Archive dans 2023

Salariés CGT d’Enedis poursuivis en justice : « Quand on fait tout dans les règles, on ne voit aucun retour sur nos revendications »

Ils ont attendu leur tour plus de quatre heures. Après deux affaires de violences conjugales, un vol aggravé, une détention de psychotrope et une conduite en état d’ivresse, le décalage était frappant avec les faits reprochés aux quatre salariés CGT d’Enedis et au secrétaire général de la CGT-Energie 93, et leurs motivations.

Des faits d’ailleurs, il en fut très peu question devant le tribunal correctionnel de Bobigny, vendredi 20 janvier, puisque leur avocat avait persuadé les prévenus de les reconnaître dès le début de l’audience. Oui, ces cinq-là ont bien, par une nuit de février 2022, dégonflé les pneus de trente-neuf véhicules garés sur le parking du site Enedis, gestionnaire du réseau de distribution d’électricité, de La Courneuve (Seine-Saint-Denis). « Dégradation légère », a retenu le procureur. Ils ont aussi arraché les trente-neuf plaques d’immatriculation. Ils affirment les avoir laissées sur place. Mais Enedis ne les a pas retrouvées. Voilà pour le « vol aggravé », car commis « en réunion », puisqu’ils ont agi de concert.

Ils encouraient pour cela jusqu’à sept ans de prison. Mais « la peine doit prendre en compte la gravité intrinsèque des faits », a rappelé le procureur. Enedis ne s’étant pas porté partie civile et n’étant pas présent à l’audience, c’est donc « que le préjudice n’était pas si important que cela », a déduit ce dernier. En s’interrogeant alors sur le poids du « contexte ».

Là prenait corps la défense des cinq hommes, âgés de 25 à 39 ans, tous techniciens, élus au comité social et économique (CSE) ou permanents syndicaux.

« C’était plus symbolique qu’autre chose »

« On était dans une bataille pour les salaires, rappelle Nicolas N. Depuis dix ans, on a entre 0 % et 0,3 % d’augmentation générale par an. Et là, malgré l’inflation, on ne nous a encore proposé que 0,3 % ! Alors, on a bloqué le site, mais ça n’a ouvert aucune discussion avec la direction. » Une action a donc été décidée lors d’une assemblée générale. « On a choisi de la faire nous-même pour limiter les dégradations. » « C’était plus symbolique qu’autre chose, précise Malek B. Mais notre direction a pris l’habitude de nous poursuivre pour tout et n’importe quoi. » Lui et Yoann R. ont déjà été mis à pied un mois sans salaire pour cette action-là.

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N’y avait-il pas une autre façon d’agir ?, interroge le président du tribunal. « Quand on fait tout dans les règles, on ne voit aucun retour sur nos revendications, déplore Romain R. Alors, les salariés, exaspérés, veulent que l’on tape plus fort. Notre rôle, c’est de maîtriser et de ne pas laisser libre cours à des actes de vandalisme isolés. » Après des mois de conflit, les salariés d’Enedis ont fini par obtenir 3,3 % d’augmentation générale en novembre 2022.

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Google supprime 12 000 emplois, soit plus de 6 % de ses effectifs mondiaux

Alphabet, la société mère de Google, a annoncé, vendredi 20 janvier, la suppression d’environ 12 000 emplois, soit plus de 6 % de ses effectifs mondiaux, dans l’ensemble de l’entreprise. Le directeur général, Sundar Pichai, a déclaré, dans un courriel adressé aux salariés, qu’il prenait « l’entière responsabilité des décisions qui nous ont menés ici ».

« Au cours des deux dernières années, nous avons connu des périodes de croissance spectaculaire », a insisté M. Pichai. « Pour accompagner et alimenter cette croissance, nous avons embauché dans un contexte économique différent de celui que nous connaissons aujourd’hui », a-t-il ajouté, précisant que la conjoncture contraignait l’entreprise à réduire les effectifs.

Alphabet comptait près de 187 000 employés dans le monde à la fin de septembre 2022. Elles se feront « dans l’ensemble des départements, des fonctions, des niveaux de responsabilité et des régions », a précisé M. Pichai. Les employés américains concernés ont déjà été notifiés. Dans les autres pays, la procédure va prendre davantage de temps en fonction du droit local du travail.

