Le gouvernement supprime le classement de sortie de l’ex-ENA
Le nouveau système d’affectation de l’Institut national du service public vise à assurer l’adéquation entre le profil du candidat et le poste qu’il vise.
Le nouveau système d’affectation de l’Institut national du service public vise à assurer l’adéquation entre le profil du candidat et le poste qu’il vise.
Le livre. Les hommes connaîtront-ils le même destin que les chevaux ? Dans les années 1980, l’économiste Wassily Leontief (1906-1999) s’intéressa à la disparition des équidés dans les métropoles entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Les voitures et les tracteurs avaient alors évincé les chevaux et leur force de traction. « Une nouvelle technologie, le moteur à combustion, avait réussi à remplacer une créature qui, pendant des millénaires, avait joué un rôle central dans la vie économique », relate le chercheur britannique Daniel Susskind, dans son ouvrage Un monde sans travail (Flammarion, 340 pages, 24 euros)). Pour M. Leontief, le vent technologique qui avait eu raison des chevaux aurait tôt ou tard le même impact sur les humains : les robots et les ordinateurs finiraient par nous retirer notre travail.
La peur de l’automatisation des tâches et de l’innovation suit fidèlement l’histoire du progrès industriel. Elle a toujours été accompagnée de Cassandre, mais aussi, parfois, de figures plus rassurantes, ayant confiance dans les lois économiques du moment. Elles prédisaient que les travailleurs « victimes de la technologie » retrouveraient un emploi. Elles ont souvent eu raison, estime l’auteur.
La donne pourrait toutefois changer dans les décennies qui viennent, à mesure que nous allons quitter l’« âge du travail ». C’est tout le propos de l’essai de M. Susskind. L’économiste explique comment les progrès technologiques actuels et à venir préparent une rupture sans précédent. « Les machines sont de plus en plus puissantes et accaparent des tâches jusqu’ici réservées aux hommes », note-t-il. La place des humains dans le monde du travail ne pourra, dès lors, que se contracter.
L’intelligence artificielle agit tel un rouleau compresseur dans de nombreux secteurs d’activité. Des machines se révèlent désormais plus fiables que certains spécialistes pour réaliser des diagnostics médicaux, des outils informatiques sont capables de calculer les indemnités à verser dans le secteur de l’assurance, d’autres peuvent rédiger des rapports d’activité. Dans le même temps, des solutions se dotent de véritables capacités relationnelles et d’une aptitude à détecter les émotions humaines.
En conséquence, le « chômage technologique » devrait devenir un phénomène massif. « Dans les cent années qui nous attendent, les progrès technologiques vont nous rendre plus riches que jamais – alors mêmes qu’ils nous entraînent vers un monde où le travail sera une denrée rare », résume l’auteur. M. Susskind appelle donc, dès aujourd’hui, à une réflexion afin de préparer ce « monde d’après ».
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L’augmentation des radiations de Pôle emploi pourrait-elle expliquer la forte baisse du nombre de demandeurs d’emploi enregistrée au quatrième trimestre de 2022 ? Selon les chiffres publiés, mercredi 25 janvier, par l’opérateur public et le ministère du travail, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) a diminué de 3,6 % sur l’ensemble du territoire (outre-mer compris, sauf Mayotte), soit 114 400 personnes de moins comparé au trimestre précédent.
L’explication d’une partie de cette baisse réside bien dans le nombre exceptionnellement élevé de radiations administratives enregistrées par Pôle emploi. Sur le dernier trimestre de 2022, elles représentent 9,7 % des sorties. Surtout, elles sont en hausse de 10,4 % par rapport au troisième trimestre et le seul mois de novembre a vu s’établir un nouveau record, avec 58 100 personnes radiées, une première depuis le début de ces statistiques, en 1996.
Une radiation administrative est une suspension temporaire de l’inscription, et donc de l’indemnisation, à laquelle procède Pôle emploi lorsqu’une personne inscrite ne répond pas à une convocation, qu’elle ne recherche pas activement un emploi, qu’elle refuse à deux reprises une offre d’emploi ou qu’elle abandonne une formation sans raison.
L’opérateur public tient néanmoins à rappeler que la décision de radiation n’est jamais automatique. Elle est toujours précédée d’un avertissement qui laisse plus de dix jours au demandeur d’emploi pour réagir et se justifier. « Ces justifications aboutissent dans une grande majorité de cas à ne pas prononcer de sanction, donc pas de radiation », indique la direction de Pôle emploi, qui précise prendre en compte la situation des inscrits et ne jamais radier « de manière aveugle et automatique ».
