« Impossible de vivre en retrait » : ces seniors qui persistent à travailler

« Impossible de vivre en retrait » : ces seniors qui persistent à travailler

Bruno Orlando, 76 ans, a pris – sur le papier – sa retraite en 2006. Il enchaîne aujourd’hui les animations dans les grandes surfaces. Au centre commercial Rosny 2, à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), en décembre 2022.

Après une carrière de contrôleur aérien, Christophe (certains intervenants ont requis l’anonymat) a pu prendre sa retraite en 2018, à 57 ans, l’âge limite à l’époque dans la profession. Ce Bordelais s’est alors plongé dans une vie dont beaucoup rêveraient : sports, photographie, voyages et du temps pour bichonner sa maison. Cependant, au bout de dix-huit mois, il avait épuisé les charmes de cette nouvelle existence. « J’ai trouvé le temps soudainement long », tranche-t-il.

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Alors, afin d’occuper ses journées et de « réactiver un lien social », il a repris du service. Impossible de retourner à son ancien métier : il s’est donc éloigné des tours de contrôle, pour s’orienter vers d’autres cieux. Il travaille à mi-temps dans un Point Relais, réceptionnant ou livrant des colis, un emploi rémunéré au smic. En parallèle, il a développé, en tant qu’autoentrepreneur, une activité de services dans l’immobilier, pour le compte de professionnels ou de particuliers. Deux métiers qui, au bout du compte, l’occupent à temps plus que plein – environ quarante-cinq heures par semaine.

Malgré ses 62 printemps, Christophe ne compte pas lâcher le manche de sitôt, car il lui faut désormais composer avec la hausse du coût de la vie. « Au vu de la conjoncture économique et sociale, je prévois de poursuivre ces activités au moins jusqu’à 65 ans », assure-t-il. « Ces compléments de revenus me permettent d’amortir l’augmentation des dépenses courantes : logement, déplacements, factures d’énergie ou alimentation. » A bien y réfléchir, l’homme l’admet : depuis qu’il s’est décidé à retravailler, ses motivations ont changé. « Je dirais que maintenant, oui, l’aspect pécuniaire est plus important dans mon choix de continuer une activité professionnelle. »

Contrairement à Christophe, ce n’est pas le vertige du vide qui empêche Bruno Orlando de ne pas quitter la vie professionnelle, en dépit de ses 76 ans. Ouvrier typographe au début de sa carrière, puis commercial pour l’industrie pharmaceutique, il a pris – sur le papier – sa retraite en 2006. En réalité, il n’a jamais arrêté de travailler : après une énième reconversion comme caviste, il enchaîne aujourd’hui les animations dans les grandes surfaces, où ce fan d’Elvis Presley peut donner la pleine mesure de son sens du spectacle.

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En fin d’année, avant les fêtes, son planning est digne d’une tournée de rockstar : foires aux vins en septembre, beaujolais nouveau en novembre, champagne et produits festifs en décembre. Les journées, calées sur les heures d’ouverture des magasins, peuvent s’étirer de 9 heures à 22 heures. Un rythme épuisant, avec ambiance musicale permanente, dans une température parfois glaciale lorsqu’il est positionné près des rayons « frais » au fond du magasin, et des clients pas toujours aimables.

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