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Sandrine Treiner, directrice de France Culture, démissionne

La directrice de France Culture, Sandrine Treiner, tient une conférence de presse, à Paris, le 27 août 2019.

« J’ai décidé de quitter la direction de France Culture. » C’est par un très long courriel interne, envoyé mardi 24 janvier à l’heure du déjeuner, que Sandrine Treiner a annoncé à ses équipes sa décision de se retirer. La directrice a préféré ne pas attendre les conclusions de l’expertise réclamée par la direction de Radio France à la suite d’une enquête parue dans Libération, en septembre, faisant état de « brutalité » dans le management de la station. Ces conclusions étaient attendues pour la semaine prochaine.

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Dans ce message, Sandrine Treiner dresse le bilan de toutes les actions qu’elle a menées au cours des huit années qu’elle a passées à la tête de la station, laquelle a été portée à des audiences jamais atteintes jusqu’alors (3,1 % d’audience cumulée à la dernière mesure Médiamétrie). Reconnaissant que la maison a parfois été traversée de « désaccords », elle esquisse un mea culpa : « Parfois, à l’évidence, renforcés par la distance, la séparation, la difficulté à se réunir, la réduction des temps informels, parfois aussi la vitesse des évolutions, le stress, la surcharge de sujets, nous nous sommes moins bien compris. J’en prends ici en responsabilité toute ma part. ».

Une « nouvelle impulsion »

A ses yeux, tout est également « plus périlleux pour les femmes », écrit-elle. « J’en ai moi-même fait les frais par le passé. Pour les femmes en responsabilité, d’une manière particulière. Nous voilà soumises à des injonctions contradictoires, subissant largement des représentations sociales bien établies auxquelles parfois nous avons encore du mal à répondre et que parfois malheureusement nous contribuons à entretenir », se justifie-t-elle.

« J’ai à cœur, par ce choix personnel difficile, de permettre à France Culture de retrouver un climat de sérénité, explique au Monde Sandrine Treiner. Après huit années de direction, il fallait de toute façon une nouvelle impulsion. » La dirigeante, que son entourage décrit comme « émue », devrait quitter son poste à la fin de la semaine. La direction générale de Radio France annoncera prochainement, en interne, le dispositif de direction qu’elle compte mettre en place pour lui succéder. Déjà, des noms circulent pour la remplacer, à commencer par celui de Marc Voinchet, actuellement à la tête de France Musique.

Réforme des retraites : pour les professeurs, « enseigner dans ces conditions jusqu’à plus de 64 ans, c’est impensable »

Dans le cortège de la manifestation contre le projet de loi du gouvernement visant à réformer le système des retraites, à Paris, le 19 janvier 2023.

Dans la salle des maîtres de l’école de Thierry Pajot, depuis plusieurs semaines, il n’est plus question de Covid-19 comme ces trois dernières années, de revalorisation salariale ou de pénurie d’enseignants. Il est question de départ à la retraite. « Chacun se demande quand il pourra partir après la réforme et avec quelle décote, tout le monde fait des simulations en ligne », relate ce directeur d’école niçois.

A 59 ans, celui qui est aussi secrétaire général du Syndicat des directrices et directeurs d’école fera partie des premières générations d’enseignants concernées par la réforme des retraites voulue par le gouvernement et présentée lundi 23 janvier en conseil des ministres. Elle prévoit un recul progressif de l’âge légal de départ de 62 ans aujourd’hui à 64 ans en 2030. Elle augmente également la durée de cotisation pour bénéficier d’une pension à taux plein : de quarante-deux ans aujourd’hui à quarante-trois ans en 2027. M. Pajot a beau avoir toujours pensé « garder son poste tant qu’[il] aura[it] la santé », il s’envisage davantage comme directeur à temps plein que devant une classe après 62 ans : « J’ai 31 élèves dans mon CM2 aujourd’hui, et 17 nationalités différentes. Ça demande beaucoup… Est-ce que je serai encore en capacité de faire ça longtemps ? »

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La même question revient en boucle chez tous les enseignants, et beaucoup y répondent par la négative, au regard de leurs conditions et de leur rythme de travail actuels. Lors de la première journée de manifestation, le 19 janvier, le ministère de l’éducation nationale a dénombré 42 % d’enseignants en grève en primaire et 34 % dans le secondaire – des estimations inférieures à celles des syndicats, mais qui placent le mouvement parmi les plus mobilisateurs des vingt dernières années. « C’est un métier génial mais qui demande des heures et des heures de travail pour préparer ses cours, se renouveler, corriger des dizaines de copies, accompagner les élèves, monter des projets… C’est impensable de travailler comme ça jusqu’à plus de 64 ans, ou alors je ne le ferai pas aussi bien qu’aujourd’hui, et la qualité de l’enseignement en pâtira », estime ainsi Emmanuelle (elle n’a pas souhaité donner son nom), 47 ans, professeure d’histoire-géographie en lycée et opposée à la réforme.

