Hausse des salaires : chez Ratier-Figeac, le mouvement de protestation s’enlise

Hausse des salaires : chez Ratier-Figeac, le mouvement de protestation s’enlise

Dans l’usine Ratier-Figeac (Lot), en 2017.

« Cela fait trois semaines qu’on est là. On ne va pas arrêter la grève et repartir sans rien. On est vraiment motivés pour faire bouger les choses », affirme Cédric, contrôleur en maintenance des pales chez Ratier-Figeac, sous-traitant aéronautique qui emploie 1 300 personnes à Figeac dans le Lot. « A un moment donné, il faut se mettre dans la tête que les prix ont flambé », insiste ce salarié qui gagne 2 080 euros brut par mois.

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« Pourtant, j’étais content d’entrer dans une grosse entreprise et je n’avais pas négocié mon salaire. Mais aujourd’hui, c’est un tout, et je me demande si le jeu en vaut la chandelle », ajoute-t-il, avant de préciser. « On est moins bien payés que chez Airbus. Certes, mais les prix des logements ne sont plus abordables. On a dû, avec ma femme, nous éloigner à quarante kilomètres de Figeac pour trouver une maison. »

Cet employé de 37 ans, entré en 2014 comme intérimaire chez ce fabricant d’hélices et d’équipements de cockpit (mini-manches, palonniers, manettes de gaz) a rejoint le mouvement de protestation entamé le 17 juin par les cols bleus pour la revalorisation de leur salaire. Chaque matin, dès 7 h 30, Cédric rejoint les rangs des salariés en colère qui se regroupent dans la cour d’honneur, derrière une banderole sur laquelle les mots « mal payés, surchargés, méprisés » sont écrits en lettres noires sur fond blanc, bloquant les lignes de production de l’équipementier, propriété de l’américain Collins Aerospace, filiale du groupe Raytheon Technologies.

Historique

Le refus de la direction de placer la revalorisation salariale en tête des sujets prioritaires de la réunion du comité social et économique (CSE) a mis le feu aux poudres. La CGT, principale organisation syndicale, a quitté la table des discussions, le 17 juin, pour informer les salariés rassemblés à l’extérieur des bâtiments. Dans la foulée, ils ont voté en assemblée générale une grève illimitée pour réclamer 300 euros brut par mois.

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La direction, de son côté, n’a pas cédé, campant sur sa position : elle prévoit une hausse des salaires de 2,8 %. Pas assez pour la CGT, au regard des bons résultats du groupe : un bénéfice net de 9 millions d’euros en 2020, de 36 millions d’euros en 2021. « Les négociations aboutissent pour les autres sites du groupe. Or, nous, depuis sept ans, nous n’avons aucune hausse du salaire plancher », regrette Fabien Trayaud, opérateur au centre d’usinage et délégué syndical CGT.

Afin de trouver une issue à ce premier conflit, historique par sa durée, les salariés ont « changé leur fusil d’épaule », le 1er juillet, revoyant leur proposition : ils réclament, désormais, un engagement écrit pour que l’ancienneté soit calculée sur le salaire de base et non plus sur le revenu minimum hiérarchique. « On perd entre 150 et 200 euros tous les mois », se justifie le délégué syndical. Autre proposition mise sur la table afin d’engager, à nouveau, les discussions avec le groupe : une hausse de 60 euros à 140 euros par mois calculée selon le montant des salaires. « Les salariés sont épuisés. Il faut trouver une solution », insiste M. Trayaud. Contactée par le Monde, la direction n’a pas donné suite à notre demande.

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LJD

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