Aux Etats-Unis, les employés licenciés toucheront au moins seize semaines de salaire, leurs bonus au titre de 2022, leurs congés payés ainsi que six mois de couverture santé. Les salariés étrangers installés aux Etats-Unis pourront aussi bénéficier d’une aide dans leurs démarches juridiques s’ils souhaitent rester sur le sol américain. Les autres régions recevant des paquets en fonction des lois et pratiques locales.

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Ralentissement de la publicité numérique

Avec ces licenciements, Google rejoint une foule d’autres grands groupes de la technologie qui ont considérablement réduit leurs activités dans un contexte d’économie mondiale chancelante et d’inflation galopante. Meta – la maison mère de Facebook, d’Instagram et de WhatsApp –, Twitter et Amazon ont tous réduit leurs effectifs.

Le groupe informatique américain Microsoft a annoncé mercredi le licenciement d’environ 10 000 employés d’ici à la fin de mars. Selon le site spécialisé Layoffs.fyi, près de 194 000 salariés du secteur ont perdu leur emploi aux Etats-Unis depuis le début de 2022, sans compter l’annonce d’Alphabet de vendredi.

Grâce à la résilience de son activité de recherche, Google a été l’une des entreprises technologiques qui a le plus longtemps évité les réductions d’effectifs majeures, mais la société est confrontée à un ralentissement de la publicité numérique.

« Il s’agit d’un moment important pour recentrer notre attention, réorganiser notre base de coûts et orienter nos talents et notre capital vers nos priorités les plus élevées », écrit M. Pichai dans son courriel. Il a déclaré que l’entreprise avait « une opportunité substantielle devant elle » avec l’intelligence artificielle, un domaine d’investissement-clé où Google fait face à une recrudescence de la concurrence.

En octobre, la société a publié des résultats et un chiffre d’affaires inférieurs aux attentes des analystes. Le bénéfice a baissé de 27 % à 13,9 milliards de dollars par rapport à l’année précédente. Wall Street accueillait positivement l’annonce de ces suppressions d’emplois : l’action d’Alphabet montait de 3,5 % dans les échanges électroniques précédant l’ouverture de la Bourse de New York.

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Le Monde avec Bloomberg

Réforme des retraites : qu’est-ce que l’« index seniors » que veut mettre en place le gouvernement ?

La question de l’emploi des seniors est revenue sur le devant de la scène à l’annonce du projet de réforme des retraites du gouvernement, prévoyant le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Alors que le taux d’emploi des 55-64 ans est en France en deçà de la moyenne européenne, l’un des points de crispation des partenaires sociaux se concentre notamment autour de la mise en place d’un « index seniors » en entreprise. Ce dispositif doit permettre, à terme, d’inciter à employer plus de salariés plus âgés.

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Tandis que le Mouvement des entreprises de France (Medef) s’y oppose frontalement, les syndicats de salariés jugent qu’il n’est en l’état pas suffisant. L’« index seniors » promet donc d’être au cœur du débat parlementaire qui doit commencer le 6 février. Voici ce que l’on sait de ce dispositif, tel qu’il a été dévoilé par le gouvernement et est détaillé dans le projet de loi qui doit être présenté lundi 23 janvier en conseil des ministres.

• Une publication d’indicateurs sur l’emploi des seniors

Construit à l’image de l’index « égalité professionnelle » mis en place depuis 2019, cet « index seniors » vise à obliger les entreprises employant au moins 300 personnes à publier chaque année des indicateurs de suivi relatifs à l’emploi des salariés seniors dans l’entreprise ainsi qu’aux actions mises en œuvre pour favoriser cet emploi.

A terme, l’outil doit permettre de fournir des clés de lecture au gouvernement et aux entreprises pour améliorer l’emploi des seniors en France et en suivre la progression.

La liste des indicateurs, qui sera définie par décret « après concertation » du gouvernement avec les partenaires sociaux, pourra ensuite être « adaptée » selon les branches professionnelles, pour tenir compte des spécificités de terrain. « On ne peut pas demander le même effort sur le travail des seniors à une branche avec beaucoup de start-up ou une avec des activités plus traditionnelles », a fait valoir Olivier Dussopt, le ministre du travail, jeudi 19 janvier sur LCI.