« C’est physique de tenir une classe »

Tous soulignent « l’usure professionnelle » qu’ils ressentent et qui pèse d’ores et déjà sur les fins de carrière. « C’est physique de tenir une classe, surtout qu’elles sont de plus en plus chargées et que les élèves sont de plus en plus hétérogènes ! », résume Philippe Courtois, professeur en collège de 60 ans. Et de préciser : « Vous avez intérêt à être au meilleur de votre forme pour encadrer un groupe d’une trentaine d’adolescents car vous êtes seul en responsabilité et ne pouvez pas relâcher votre attention une minute. »

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Les métamorphoses du design

Entreprises. Sobriété, empreinte carbone, numérisation universelle : l’époque actuelle est-elle une épreuve existentielle pour le design ? Certainement, si l’on réduit ce terme à la multiplication des objets séduisants. Mais elle lui offre au contraire un terreau fertile, lorsqu’il est compris comme une contribution à de nouveaux modes de vie.

Pour comprendre cette tension, il faut rappeler une double évolution : d’une part, celle des pensées et des valeurs qui ont inspiré les designers ; d’autre part, celle des entreprises qui ont accordé au design une place variable en fonction des enjeux techniques et stratégiques qu’elles rencontraient.

C’est cette double évolution que retrace un numéro spécial de la revue Entreprises et histoire (n° 108, septembre 2022). Il s’en dégage l’idée qu’il ne s’agit plus seulement de penser un design qui s’adapterait mieux à l’entreprise, mais que design et entreprise doivent se réinventer ensemble pour être à la hauteur des défis contemporains.

Invisibilisation du « chauffage pour tous »

Une des originalités de ce numéro tient à ce qu’il ne reprend pas l’histoire traditionnelle du design : celle qui va des métiers d’art aux « formes modernes » des années 1950, en résonance avec les mouvements de la mode ou les contre-cultures de la société. Car cette histoire ne rend pas compte de l’impact des transformations techniques des entreprises et de leurs stratégies commerciales.

C’est ainsi que l’article consacré au « design du feu » au XXe siècle par Renan Viguié, doctorant en histoire, montre que l’esthétique classique de « la cheminée » et du « coin du feu » a cédé face à la stratégie d’invisibilisation du « chauffage pour tous » qui répondait mieux au développement de la construction immobilière.

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De même, l’histoire de la production de lunettes au XIXe siècle, analysée par Corinne Doria, enseignante en histoire, souligne la précocité de la tension entre objet de luxe et objet médical qui traverse toujours les logiques des designers.

Il y a aussi entre logique du design et logique des entreprises des liens plus structurels. Matthew Holt, professeur d’histoire du design, rappelle une généalogie qui ne passe pas par l’histoire des formes, mais par les théories plus larges de la gestion scientifique, de l’organisation ou des systèmes artificiels.

Une intégration limitée

Ainsi, le management moderne est indissociable de la quête d’un design plus intégré à la conception collective d’entreprises capables d’incarner, dans des objets, des systèmes techniques ou des relations, les valeurs de l’époque. Cette intégration du design a-t-elle eu lieu ? Un débat organisé par la revue entre une designer (Anne Asensio) et deux chercheurs en design (James Auger et Armand Behar) reconnaît que, dans les entreprises, cette intégration est restée limitée, mais que la pression des défis sociétaux, environnementaux et culturels contemporains devrait l’imposer.

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Repérages, paranoïa et petites notes en détention : enquête autour du périple meurtrier du « tueur de DRH »

« Pendant l’intégralité de l’interrogatoire, Gabriel Fortin est resté silencieux, les yeux dans le vague. » Accusé d’avoir tué une conseillère Pôle emploi et deux directrices des ressources humaines (DRH), les 26 et 28 janvier 2021, il se mure toujours dans le même « silence », répété depuis deux ans sur ses procès-verbaux (PV) d’audition. Mutique face aux enquêteurs. Pas plus bavard face à la juge d’instruction.