« L’évolution du nombre de radiations n’explique pas » la baisse du nombre de demandeurs d’emploi constatée ces derniers trimestres, se défend la direction de Pôle emploi. « Plus de 80 % des radiations sont prononcées pour une durée d’un mois, à l’issue duquel le demandeur d’emploi peut se réinscrire », assure l’opérateur.
Pour autant, l’augmentation des radiations ne vient pas de nulle part. Alors que l’opérateur a mis en place, en septembre 2022, des viviers de chômeurs susceptibles de combler les pénuries de main-d’œuvre dans les métiers en tension, les contrôles se sont par ailleurs intensifiés dans l’année à la demande d’Emmanuel Macron. Pôle emploi devait mener 500 000 contrôles en 2022, contre 420 000 en 2019.
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Après une courte stagnation, la baisse du nombre de demandeurs d’emploi a repris son cours. Une nouvelle plus que bienvenue pour le gouvernement, qui, malgré une conjoncture incertaine, a fait du plein-emploi – un taux de chômage autour de 5 % de la population active – l’objectif du quinquennat.
Selon les statistiques diffusées, mercredi 25 janvier, par Pôle emploi et la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques, qui dépend du ministère du travail, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) a connu une nette diminution au quatrième trimestre de 2022, de 3,6 %, pour s’établir à 3,049 millions de personnes sur l’ensemble du territoire (outre-mer compris, sauf Mayotte) contre 3,164 millions au troisième trimestre. Soit une baisse de 114 000 au quatrième trimestre. Sur un an, les effectifs de cette catégorie, la plus scrutée, ont baissé de 9,3 %, soit 312 000 personnes en moins.
La décrue du quatrième trimestre est bien moins importante si on ajoute les demandeurs d’emploi en activité réduite (catégorie B et C). Ainsi, le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi et tenues de rechercher un emploi (catégories A, B et C) s’élève à 5,394 millions de personnes, en baisse de 0,8 % par rapport au trimestre précédent, mais de 5,1 % sur un an. La barre des 5,4 millions est pour la première fois franchie à la baisse depuis 2014.
Grâce à ce reflux important, les effectifs de la catégorie A n’ont jamais été aussi bas depuis 2011. « Le plein-emploi c’est aussi le bon emploi. Nous poursuivons notre mobilisation », a déclaré le ministre du travail, Olivier Dussopt, sur Twitter, mercredi.
Toutes les tranches d’âges bénéficient de cette situation favorable, notamment les moins de 25 ans (− 9,8 % sur un an en France métropolitaine), mais aussi, et c’est un des enjeux cruciaux de la réforme des retraites, les séniors. Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A de plus de 50 ans baisse ainsi de 8,9 % sur un an. L’amélioration du taux d’emploi des séniors entamée il y a une vingtaine d’années se poursuit.
Le marché du travail continue donc de résister à la conjoncture économique actuelle. « On est surpris de ces résultats, mais on l’est depuis trois ans maintenant, explique Gilbert Cette, professeur d’économie à la Neoma Business School. On aurait pu s’attendre à ce que la situation se dégrade alors que les perspectives de croissance ne sont pas mirobolantes. »
Minicroisière en péniche sur la Seine afin de découvrir les chantiers des Jeux ; job dating en faisant du sport dans un stade avec des représentants d’entreprises de l’hôtellerie ou de la restauration ; immersion auprès d’agents de sécurité… Les principaux acteurs des Jeux olympiques et paralympiques (JOP), que ce soit le Comité d’organisation (Cojop), responsable de l’événementiel, ou l’établissement public chargé de la livraison des ouvrages olympiques, la Solideo, ne manquent pas d’imagination pour « vendre » les emplois liés à l’événement de l’été 2024.
Il s’agit de concrétiser un discours officiel qui met en avant une volonté d’avoir des Jeux dits « solidaires » et devant être « une opportunité » pour les territoires d’accueil. Mais, à mi-parcours des travaux de préparation, un constat s’impose : entre les promesses de départ sur les retombées positives en matière d’emploi local et la réalité sur le terrain, il y a un écart. Si l’implication des institutions est grande, la difficulté à en faire bénéficier la population l’est tout autant.