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• Une sanction financière en cas de manquement

Si le projet de loi est adopté en l’état et avant cet été, comme le souhaite le gouvernement, la publication de cet « index seniors » sera obligatoire à compter du 1er novembre 2023, pour les entreprises de plus de 1 000 salariés, et dès le 1er juillet 2024 pour celles comptant plus de 300 salariés.

Les employeurs qui ne se plient pas à cette obligation se verront imposer une sanction financière : ils devront verser une « contribution assise sur un pourcentage de la masse salariale », dans une limite fixée à 1 %, et dont le produit sera reversé à Caisse nationale d’assurance-vieillesse (CNAV).

A terme, les entreprises où l’emploi des seniors ne progresse pas feront l’objet d’une « obligation renforcée de négociation d’un accord social » afin d’améliorer la situation sur l’emploi des seniors en leur sein.

• Le Medef opposé « au principe » de cet index

La mesure présentée par le gouvernement est loin de faire l’unanimité chez les partenaires sociaux.

Il y a d’abord le Medef, syndicat patronale, qui soutient pourtant l’essentiel de la réforme des retraites, qui n’a de cesse de répéter son opposition « au principe de cet index ». « Nous craignons que l’outil proposé par le gouvernement soit durci pendant les débats au Parlement et impose de lourdes contraintes aux entreprises », dont de plus lourdes « sanctions financières », a fait savoir au Monde son président, Geoffroy Roux de Bézieux.

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Ce dernier y voit aussi le risque d’une non-prise en compte des réalités de terrain, donnant ces derniers jours plusieurs fois l’exemple d’« une entreprise qui embauche beaucoup d’apprentis et voit donc mathématiquement son pourcentage de seniors se réduire », et qui serait « classée comme mauvaise » au regard d’un tel index.

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Les organisations syndicales salariales, toutes opposées à la réforme des retraites, estiment de leur côté que cet outil, sans être suivi de lourdes sanctions financières pour les entreprises, ne sera pas suivi d’effets réels pour améliorer l’emploi des seniors.

Selon Philippe Martinez, secrétaire général de la Confédération générale du travail (CGT), « ce n’est pas un index qui va faire peur au patronat, qui, tous les ans, licencie des centaines, des milliers de salariés qui ont plus de 57 ou 58 ans ».

« Il y aura le constat [posé grâce au dispositif] et on fera quoi ? Nous, on va agir (…) dans les entreprises pour dire aux patrons : le taux d’emploi des seniors n’est pas bon, il faut l’augmenter. Mais il n’y a pas de sanctions », a pour sa part déploré le secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Laurent Berger, dont le syndicat défendait sur le principe cet index.

« C’est un petit écran de fumée », alors que les entreprises sont « rodées depuis vingt ans à faire des charrettes de licenciements (…) à partir de 58 ans », a renchéri François Hommeril, à la tête de la Confédération française de l’encadrement – Confédération générale des cadres (CFE-CGC), le syndicat des cadres.

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• Le gouvernement se dit prêt à voir évoluer le dispositif

Face à ces critiques, émanant également de l’opposition politique, le gouvernement ne ferme pas la porte à l’idée de voir évoluer le dispositif dans les prochaines semaines. Ce, au gré de la concertation avec les syndicats et des débats parlementaires sur la réforme des retraites, qui doivent commencer le 6 février à l’Assemblée nationale.

Aurore Bergé, la présidente du groupe Renaissance, a affirmé en ce sens « ne pas avoir de tabou » en cas de « mauvais résultats » des entreprises sur l’emploi des seniors, mardi 17 janvier sur France 24-RFI. « S’il faut aller plus loin sur les contraintes sur les entreprises, [avec la mise en place d’un système] de bonus-malus, tout ça est ouvert à la discussion. En tant que parlementaires, on prendra nos responsabilités », a-t-elle abondé.

Le ministre du travail, Olivier Dussopt, a appuyé cet argumentaire, jeudi 19 janvier, sur LCI, arguant que la possible évolution de cet index « est un sujet qui va être posé dans le débat parlementaire » ces prochaines semaines. « Je sais que certains parlementaires vont vouloir aller plus loin [dans les sanctions], nous débattrons de ça avec eux », a-t-il ajouté.

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Le Monde avec AFP

A France Culture, « tout le monde guette » le résultat d’une enquête sur les relations au travail

Sandrine Treiner, directrice de France Culture, à Paris, le 25 août 2015.