L’ingénieur au chômage de 47 ans, mis en examen pour trois assassinats et une tentative, a également refusé de participer aux reconstitutions, restant dans le fourgon pénitentiaire. Le travail des enquêteurs a toutefois permis de retracer son parcours, et une plongée dans ses données numériques a commencé à le faire parler malgré lui. Sans compter les notes manuscrites saisies dans sa cellule.

Le dossier, que Le Monde a consulté, raconte « la vengeance froide et déterminée d’un homme intelligent », selon les termes de l’ordonnance de mise en accusation. Renvoyé devant la cour d’assises de la Drôme, son procès devrait se tenir en juin. Contactés, ses avocats n’ont pas donné suite.

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Le 28 janvier 2021, à 9 h 20, une Hyundai rouge est percutée par des policiers sur le pont Frédéric-Mistral, à Valence. Gabriel Fortin est interpellé au volant. Dans la voiture : un Glock 9 mm et près de deux cents munitions. Dans la poche avant droite de son jean : deux cartouches 9 mm et un stylo. C’est la fin d’un périple meurtrier de trois jours.

Vingt minutes plus tôt, il était entré dans une agence Pôle emploi sous un faux nom. La main fourrée dans un sac plastique, il fait les cent pas dans la salle d’attente. Avant de se diriger dans un couloir, de choisir un bureau et de faire feu. Patricia Pasquion, responsable indemnisation à Pôle emploi, est tuée d’une balle en pleine poitrine. Le tireur, lui, s’enfuit.

De l’autre côté du Rhône, Gabriel Fortin entre tout aussi prestement dans les locaux de Faun Environnement, une entreprise qui fabrique des bennes à ordures. Casquette vissée sur son crâne rasé et sac plastique toujours à la main, il cherche « Philippe C. ». Sans succès : l’employé ne travaille plus ici. Il finit par trouver la DRH, Géraldine Caclin, et la touche mortellement avant de fuir à nouveau, abandonnant sur place son 9 mm enrayé.

Corps criblé de balles

En quelques heures, les enquêteurs tirent les premiers fils d’une investigation qui durera un an et demi. Ils découvrent que Gabriel Fortin était ingénieur chez Faun entre 2008 et 2009. La victime avait géré son licenciement et ce Philippe C. qu’il recherchait était son ancien chef. Gabriel Fortin avait ensuite été rattaché au Pôle emploi de Valence jusqu’en 2012, sans qu’aucun lien direct soit établi avec Patricia Pasquion. « L’hypothèse la plus probable », avance le policier chargé de l’enquête dans un PV de synthèse, est que Pôle emploi incarnait le « symbole de son échec professionnel » et que « Mme Pasquion se trouvait sans doute au mauvais endroit au mauvais moment ».

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Réforme des retraites : le gouvernement ne reviendra pas sur le report de l’âge légal de départ à 64 ans, selon le ministre du travail

Il a fermé la porte à un recul du gouvernement sur le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Le ministre du travail, Olivier Dussopt, a affirmé, lundi 23 janvier, que « revenir sur ce point serait renoncer au retour à l’équilibre du système ».

« Les mesures d’âge que nous prenons », le relèvement de l’âge légal (64 ans en 2030) et l’accélération de l’allongement de la durée de cotisation (quarante-trois ans dès 2027) « permettent de ramener le système à l’équilibre en 2030 » ; ces mesures sont « tout à fait fondamentales », a fait valoir M. Dussopt lors du compte rendu à la presse du conseil des ministres.

« Revenir sur ce point serait renoncer au retour à l’équilibre et donc manquer de responsabilité pour les générations futures », a-t-il ajouté, tout en reconnaissant que le gouvernement a « un désaccord avec les organisations syndicales », vent debout contre toute mesure relative à l’âge légal.

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Introduire « plus de justice »

Le projet de budget rectificatif de la Sécurité sociale dans lequel est inscrite la réforme des retraites, présenté au conseil des ministres de lundi, est porteur de « 18 milliards d’euros d’économies à l’horizon 2030 », a précisé M. Dussopt.

