huit vols annulés sur les deux cent quatre-vingt-huit prévus pour ce hub où la compagnie irlandaise réaliserait 12 % de ses gigantesques bénéfices (663 millions d’euros lors du premier trimestre de 2023).

C’est la quatrième fois cette année que les pilotes, excédés par le refus de tout dialogue affiché par la direction irlandaise, se croisent les bras. Et c’est la vingt-quatrième grève que connaît le syndicaliste Didier Lebbe, responsable du secteur transports de la Centrale nationale des employés, une branche de la Confédération des syndicats chrétiens. Depuis 2018, il est la bête noire de Michael O’Leary, le patron de la compagnie qu’il n’hésite pas à traiter de « clown ».

L’Irlandais, en réponse, dit se moquer éperdument des syndicalistes belges mais ce sont bien les grèves, et un recours introduit devant la Cour de justice de l’Union européenne, qui ont notamment forcé la direction à admettre, en 2019, que c’est le droit belge, et non irlandais, qui s’appliquait au personnel de cabine basé à Charleroi. Cette main-d’œuvre, très majoritairement issue du sud ou de l’est de l’Europe, était auparavant considérée comme irlandaise, soumise à une compagnie d’intérim.

Salaire minimal

Des mouvements menés conjointement avec des organisations espagnoles, portugaises et italiennes ont aussi abouti à la signature de conventions collectives pour les pilotes et le personnel de cabine avec, à la clé, l’instauration d’un salaire minimal − quelque 2 000 euros brut aujourd’hui − pour ce dernier.

Cette fois, ce sont les pilotes qui réclament la restauration de leur salaire, après les 20 % qu’ils ont abandonnés au moment de la pandémie de Covid-19. Leur rémunération devrait, en plus, être augmentée, en vertu du système d’indexation automatique qui adapte les revenus à l’inflation (soit 17 % de hausse depuis 2019), mais, pour la direction irlandaise, il n’est pas question de céder, quitte à enfreindre la législation belge.

Les pilotes protestent également contre un projet de réaménagement de leurs périodes de repos et dénoncent le « chantage » auquel se livrerait la compagnie, promettant la négociation d’une nouvelle convention de travail − l’actuelle expire en 2024 − en échange de l’arrêt des actions en justice qui ont été lancées.

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LJD

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