Mi-janvier, à l’occasion des derniers résultats d’audience radio, les journalistes ont pu échanger avec Sandrine Treiner, la directrice de France Culture, ravie de commenter le succès de sa station. En interne pourtant, « on ne la voit plus beaucoup », assurent les collaborateurs avec lesquels Le Monde a échangé. Depuis l’automne 2022 et la mise en place d’un dispositif d’écoute des salariés, la dirigeante se fait discrète. Fini les bruyants débriefings de la matinale autour d’elle dans l’open space. Terminé les réunions où, racontent certains, les gens craignaient de s’attirer une réflexion salée.

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D’ici à la fin du mois, au plus tard début février, le cabinet d’expertise Alcens, mandaté par la direction de Radio France, devrait remettre son rapport. Sibyle Veil, la présidente, prendra ensuite quelques jours avant de décider des suites à lui donner. Sandrine Treiner devra-t-elle être sanctionnée ? Se verra-t-elle proposer une autre fonction ? « Tout le monde guette » ce qui va se passer, résume un journaliste.

La station est sur les charbons ardents depuis le 20 septembre et la parution dans Libération d’un article – « A France Culture, un “système de violence et de soumission” venu d’en haut » – qui décrivait un management qualifié de « brutal », « vertical », « autocratique », voire « méchant » par plusieurs de nos interlocuteurs.

Burn-out et départs

Les soutiens à Sandrine Treiner y ont lu un règlement de comptes reposant sur des témoignages anonymes, donc sujets à caution. A l’exception de ces quelques proches, tous ceux que nous avons contactés ont cependant requis la même discrétion. « Nous, les producteurs [les présentateurs d’émission], sommes dépendants du fait du prince », justifie l’un d’eux.

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Même prudence chez les réalisateurs, les auteurs de documentaires ou de fictions, les pigistes et intermittents auxquels la station fait appel – chacun a l’exemple d’un collègue « blacklisté », ou « placardisé », à citer. « Pour Sandrine, si on n’est pas avec elle, c’est qu’on est contre elle », résume une ancienne de la maison. Des situations de burn-out ont été identifiées (à des postes administratifs), et des départs (une directrice de la communication, une responsable RH) ont eu lieu. La dirigeante n’a pas souhaité répondre aux questions du Monde.

En novembre-décembre 2022, France Culture caracolait à 3,1 points, l’un de ses records absolus

Dès la rentrée 2016, un communiqué du syndicat UNSA de Radio France titrait « France Culture, malade de sa direction » et faisait état d’« intimidations » et de « mépris », et appelait à « une relation apaisée avec l’ensemble des personnels de France Culture et la rédaction ». A l’époque, Sandrine Treiner dirigeait la station, qu’elle avait récupérée à 1,8 point d’audience cumulée, depuis un an seulement. En novembre-décembre 2022, France Culture caracolait à 3,1 points, l’un de ses records absolus. « Cela fait des années qu’on se plaint de la façon dont on est traités, insiste un témoin. La direction de Radio France a tout fait pour ne pas le voir, parce que les audiences étaient bonnes. »

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Retraites : la délicate mission des ministres envoyés « à la rencontre des Français » pour défendre la réforme

Réunion militante du parti Renaissance, avec le député Mathieu Lefèvre, la première ministre, Elisabeth Borne, et le ministre du travail, Olivier Dussopt, à la veille du mouvement social contre la réforme des retraites, à Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne), le 18 janvier 2023.

« On a une invitée surprise ce soir ! » Il est un peu plus de 20 heures, ce mercredi 18 janvier, et la réunion publique sur la réforme des retraites est déjà bien commencée, quand Elisabeth Borne fait une entrée remarquée dans la salle du Théâtre Antoine-Watteau de Nogent-sur-Marne. Sous les applaudissements de la cinquantaine de personnes de cette commune aisée du Val-de-Marne, venues poser leurs questions au député local (Renaissance) Mathieu Lefèvre, et au ministre du travail, Olivier Dussopt – que plusieurs participants avouaient ne pas avoir reconnu à son arrivée –, la première ministre s’avance, ravie de son effet. Elle est là pour « échanger » et rappeler la ligne du gouvernement : réformer les retraites vise à « assurer l’avenir de notre système, aujourd’hui en danger » grâce à un projet de « justice » et de « progrès social ».