Selon le gouvernement, ces économies sont censées permettre d’équilibrer le système et d’introduire « plus de justice », avec notamment une pension minimale relevée à 1 200 euros brut pour une carrière complète, qui doit concerner 1,8 million de pensionnés actuels et environ 200 000 nouveaux retraités chaque année.

Prise en compte des carrières longues, amélioration du compte professionnel de prévention (pour la pénibilité), index sur l’emploi des seniors assorti d’une sanction financière en cas de non-publication pour les entreprises de plus de trois cents salariés, suppression des régimes spéciaux… Le ministre du travail et son collègue de la fonction publique, Stanislas Guerini, ont égrené les points fondamentaux du projet de loi.

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Cinquante mille personnes concernées dès cette année

Le report de l’âge légal de départ dès septembre « pourrait conduire cinquante mille personnes à décaler leur départ » cette année, a estimé le Haut Conseil des finances publiques (HCFP). Parmi les futurs retraités de 2023 (probablement plus de sept cent mille comme les années précédentes), un sur quinze partira plus tard que prévu.

Une mesure qui pourrait entraîner « une baisse des dépenses » de 200 millions d’euros dès cette année, juge le HCFP. Le « maintien dans l’emploi » de ces actifs doit également générer « des recettes supplémentaires », non chiffrées mais qui « devraient être faibles ». En tout cas insuffisantes pour compenser la revalorisation des petites pensions, « dont le coût (…) a été provisionné à hauteur de 400 millions ».

En y ajoutant 100 millions pour « des mesures sur la pénibilité et l’usure professionnelle » et autant pour celles « en faveur des transitions emploi-retraite », l’ardoise des « dépenses supplémentaires » s’établit à 600 millions d’euros. Soit un « coût net estimé à 400 millions », poursuit le HCFP, qui en conclut que « la réforme des retraites aura un impact très faible sur les finances publiques en 2023 ».

Pas de « dérapage » des dépenses des retraites, selon le COR

Manifestation intersyndicale contre le projet de réforme des retraites, à Paris, le 19 janvier 2023.

Questionné sur la possibilité que le texte soit modifié lors du débat parlementaire, M. Dussopt a répondu :

« Chaque fois qu’un amendement nous permettra d’améliorer le texte sans renoncer au retour à l’équilibre en 2030, ni aux fondamentaux de la réforme, évidemment nous y serons ouverts. »

De son côté, le président du Conseil d’orientation des retraites (COR), Pierre-Louis Bras, a donné un autre son de cloche concernant l’équilibre du système, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, jeudi 19 janvier. Selon lui, « les dépenses ne dérapent pas (…). Les dépenses de retraites sont globalement stabilisées et, même à très long terme, elles diminuent dans trois hypothèses sur quatre », a exposé M. Bras, s’appuyant sur le dernier rapport annuel du COR, qui projette quatre scénarios économiques.

Toujours selon lui, « dans une seule hypothèse, on revient à l’équilibre en 2045 ; dans l’hypothèse qui sert de référence dans le cadre de la réforme, le déficit perdure jusqu’en 2070 ». Et de conclure : « Le gouvernement (…) a fait un choix. »

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Le Monde avec AFP

Réforme des retraites : le gouvernement met en avant des effets de « justice » et de « progrès »

La première ministre, Elisabeth Borne, accompagnée des ministres de l’économie et de la fonction publique, Bruno Le Maire et Stanislas Guerini, lors de la présentation du projet de réforme des retraites, à Paris, mardi 10 janvier 2023.

Quelles sont les incidences de la réforme des retraites ? Cette question est au cœur des critiques adressées au gouvernement face à son projet qui relève à 64 ans l’âge légal de départ tout en accélérant l’application de la « loi Touraine » de janvier 2014 sur l’allongement de la durée de cotisation pour le taux plein. Tous les syndicats ainsi que la gauche, l’extrême droite et plusieurs personnalités de droite dénoncent de tels changements de paramètres du fait de leur caractère « injuste » et « brutal ».

Alors que le texte devait être présenté, lundi 23 janvier en conseil des ministres, l’exécutif publie concomitamment une « étude d’impact » dont l’objectif – comme son nom le suggère – est de soupeser les retombées des dispositions prises. Réalisé par les services de l’Etat, ce document affiche en page de garde les mots « justice, équilibre et progrès », ce qui correspond très exactement aux éléments de langage utilisés par le pouvoir en place pour promouvoir sa démarche. Le contenu même du rapport est très positif sur la réforme, contredisant ainsi tous ceux qui s’y opposent : « la solidarité et l’équité entre les assurés » en sortiront renforcées, est-il écrit, grâce – en particulier – aux mesures dites « d’accompagnement » (ou sociales).

