Représentants des salariés et dirigeants ne partagent pas la même conception du dialogue social
En cette période de profonde transformation du monde du travail, « comment se porte le dialogue social en France ? » Alors qu’ont resurgi les conflits sur les augmentations de salaire et que les syndicats appellent à une deuxième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, mardi 31 janvier, c’est la question posée par le cabinet d’expertise Syndex, spécialisé dans le conseil aux représentants des salariés.
Réalisée en partenariat avec l’IFOP, l’enquête a été menée à l’automne 2022 auprès de 917 représentants du personnel, 1 308 salariés et 410 chefs d’entreprises et DRH, dans des entreprises de 50 à plus de 5 000 salariés.
Les réponses, publiées lundi 30 janvier dans le 5e baromètre du dialogue social, montrent un vrai décalage de perception sur la qualité du dialogue social des deux côtés de la table des négociations : quand chefs d’entreprises et DRH l’estiment de bonne tenue (le notant 7,8/10), les salariés et leurs représentants lui donnent tout juste la moyenne (lui attribuant respectivement 5,7/10 et 5/10).
Cinq ans après la fusion des trois instances représentatives du personnel (délégués du personnel, comité d’entreprise, comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) en une seule, le comité social et économique (CSE), les représentants du personnel soulignent toujours le manque de moyens face à une charge de travail alourdie. « Ils nous ont enlevé des moyens, 30 heures pour trente-six sites, c’est compliqué. [Pour] le changement de mutuelle, il faut se mettre dans le dossier à fond, on n’a pas d’heures prévues en plus », constate l’élu d’une très grande entreprise de la logistique, cité par l’étude.
Face à l’inflation, la question du pouvoir d’achat et des rémunérations a retrouvé une place centrale pour les élus
Ce manque de moyens est, pour eux, un frein dans la communication avec les salariés, qu’ils estiment trop « descendante », avec une difficulté soulignée de trouver le temps d’aller « sur le terrain ». Or la « proximité avec les salariés » est justement, pour 70 % d’entre eux, l’élément qui contribue le plus à la qualité du dialogue social. Quand pour les dirigeants, celle-ci réside d’abord dans le « respect de la législation » (pour 74 % d’entre eux).
Seul un dirigeant sur cinq considère par ailleurs qu’il faudrait renforcer le poids des avis du CSE, quand c’est au contraire la priorité de quatre représentants du personnel sur cinq.
Si tous continuent de faire des conditions de travail et des risques psychosociaux la mission prioritaire du CSE, la question du pouvoir d’achat et des rémunérations a, face à l’inflation, retrouvé une place centrale pour les élus : 81 % en font une priorité des sujets à traiter en CSE, contre 45 % seulement des dirigeants.
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