Au lendemain de la présentation des modalités de la réforme, le 10 janvier, le président de la République, Emmanuel Macron, avait exhorté son gouvernement à aller faire de la « pédagogie » sur le terrain. Entre une matinale radio et un entretien avec la presse quotidienne régionale, plusieurs membres du gouvernement ont choisi de renouer avec un format qui avait fait florès au moment du grand débat en 2019 : la réunion publique. « On a beaucoup parlé avec les syndicats et les oppositions, maintenant il faut aller à la rencontre des Français », justifie l’entourage de Gabriel Attal, ministre délégué au budget, qui indique vouloir tenir le rythme d’un rendez-vous par semaine.

Le premier, qui s’est tenu le 12 janvier, a réuni une cinquantaine de personnes – commerçants, petits patrons, aides-soignantes, pompiers, ouvriers, fonctionnaires… – dans la salle polyvalente de Juvisy (Essonne), à l’invitation du député (Renaissance, ex-Les Républicains) Robin Reda. L’exercice, en terrain électoral conquis, n’a pas empêché un feu nourri de questions, reflet des inquiétudes, voire de la colère des participants.

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« Mon mari travaille à Rungis, il se lève à 2 heures tous les matins, porte des charges lourdes, marche 15 à 17 kilomètres par nuit. S’il s’arrête à 64 ans, je me demande comment il va faire », explique Sophie. Emmanuel est sapeur-pompier professionnel depuis trente ans : « Travailler deux ans de plus, ça va m’emmener à 59 ans. Porter 40 kilogrammes de matériel sur le dos, ça passe quand on a 20, 30, 40 ans. Arrivé à 50, ça commence sérieusement à tirer sur la corde. » « Et les apprentis, qui commencent à 16 ans, se lèvent à 3 heures du matin pour toucher 350 euros ? », lance une boulangère-pâtissière.

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Les « mompreneures », ces mères qui quittent leur emploi pour créer leur entreprise : « Il y a des mois où je ne gagne que 800 euros, j’en ai des nœuds à l’estomac »

Les mompreneures se retrouvent souvent à mener de front le travail domestique, le soin aux enfants, et leur activité professionnelle.

« J’ai de la chance, je suis hyperlibre dans mon emploi du temps. Il est 16 heures, et je peux m’arrêter de travailler pour vous parler », se félicite Céline Bourgoin, 40 ans, depuis le sous-sol de sa maison marseillaise. Ce matin, elle s’est levée à 6 h 30, a déposé ses deux enfants à l’école, avant de s’atteler à ses projets de couture. Depuis qu’elle a créé son commerce de produits textiles en 2014, elle a triplé son temps de travail et réduit son salaire de près de 1 000 euros par mois. « Il y a des mois où je ne gagne que 800 euros, j’en ai des nœuds à l’estomac », soupire Céline Bourgoin, même si elle répète qu’elle n’a « jamais regretté » sa reconversion. « Jusqu’en 2010, j’étais éducatrice spécialisée, je travaillais énormément, j’arrivais en retard à la garderie, je cochais toutes les cases de la mère indigne. Ça devenait très dur moralement, il fallait absolument que je change de vie », insiste-t-elle.

Comme Céline Bourgoin, des centaines de jeunes mères françaises décident de quitter le salariat pour créer leur propre entreprise. On les appelle les « mompreneures », ou « mampreneuses », d’après un terme né aux Etats-Unis au début des années 1990 et importé en France à la fin des années 2000, dans une période où les pouvoirs publics cherchent à promouvoir l’entrepreneuriat pour tous, avec la création du statut d’autoentrepreneur en 2008. La majorité des mompreneures créent des microentreprises, dans des secteurs proches de leur précédent emploi ou dans des domaines liés à la parentalité, au coaching ou à l’expression de soi. « Ces femmes ont entre 30 et 40 ans, des enfants en bas âge et occupaient jusqu’alors un emploi salarié à responsabilité dans lequel elles étaient très engagées. Parce qu’elles sont aussi très engagées dans la parentalité, elles se sentent rapidement dépassées. Elles se disent que le statut de travailleur indépendant leur offrira une plus grande flexibilité », détaille Julie Landour, maîtresse de conférences à Paris Dauphine-PSL et autrice d’une enquête auprès de quatre cents mompreneures.