Parmi les constats qui captent l’attention, il y a la hausse du montant de la retraite « à la liquidation » – c’est-à-dire lorsque les personnes demandent le versement de la prestation. La somme versée s’accroîtra en moyenne de 0,3 % pour la génération de 1962, de 0,6 % pour ceux qui sont nés en 1966 et de 1,5 % pour les individus ayant vu le jour en 1972. « Cette amélioration (…) est nettement plus marquée pour les femmes », précise l’étude (+ 1 % pour la génération 1966 et + 2,2 % pour la génération 1972, contre + 0,6 % et + 0,9 % s’agissant des hommes). Ces conséquences « favorables » résultent de la combinaison de deux facteurs : le décalage de l’âge de départ, qui contribue à augmenter les droits (les assurés cotisant plus longtemps, globalement, sur un salaire potentiellement plus important), et le coup de pouce donné au minimum de pension – celui-ci devant atteindre 85 % du smic net (soit environ 1 200 euros brut à la fin de l’été) pour une « carrière complète cotisée à temps plein au smic ».

Fortes disparités

Pour les premières générations concernées par le projet, le rapport met en exergue une progression « significative » de la retraite moyenne au niveau des « quatre premiers déciles » (c’est-à-dire pour les 40 % de personnes touchant les sommes les plus basses). Une telle évolution, liée en grande partie à la majoration de la pension minimale, amène Olivier Dussopt, le ministre du travail, à défendre l’idée, dans un entretien au Journal du dimanche du 22 janvier, que la réforme est « redistributive » : « Ce sont les pensionnés les plus pauvres qui verront leur pension à la liquidation augmenter le plus. »

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Réforme des retraites : sur la question de l’emploi des seniors l’exécutif durcit le ton à l’égard du patronat

Coup de semonce sans lendemain ou réel changement d’approche ? Alors que la réforme des retraites devait être présentée, lundi 23 janvier, en conseil des ministres, l’exécutif durcit soudainement le ton à l’égard des patrons. L’idée consistant à leur dicter de nouvelles obligations pour qu’ils emploient des seniors vient d’être mise sur la table par le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, et par son collègue chargé de l’action et des comptes publics, Gabriel Attal. Ces prises de position retiennent l’attention, car jusqu’à maintenant le pouvoir en place s’est souvent vu reprocher de demander très peu d’efforts aux entreprises, alors que les actifs, eux, devront travailler plus longtemps (jusqu’à 64 ans, à terme, dans la plupart des cas) pour avoir le droit de réclamer leur pension.

C’est M. Attal qui a tiré le premier. Dans un entretien mis en ligne samedi soir par le quotidien Le Parisien, il affirme que les membres du gouvernement sont « très ouverts (…) à regarder sans tabou des mesures coercitives [à l’encontre d’]entreprises qui ne joueraient pas le jeu » pour garder dans leurs effectifs des salariés proches de la soixantaine. Le lendemain, sur BFM-TV, M. Véran a renchéri. A la question de savoir s’il fallait se montrer plus exigeant vis-à-vis des dirigeants de société, il a répondu : « Pourquoi pas ? » « C’est quand même fort de café que la France soit un pays dans lequel on ne reconnaîtrait pas à des gens qui ont de l’expertise, de l’expérience, du savoir-faire et [qui] ont envie de bosser, cette capacité à le faire valoir », a-t-il ajouté.

Dans le projet de loi présenté lundi, il est prévu d’instaurer un « index seniors », dont le but est d’« objectiver » la présence des travailleurs âgés dans les entreprises. Celles qui comptent au moins 300 collaborateurs seront tenues de publier les résultats de ce baromètre qui cherche à « valoriser les bonnes pratiques ». En cas de manquement, elles s’exposent à des pénalités financières pouvant aller jusqu’à 1 % de la masse salariale.

