Au Royaume-Uni, comment les syndicats ont redécouvert leur pouvoir de négociation

Au Royaume-Uni, comment les syndicats ont redécouvert leur pouvoir de négociation

Dépôt ferroviaire à Ely, dans le Cambridgeshire (Royaume-Uni), le jeudi 5 janvier 2023.

Les Britanniques n’avaient pas connu ça depuis trois décennies. Depuis l’été dernier, de grandes grèves secouent régulièrement le pays, en particulier dans les services publics. Pour aider les usagers à s’y retrouver, les médias ont dû mettre en place des calendriers des grèves.

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Cette semaine, du 3 au 7 janvier, deux syndicats se sont relayés pour immobiliser les trains, avec certaines journées pratiquement sans trafic ; vendredi, les agents des autoroutes ont aussi débrayé, ainsi que les examinateurs d’auto-école ; mardi 10 janvier, ce sera au tour des instituteurs en Ecosse, puis le lendemain, aux ambulanciers en Angleterre. La semaine suivante, les infirmières reprennent leur mouvement historique : en décembre, elles avaient effectué leur première grève depuis la création de leur syndicat en 1906, et elles ont prévu deux nouvelles journées d’action.

Les syndicats ne cachent pas qu’ils se coordonnent, pour que les grèves se succèdent les unes après les autres. « L’objectif est d’atteindre une perturbation maximum », explique un syndicaliste, sous couvert d’anonymat.

Renversement de tendance

Les multiples conflits ont même tendance à se durcir. « Nos membres n’ont jamais été aussi déterminés », affirme Mick Whelan, le secrétaire général d’Aslef, qui représente les conducteurs de train. Il parle d’un conflit qui pourrait continuer jusqu’à mai, alors que les premières grèves ont débuté en juin 2022. « Les syndicats se préparent à tenir jusqu’au printemps, au moins », ajoute Kevin Rowan, du Trade Union Congress (TUC), la principale confédération syndicale.

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Pour les syndicats britanniques, il s’agit d’un renversement de tendance majeur. Pendant les années de Margaret Thatcher (1979-1990), la Dame de Fer avait violemment lutté pour les mettre à genoux, donnant lieu à des grèves géantes (plus d’un an pour les mineurs en 1984, plus d’un an pour les ouvriers du livre en 1986). Elle y était parvenue, en imposant notamment deux lois, parmi les plus restrictives d’Europe. Désormais, une grève ne peut être organisée qu’après un vote à bulletins secrets des salariés, ce qui peut prendre des mois à organiser dans une grande entreprise. Par ailleurs, les grèves secondaires, c’est-à-dire en solidarité avec une autre entreprise, sont interdites. Les postiers ne peuvent pas débrayer pour soutenir les cheminots, par exemple.

Dans ce contexte, les syndicats ont connu un profond déclin. Le nombre de syndicalistes a été divisé par deux, de 13,2 millions en 1979 à 6,5 millions en 2021. Quant aux grèves, leur nombre a été divisé par dix.

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