Dans les faits, ce nouveau statut demande souvent une organisation au cordeau : chez Céline Bourgoin, on retrouve deux tableaux Velleda pour planifier la répartition des tâches domestiques, des sessions de « batch cooking » pour préparer les repas de la semaine tous les dimanches, des listes de courses et un budget établis à l’euro près. Son mari, ingénieur de recherche au CNRS, assure le suivi des devoirs et s’occupe des enfants le mercredi, mais Céline se considère comme la « cheffe d’orchestre » de l’organisation familiale au quotidien.

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Go Sport en redressement judiciaire : les salariés satisfaits, mais inquiets d’une éventuelle « casse sociale »

Devant un magasin Go Sport, à Melesse (Ille-et-Vilain), le 16 janvier 2023.

Groupe Go Sport a été placé en redressement judiciaire, jeudi 19 janvier. « Par un jugement solidement motivé, le tribunal de commerce de Grenoble a constaté l’état de cessation des paiements de la société Groupe Go Sport et a ouvert une procédure en redressement judiciaire », a annoncé le parquet de Grenoble dans un communiqué. D’après les juges, « l’état de cessation des paiements est caractérisé au 5 janvier 2023 par un passif s’élevant à 14 047 957 euros ».

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Le Tribunal de commerce de Grenoble a donc suivi les avis des commissaires aux comptes, KPMG et Ernst & Young, qui, à l’automne, avaient alerté sur la situation de cessation de paiements de l’entreprise, en dépit des dénégations de son actionnaire, le groupe Hermione People & Brands (HPB), détenu par la Financière immobilière bordelaise (FIB) de l’homme d’affaires Michel Ohayon.

Cette décision intervient après l’ouverture, en novembre 2022, d’une enquête préliminaire pour « abus de bien social », à la demande du parquet du tribunal de Grenoble, à la suite de la « révélation de faits délictueux » par les commissaires aux comptes. D’après des informations du quotidien Libération, publiées le 18 janvier, les enquêteurs entendent faire la lumière sur des transferts de fonds totalisant plus de 50 millions d’euros opérés depuis la trésorerie de Groupe Go Sport, notamment vers Camaïeu, actif que détenait la FIB jusqu’en octobre, date de sa liquidation judiciaire. Le rachat de Gap, que la FIB avait imposé à Go Sport, pour un montant de 38 millions d’euros, interrogeait aussi les salariés.

« Pas dupés par les manipulations de l’actionnaire »

Le parquet de Grenoble avait requis l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire pour Go Sport, qui avait bénéficié de deux prêts garantis par l’Etat, en 2020 et 2021, pour un montant total de 55 millions d’euros. Les élus du personnel se félicitent de cette décision qui, d’après Christophe Lavalle, leur porte-parole, écarte « l’actionnaire [Michel Ohayon] de la prise de toute décision » et « fait échapper Groupe Go Sport à une procédure de conciliation qu’il souhaitait pour revendre l’entreprise ». « Les juges et le parquet ne se sont pas laissés duper par les manipulations de notre actionnaire », défend M. Lavalle.

Désormais, l’enseigne, qui emploie 2 160 salariés, est pilotée par deux administrateurs judiciaires, les cabinets FHB (à Lyon) et AJP (à Grenoble), pour une première période d’observation de six mois. Ils auront la tâche de réaliser l’inventaire du patrimoine du distributeur et de son endettement contracté à la suite du non-paiement de ses fournisseurs, prestataires et bailleurs. La décision du tribunal de commerce précise notamment que l’enseigne n’avait pas réglé les factures de Rossignol, fabricant de matériel skis, Puma, Adidas et Asics. Soit près de 4 millions d’euros d’impayés.

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Microsoft prévoit de licencier 10 000 personnes, soit près de 5 % de ses effectifs

Microsoft va licencier 10 000 employés d’ici fin mars, invoquant l’incertitude économique et les changements de priorités de ses clients. Une décision qui ébranle un peu plus un secteur de la tech déjà touché par plusieurs grands plans sociaux. Le géant informatique américain, qui se sépare ainsi d’un peu moins de 5 % de ses effectifs, prévoit aussi de modifier son portefeuille d’équipements informatiques et de réduire le nombre d’espaces de travail.