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« On est entrés dans une bataille de “com” »

Déjà très critique sur ce dispositif, qu’il juge dépourvu de sens, le Mouvement des entreprises de France (Medef), par la voix de son président Geoffroy Roux de Bézieux, digère mal les interventions de MM. Attal et Véran. « Au-delà de l’impossibilité de comparer les entreprises entre elles et, surtout, de définir les “bons” et les “mauvais” résultats, taper sur les entreprises ne fera pas cesser les manifestations », confie-t-il. Autrement dit, la réforme continuera d’être impopulaire même si elle punit les patrons. Pour M. Roux de Bézieux, il serait préférable que « l’on discute sérieusement du sujet avec les syndicats » au plus près du terrain.

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Le cadre demandeur d’emploi, un chômeur comme un autre… ou presque

En 2021, le taux de chômage des cadres d’entreprise était de 4,1 %, contre 7,9 % pour l’ensemble des actifs. Bénéficiant du quasi-plein-emploi, les cadres choisissent plus souvent de s’inscrire au chômage pour souffler ou changer de voie, une situation mise en évidence dans une étude publiée le 16 janvier par l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) et Pôle emploi.

Rassemblant toutes les données disponibles sur les inscrits à la recherche d’un emploi cadre, cette enquête dresse le portrait-robot d’un chômeur relativement privilégié : 51 % des demandeurs d’emploi cadres inscrits entre juin 2020 et septembre 2021 ont accédé à un emploi temporaire ou durable dans les six mois suivant leur inscription à Pôle emploi, contre 43 % des autres catégories de salariés.

Le chômage semble d’autant moins une période subie que les cadres bénéficient plus souvent d’une allocation-chômage que les autres demandeurs d’emploi – 78 %, contre 69 % en moyenne, fin décembre 2021 – et sont mieux indemnisés : 2 200 euros en moyenne, soit 900 euros de plus. Avant leur inscription à Pôle emploi, les demandeurs d’emploi cadres indemnisés percevaient un salaire de 3 900 euros, soit 1 700 euros de plus que les autres demandeurs d’emploi.

Reconversion choisie

De quoi les inciter à envisager la période d’inscription à Pôle emploi comme un temps de reconversion choisie. Ainsi, 18 % des 589 000 demandeurs d’emploi cadres inscrits fin juin 2022 se sont inscrits à Pôle emploi après une rupture conventionnelle. Cette proportion n’est que de 9 % pour les autres catégories.D’autre part, 12 % étaient en catégorie E, celle des créateurs d’entreprise, contre 6 % pour l’ensemble des demandeurs d’emploi.

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Les cadres sont aussi plus nombreux que la moyenne à entrer en formation pendant leur période de recherche d’emploi (26 % en 2021, contre 23 % pour les autres demandeurs). A cette occasion, ils mobilisent davantage leur compte personnel de formation (CPF) – 57 % des formations suivies par les demandeurs d’emploi cadres, contre 44 % pour les autres – et l’aide individuelle à la formation (14 %, contre 9 %). « Ces types de financement leur offrent a priori plus de liberté dans leurs choix de formation », souligne l’étude, qui met en évidence que ces formations sont en moyenne plus courtes, et davantage orientées vers le perfectionnement et l’élargissement de compétences.

Mêmes inégalités

Derrière ce tableau idyllique, on retrouve cependant les mêmes inégalités entre les cadres au niveau du chômage et du retour à l’emploi que chez les autres catégories de salariés. Les femmes sont surreprésentées parmi les cadres demandeurs d’emploi (45 %, contre 37 % pour les cadres en emploi), de même que les moins de 35 ans et les personnes âgées de 55 ans et plus (6,8 % de taux de chômage, contre 4,1 % pour l’ensemble des cadres). Ces derniers sont plus souvent confrontés au chômage de longue durée.

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Pour les étudiants refusés en master, des perspectives d’insertion professionnelle qui ne font pas rêver

Rien ne s’est passé comme prévu pour Juliette Péan. Quand elle obtient sa licence de psychologie à l’université de Caen, en juin 2020, l’étudiante de 24 ans n’envisage qu’une chose : poursuivre ses études. Mais les dix refus en master essuyés au fil de l’été auront raison de son projet. Comme beaucoup d’autres recalés, elle se dirige vers un service civique, qu’elle effectue dans une clinique. Pendant six mois, elle a pour mission de réduire l’isolement des patients en prenant le temps de les écouter. Une expérience enrichissante qui, elle en est convaincue, va renforcer son dossier. L’été suivant, le scénario des refus se répète. La jeune femme n’a aucune place en master.

