La Chine n’a plus tiré la croissance mondiale en 2022
Les élites de Davos comme le pouvoir chinois en rêvent : oublier 2022, ses confinements, ses bateaux qui restent à quai, ses usines qui, au mieux, tournent au ralenti, ses centres commerciaux fermés et ses aéroports déserts, pour mieux rebondir et pour que la Chine soit de nouveau, en 2023, l’un des principaux moteurs de la croissance mondiale.
Les statistiques publiées mardi 17 janvier prouvent que le chemin sera ardu. En 2022, le produit intérieur brut (PIB) chinois n’a augmenté que de 3 %. Le pire chiffre depuis 1976, à l’exception de 2020 (2,24 %), marqué par la paralysie du pays au premier trimestre. Bien loin, surtout, de l’objectif annoncé en mars 2022, qui était « d’environ 5,5 % ». Après une croissance – sur un an – de 4,8 % au premier trimestre, de 0,4 % au deuxième, de 3,9 % au troisième, la Chine finit avec une hausse de l’activité – toujours sur un an – de 2,9 % au quatrième trimestre.
En 2022, la croissance chinoise a donc été au diapason de l’économie mondiale. Pour la première fois depuis des décennies, elle n’a donc pas joué son rôle de locomotive. Au contraire, d’autres pays émergents ont bien mieux tiré leur épingle du jeu. C’est même plutôt le reste du monde qui a tiré la Chine, avec des exportations en hausse de 10,5 %, alors que les importations n’ont augmenté que de 4,3 %. Résultat : le commerce extérieur affiche un excédent record de 5 863 milliards de yuans, soit plus de 800 milliards d’euros (contre 597 milliards d’euros en 2021). Quoi qu’on en dise, le découplage des économies est loin d’être évident.
Chômage urbain en hausse
En revanche, cloîtré chez lui à cause de la politique zéro Covid, le consommateur chinois est resté frugal. La vente au détail de biens de consommation a même baissé de 0,2 % sur l’année. Si, globalement, l’investissement a progressé de 5 %, c’est essentiellement dû aux investissements (publics) dans les infrastructures (+ 9,4 %) et à ceux manufacturiers (+ 9,1 %). Comme prévu, l’immobilier s’est effondré (− 10 %), les ventes de surfaces commerciales ont même plongé de 24 %.
Autre conséquence logique de cette faible consommation : le chômage urbain est passé de 5,1 %, en décembre 2021, à 5,5 %, en décembre 2022 (pour les jeunes de 16 à 24 ans, il a progressé de 14,3 % à 16,7 %). De son côté, l’inflation est restée maîtrisée, avec une augmentation de 2 % des prix à la consommation.
En 2022, le coût des dépenses liées à la stratégie zéro Covid a été phénoménal. La seule province du Guangdong (126 millions d’habitants, soit un peu moins du dixième de la population chinoise) évalue les siennes à 146,8 milliards de yuans en trois ans : 30,3 milliards de yuans en 2020, 45,4 milliards en 2021 et 71,1 milliards en 2022. Une hausse exponentielle qui en dit long sur la machine infernale qu’était devenue la politique zéro Covid pour les dépenses publiques, et qui explique en grande partie l’abandon de celle-ci, le 7 décembre 2022. D’autant que constituée principalement de tests et de mesures de police pour isoler des quartiers, voire des villes, ces dépenses ne sauraient être sérieusement qualifiées d’investissements.
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