« Ce sont le genre de choix difficiles que nous avons fait tout au long de nos quarante-sept ans d’existence pour rester une entreprise importante dans un secteur qui ne pardonne pas à ceux qui ne s’adaptent pas aux changements de plateforme », a souligné le patron de Microsoft, Satya Nadella, dans une lettre aux employés.

Ces mesures d’économies représenteront 1,2 milliard de dollars dans les comptes du deuxième trimestre décalé que le groupe doit dévoiler le 24 janvier. Son chiffre d’affaires est attendu en progression de seulement 2,7 % sur un an, un rythme très faible pour le géant informatique habitué à une croissance à deux chiffres.

Si « les clients ont accéléré leurs dépenses informatiques pendant la pandémie », ils sont maintenant en train de chercher à les optimiser pour « faire plus avec moins », a souligné M. Nadella dans la lettre. Les entreprises du monde entier font par ailleurs preuve de « prudence » face aux risques de récession tandis que les progrès de l’intelligence artificielle secouent le secteur, avance-t-il.

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Deux séries de licenciements, en juillet et en octobre

Microsoft avait initialement résisté grâce au dynamisme de l’informatique à distance (cloud), mais les entreprises tendent à limiter leurs investissements depuis quelques mois par crainte d’une dégradation de la conjoncture.

Microsoft avait déjà procédé à deux séries de licenciements, une en juillet, qui portait selon l’entreprise, sur moins de 1 % des effectifs. La deuxième a eu lieu en octobre et visait moins de 1 000 personnes, selon le site d’information Axios.

Mais d’autres grands groupes du secteur de la tech ont décidé de réduire leurs effectifs ces derniers mois, à l’instar d’Amazon et Salesforce qui ont respectivement annoncé début janvier le licenciement d’environ 18 000 et 8 000 salariés. Meta, la maison mère de Facebook et Instagram, a aussi engagé en novembre un plan social touchant 11 000 postes.

Ces licenciements massifs interviennent après une vague d’embauches dans ce secteur pendant la pandémie, lorsque les entreprises tentaient de répondre à l’explosion de la demande de produits tech pour le télétravail et les divertissements à domicile.

Microsoft, qui selon son site compte actuellement 221 000 employés dans le monde, en avait embauché 75 000 depuis 2019, rappelle ainsi Dan Ives, du cabinet Wedbush, dans une note. Ces licenciements ne sont pas une « surprise » à ses yeux. Le groupe « va continuer à dépenser stratégiquement dans le cloud, les fusions et acquisitions [avec le rachat prévu de l’éditeur de jeux vidéo Activision], les paris sur l’innovation, et continuer à accélérer sur l’innovation tout en réduisant les domaines non stratégiques (matériel, etc.) », prédit l’analyste.

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Le Monde avec AFP

« L’employé de base, star inattendue du Forum économique mondial de Davos »

IRA, c’est l’acronyme de l’année, de toutes les conversations au Forum de Davos, en Suisse. En faisant adopter, en août 2022, sa loi Inflation Reduction Act, le président des Etats-Unis, Joe Biden, a fait mouche. Avec cette formule inventée, peut-être pensait-il (ou ses conseillers) à ses lointaines origines irlandaises, mais le texte porte mal son nom. En effet, son objectif n’est pas tant de juguler l’inflation, ce qui est plutôt du ressort de la Réserve fédérale, que d’accélérer la décarbonation de l’économie, tout en finançant, à coups de subventions, le retour des usines sur le sol national.

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Cette perspective fait hurler les dirigeants politiques européens et rend jaloux tous les patrons du Vieux Continent. Aditya Mittal, à la tête du sidérurgiste ArcelorMittal, ou Martin Lundstedt, le PDG de Volvo (les camions), disent en substance la même chose : c’est ce qu’il nous faut en Europe afin de pouvoir passer la vitesse supérieure. Les technologies existent pour se déprendre du pétrole ou du charbon, mais il faut en accélérer l’adoption en réduisant leur coût.

Le débat que soulève cette nouvelle donne va au-delà de la question de la compétitivité. Interrogé sur le sujet, mardi 17 janvier, le secrétaire américain au travail, Marty Walsh, a d’abord botté en touche. La question des relations commerciales entre l’Europe et les Etats-Unis n’est pas son job.