Juliette décide alors de chercher du travail et décroche un CDD de six mois comme aide-soignante dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). « Il a bien fallu prendre les devants et gagner ma vie, raconte-t-elle. J’ai candidaté à des tas de postes mais avec une licence de psycho généraliste, c’était très difficile de trouver quelque chose de stimulant. J’ai, par exemple, postulé pour être médiatrice familiale ou assistante maternelle, mais ça n’a pas marché car je n’avais pas la bonne formation. » Après son passage en Ehpad, Juliette devient « écoutante sociale » pour le 115, le numéro d’urgence pour les personnes en grande difficulté, tout en continuant à peaufiner sa stratégie pour postuler en master.

« Ces filières en tension ont des débouchés, mais la licence ne suffit pas. Elle n’est pas faite pour le monde du travail. Un BTS, un DUT sont professionnalisants, mais la licence générale est pensée pour mener vers le master », observe Loup Bensoam, étudiant en master de droit économique à Sciences Po et cofondateur de la plate-forme collaborative ViteMonMaster qui compare les capacités d’accueil des différents masters.

Selon les données de l’enquête du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq) publiée en septembre 2022 et consacrée aux étudiants sortis du supérieur en 2017, à peine 7 % d’entre eux ont quitté la fac au niveau bac +3.

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S’ils ne sont pas plus nombreux à se lancer dans le grand bain, c’est sans doute parce que les perspectives d’insertion professionnelle ne font pas rêver. « Si les trajectoires des diplômés de licence professionnelle sont particulièrement favorables, celles des sortants de licence générale se distinguent par leur difficulté, au point d’être parfois comparables aux parcours des non-diplômés de l’enseignement supérieur », conclut l’étude.

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Les salariés d’Editis sont hostiles à une mise en Bourse de leur entreprise

Avant l’annonce prévue du nouveau repreneur d’Editis – que Vivendi, son actuel propriétaire, promet avant la fin janvier –, les recommandations des représentants du personnel à destination des candidats au rachat arrivent à point nommé.

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Dans un document confidentiel réalisé avec le cabinet Secafi Alpha et déjà présenté à leur direction, les salariés du numéro deux français de l’édition (Le Robert, 10/18, Plon…) veulent « sécuriser l’avenir d’Editis avec un repreneur unique, qui reprend l’intégralité du périmètre, sans introduction en Bourse, ni leveraged buy-out [LBO, rachat en ayant recours à beaucoup d’endettement], ni fonds d’investissement ». Ils aspirent à être « à l’abri de toute stratégie court-termiste et de toute spéculation boursière et financière ».

En plaidant pour une vente à 100 % d’Editis, ils s’opposent donc frontalement à Vivendi, qui, lui, souhaite céder l’entreprise selon un schéma de « cotation-distribution », en mettant simultanément en Bourse la maison d’édition et en vendant les parts détenues par Vincent Bolloré (29,6 %) à un actionnaire de référence. Ce choix devra être validé par les autorités de la concurrence de la Commission européenne, qui donneront ou non leur feu vert à l’offre publique d’achat (OPA) que Vivendi a lancée, en février 2022, sur le groupe Lagardère, afin de prendre le contrôle d’Hachette, le numéro trois mondial de l’édition.

Répartition plus juste

Echaudés, puisqu’ils ont déjà changé de propriétaire cinq fois en vingt ans, les salariés espèrent que le repreneur aura une réelle solidité financière et une « capacité d’investissement démontrée, en phase avec les enjeux de développement d’Editis, avec un engagement sur le long terme (au-delà de dix ans) ». Michèle Benbunan, directrice générale d’Editis, avait déclaré, dans un entretien au Monde, le 6 juillet, que Vivendi avait investi 50 millions d’euros dans le groupe en trois ans.

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Si un investisseur étranger est choisi – l’italien Mondadori étant toujours en piste –, les salariés demandent alors de « réserver au moins 25 % du capital à un investisseur institutionnel français », comme Bpifrance ou la Caisse des dépôts. Dans le cadre d’une répartition plus juste, ils proposent aussi d’attribuer de « 5 % à 10 % du capital aux salariés dans des conditions d’accès préférentielles », tout en les associant financièrement et équitablement à la réussite du projet d’entreprise. Ce qui passerait notamment par « une prime de cession » (3 % du prix de la vente), qui serait redistribuée au personnel de l’entreprise.

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