Les salariés d’Editis sont hostiles à une mise en Bourse de leur entreprise
Avant l’annonce prévue du nouveau repreneur d’Editis – que Vivendi, son actuel propriétaire, promet avant la fin janvier –, les recommandations des représentants du personnel à destination des candidats au rachat arrivent à point nommé.
Dans un document confidentiel réalisé avec le cabinet Secafi Alpha et déjà présenté à leur direction, les salariés du numéro deux français de l’édition (Le Robert, 10/18, Plon…) veulent « sécuriser l’avenir d’Editis avec un repreneur unique, qui reprend l’intégralité du périmètre, sans introduction en Bourse, ni leveraged buy-out [LBO, rachat en ayant recours à beaucoup d’endettement], ni fonds d’investissement ». Ils aspirent à être « à l’abri de toute stratégie court-termiste et de toute spéculation boursière et financière ».
En plaidant pour une vente à 100 % d’Editis, ils s’opposent donc frontalement à Vivendi, qui, lui, souhaite céder l’entreprise selon un schéma de « cotation-distribution », en mettant simultanément en Bourse la maison d’édition et en vendant les parts détenues par Vincent Bolloré (29,6 %) à un actionnaire de référence. Ce choix devra être validé par les autorités de la concurrence de la Commission européenne, qui donneront ou non leur feu vert à l’offre publique d’achat (OPA) que Vivendi a lancée, en février 2022, sur le groupe Lagardère, afin de prendre le contrôle d’Hachette, le numéro trois mondial de l’édition.
Répartition plus juste
Echaudés, puisqu’ils ont déjà changé de propriétaire cinq fois en vingt ans, les salariés espèrent que le repreneur aura une réelle solidité financière et une « capacité d’investissement démontrée, en phase avec les enjeux de développement d’Editis, avec un engagement sur le long terme (au-delà de dix ans) ». Michèle Benbunan, directrice générale d’Editis, avait déclaré, dans un entretien au Monde, le 6 juillet, que Vivendi avait investi 50 millions d’euros dans le groupe en trois ans.
Si un investisseur étranger est choisi – l’italien Mondadori étant toujours en piste –, les salariés demandent alors de « réserver au moins 25 % du capital à un investisseur institutionnel français », comme Bpifrance ou la Caisse des dépôts. Dans le cadre d’une répartition plus juste, ils proposent aussi d’attribuer de « 5 % à 10 % du capital aux salariés dans des conditions d’accès préférentielles », tout en les associant financièrement et équitablement à la réussite du projet d’entreprise. Ce qui passerait notamment par « une prime de cession » (3 % du prix de la vente), qui serait redistribuée au personnel de l’entreprise.
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