Appel d’air

Cependant, après une pause, il a reconnu que les conséquences sur le sien, c’est-à-dire le travail, seraient considérables. La réalité est que l’Amérique n’a pas suffisamment de personnel qualifié pour répondre à l’appel d’air que va provoquer ce tsunami. La réponse par la formation et l’éducation est essentielle pour ce fils d’immigré irlandais qui fut syndicaliste et maire de Boston.

L’employé de base, invisible, est devenu, du fait des pénuries, l’objet de toutes les attentions. « C’est la première fois que je vois des entreprises comprendre le lien entre le social et l’économique », assure Christophe Catoir, président de la société d’intérim Adecco. Pas d’altruisme soudain, mais la reconnaissance d’un nouveau rapport de force qui pousse les entreprises à lever le pied sur les licenciements, à l’inverse de ce qu’elles avaient fait au cours de la crise financière de 2008.

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Plus spectaculaire est l’appel à ses confrères d’Alan Jope, le directeur général d’Unilever, multinationale de la grande consommation, pour assurer un salaire décent à tous leurs employés dans le monde. « La pandémie [de Covid-19] a accéléré la refonte du contrat liant l’employé à l’employeur », confirme Martine Ferland, PDG de la société de conseil et d’assurance Mercer. Et ce n’est que le début.

Aux Etats-Unis, les astuces de recrutement des petites entreprises : « embauche ouverte », formation en interne…

Mois après mois, le taux de chômage aux Etats-Unis s’affiche extrêmement bas, aux alentours de 3,7 %. La banque centrale américaine augmente ses taux d’intérêt, les économistes prédisent un ralentissement de la croissance… et pourtant, les créations d’emplois se maintiennent à un haut niveau. Cet hiver, tout comme pour l’été 2022, les employeurs ont toujours autant de mal à trouver les bons candidats pour remplir des tâches essentielles.

Et la quête de l’oiseau rare est encore plus difficile quand on est une petite entreprise. Ce que les Américains appellent un « small business », une entité au chiffre d’affaires modeste de moins de 40 millions de dollars (environ 37 millions d’euros) et aux effectifs inférieurs à 1 500 personnes.

Les grands groupes et leurs services professionnels de recruteurs s’étant servis les premiers, les PME se contentent des restes : un sondage de la société de conseil Vistage réalisé en septembre 2022 auprès de 752 petites entreprises montre ainsi que 59 % des dirigeants assurent ne pas pouvoir fonctionner à plein régime, du fait de leurs difficultés de recrutement ; 53 % espèrent embaucher plus de monde dans les douze mois à venir, mais une majorité d’entre eux craignent une pénurie de main-d’œuvre.

Supprimer le diplôme universitaire

Alors que faire ? Changer ses méthodes de recrutement, innover, s’écarter des solutions classiques de bon sens. Vladimir Gendelman, le dirigeant de Companyfolders.com, une imprimerie de dossiers, de classeurs et d’enveloppes de luxe installée à Pontiac, dans le Michigan, a décidé d’éliminer l’obligation d’études supérieures dans ses petites annonces.

C’est son ancienne secrétaire qui l’a fait changer d’avis. Elle avait envie de devenir chef de projet. « Elle ne connaissait rien à l’impression ou au design graphique, explique M. Gendelman. Mais elle a essayé, elle a appris et elle réalise un travail superbe. » Alors, quand le patron de cette structure de seize employés s’est mis en quête d’un directeur marketing, il a immédiatement éliminé l’obligation d’un diplôme universitaire. « J’élargis le vivier de recrutement, dit-il. Je mets l’accent sur l’expérience et la capacité à exécuter. » M. Gendelman demande ainsi aux candidats d’imaginer une campagne marketing. « Il y a des choses qu’on ne peut pas apprendre à l’école », conclut-il.

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Diana Manalang, la créatrice de Little Chef, Little Cafe, un restaurant de plats à emporter du quartier du Queens, à New York, chouchoute de son côté ses trois jeunes employés à temps partiel. Elle en avait assez des recrues qui disparaissaient soudainement, arrivaient en retard et n’appelaient même pas pour prévenir de leurs absences.Alors, la cheffe a fait venir des jeunes de l’école de cuisine où elle enseigne. Ils travaillent entre dix et vingt heures par semaine.

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