Energie nucléaire : « La sous-traitance permet aux exploitants de rendre invisible le travail humain exposé à la radioactivité et invisibilise ses conséquences sanitaires »
Alors que débute mardi 17 janvier l’examen par le Sénat du projet de loi permettant d’accélérer les procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites déjà existants, comme c’est le cas pour les deux premiers EPR prévus à Penly (Seine-Maritime), le compte à rebours démocratique est lancé.
Dans ce contexte, la Commission nationale du débat public (CNDP) a souhaité organiser dix rencontres publiques en préalable à la décision de construire six nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR 2 en France. Sur ces dix rencontres, elle n’a souhaité consacrer que quatre minutes à l’enjeu des conditions de travail dans ce secteur industriel.
Ainsi, la réunion organisée jeudi 12 janvier au Tréport, à quelques kilomètres de Penly, site pressenti pour accueillir les deux premiers EPR, devait précisément aborder les conséquences sur le travail et l’emploi de la réalisation de ce projet de loi.
Parmi les différentes questions relevant du travail et de l’emploi, celle des risques professionnels ne figurait pourtant pas à l’ordre du jour.
« Les salariés les plus exposés rencontrent de grandes difficultés à faire valoir leurs droits, en particulier leur droit à la réparation en cas d’atteinte à la santé »
En effet, symbole de la grandeur technologique de la France et de sa maîtrise scientifique, l’industrie nucléaire se caractérise aussi par un indispensable travail humain exposé au risque radio-induit. Depuis les années 1970, les opérations les plus exposées à ce risque redoutable (cancérogène, mutagène, toxique pour la reproduction) sont assurées par des salariés d’entreprises sous-traitantes intervenant dans les installations nucléaires.
L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire dénombre aujourd’hui près de 33 000 salariés sous-traitants, qui supportent plus de 80 % de la dose collective reçue chaque année dans le parc nucléaire. Les salariés sous-traitants les plus exposés sont les ouvriers et les techniciens des usines de fabrication du combustible et de retraitement des déchets nucléaires, ceux de la maintenance des centrales EDF ou encore ceux chargés du démantèlement, du transport et de la gestion des déchets.
Ce choix des entreprises publiques de la filière nucléaire en France de sous-traiter à des salariés dits « extérieurs » les opérations les plus exposées est une manière de se donner les moyens de respecter les doses limites imposées par les règles de radioprotection et de préserver les agents statutaires d’une dangereuse augmentation de leur exposition. Or les salariés les plus exposés, à savoir les travailleurs extérieurs, rencontrent de grandes difficultés à faire entendre leurs voix et faire valoir leurs droits, en particulier leur droit à la réparation en cas d’atteinte à la santé.
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