Les Etats-Unis forment à toute vitesse les futurs salariés de l’industrie des semi-conducteurs

Les Etats-Unis forment à toute vitesse les futurs salariés de l’industrie des semi-conducteurs

L’annonce estivale de Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC) a jeté un froid chez les experts en semi-conducteurs américains : l’usine que l’industriel est en train de construire dans l’Etat de l’Arizona n’ouvrira pas en 2024, comme il était initialement prévu, mais plutôt en 2025. Faute de personnels suffisamment qualifiés pour installer les équipements nécessaires sur le site, TSMC a retardé sa date d’inauguration. Et essaie de faire venir aux Etats-Unis des salariés taïwanais pour finir le travail… au risque de froisser les syndicalistes américains, retranchés derrière l’étendard « made in USA ».

Pour Bill Wiseman, un des experts en semi-conducteurs du cabinet de conseil McKinsey, la déconvenue de TSMC confirme ses craintes sur une éventuelle pénurie de talents locaux. La Maison Blanche a certes fait revenir sur le sol de l’Oncle Sam les investissements en semi-conducteurs en promettant 39 milliards de dollars (environ 36 milliards d’euros) d’aides fédérales. Mais la main-d’œuvre ne suit pas. Le pays souffre d’un manque durable d’ingénieurs et de techniciens, capables de construire et de faire tourner les « fabs », ces usines spécialisées qui accueilleront les salles blanches du secteur.

Les prévisions en besoins de personnels dans le pays diffèrent. Ainsi la plate-forme de recrutement Eightfold.ai évoque un manque crucial de 70 000 à 90 000 postes. M. Wiseman, fort de son vécu à Taïwan, voit plus grand. Les besoins non satisfaits d’ici à 2030 en fabrication avancée, qui incluent semi-conducteurs, usines de panneaux solaires, batteries électriques… sont de 300 000 ingénieurs et de 90 000 techniciens qualifiés, selon McKinsey. Une grosse pénurie, à laquelle s’ajoutent 300 000 emplois de soudeurs, d’électriciens et d’autres métiers pour construire les manufactures.

Plusieurs centaines d’étudiants par an

Quelles que soient les prévisions, les professionnels mesurent déjà l’ampleur du défi à relever. « La fabrication est en déclin depuis plusieurs décennies, chercheurs et enseignants ne font pas carrière dans les semi-conducteurs », reconnaît Martin Schmidt, un ancien du Massachusetts Institute of Technology, aujourd’hui président du Rensselaer Polytechnic Institute, dans l’Etat de New York, là où, justement, plusieurs projets de « salles blanches » sont en préparation. Sur plus de 1 600 étudiants en maîtrise à l’institut, 600 préfèrent opter aujourd’hui pour les sciences informatiques ou les outils optiques, « beaucoup plus populaires », selon M. Schmidt.

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LJD

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