En témoigne la situation en Seine-Saint-Denis, aux premières loges de ces Jeux, puisque ce département draine 80 % des investissements de la Solideo, avec des chantiers monumentaux, tels que le village olympique et celui des médias. « On devrait rebaptiser les Jeux Seine-Saint-Denis 2024 », s’amusait le président du conseil départemental, Stéphane Troussel, à la mi-janvier, lors d’un événement à la chambre de commerce de la Seine-Saint-Denis, visant à présenter des « opportunités d’affaires » liées aux Jeux.
Pour ce territoire, l’un des plus durement frappés par le chômage depuis plus de vingt ans –un taux de près de 25 % chez les 18-25 ans –, où le nombre de bénéficiaires du RSA est le plus élevé du pays, le postulat de départ était simple : les quarante communes allaient bénéficier de l’emploi créé par les Jeux. En mars 2019, Paris 2024 avait annoncé « 150 000 emplois directs créés sur la période 2018-2024 » dans les trois secteurs directement concernés par les Jeux : filière événementielle, tourisme et construction.
Depuis, l’enthousiasme est descendu d’un cran. « Il s’agit d’emplois mobilisés, ce qui englobe surtout des emplois existants tournés vers les Jeux pendant une courte période, et des créations d’emplois temporaires, dont une partie pouvant bénéficier au département », résume Mama Kanouté, chargée de projets à la direction de l’emploi et de l’insertion au conseil départemental.
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Carnet de bureau. Le paysage conjoncturel ne présage rien de bon pour la santé mentale des salariés. Les plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) validés ou homologués ont en effet bondi à partir du deuxième trimestre 2022, en hausse de 51,8 % sur un trimestre, selon le ministère du travail. L’avocat de droit social David Guillouet, du cabinet Voltaire Avocats, constate de son côté « un retour des litiges liés aux plans sociaux qui augmentent ». Et les défaillances d’entreprise ont augmenté de 50 % en un an.
Les restructurations, qui accompagnent les PSE, sont toujours une menace potentielle pour les salariés, aussi bien pour les partants que pour les restants. En effet, « la santé mentale est affectée lorsqu’il y a déséquilibre entre les facteurs de risque – surcharge de travail, rapport agressif avec un manageur – et les facteurs de protection – soutien social, soutien familial, développement des compétences, sentiment d’utilité », explique Camy Puech, président fondateur de Qualisocial, cabinet de conseil en prévention des risques psychosociaux (RPS).
Trois facteurs de risque majeur apparaissent à l’annonce d’une restructuration : l’insécurité économique, la perte de sens (mon poste est supprimé, donc je suis inutile) et la dégradation des relations sociales (défiance à l’égard des manageurs, priorisation de l’intérêt personnel). Tandis qu’aucun facteur de protection n’apparaît. Il y a donc déséquilibre. Le risque pour l’entreprise est que la restructuration se passe mal.
C’est sans doute pourquoi les demandes d’accompagnement pour projet de restructuration se multiplient en ce début d’année chez Qualisocial. « Depuis janvier, on reçoit plus d’un dossier par semaine, précisément neuf dossiers nous sont parvenus sur les deux premières semaines de 2023, contre quarante pour toute l’année 2022. Et elles concernent des projets importants avec fermeture de site d’entreprise de plus de 300 personnes, voire de grandes entreprises qui suppriment 10 % à 15 % de leur effectif », confie Camy Puech.
Les entreprises se mobilisent d’autant plus qu’elles se savent davantage surveillées. La responsabilité de l’employeur vis-à-vis de la santé des salariés n’est pas nouvelle. En application des articles L. 1233-30 et L. 4121-1 du code du travail, l’employeur est tenu d’identifier et de prévenir les risques induits par tout projet de restructuration. Mais « à la suite de l’augmentation des litiges post-PSE, l’administration est devenue plus exigeante sur le respect par les employeurs du traitement des RPS », explique Me Guillouet.
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Lorsque des accidents surviennent en entreprise, les comptes-rendus sont souvent rédigés de façon spontanée, sans formatage. Des propos libres qui apportent de nombreuses précisions, une richesse contextuelle, mais ont leur revers : ils sont très difficiles à exploiter. Une problématique que des outils d’intelligence artificielle (IA) pourraient pallier, forts de leur capacité à faire ressortir d’une masse textuelle récurrences des signaux faibles.
L’IA peut-elle être un atout pour la santé et la sécurité des travailleurs ? C’est ce que pensent aujourd’hui nombre de scientifiques, qui observent le potentiel croissant de solutions technologiques et les perspectives prometteuses qu’elles dessinent pour la prévention en entreprise. « Les avancées sont impressionnantes, note Martin Bieri, chargé d’études au sein du laboratoire d’innovation numérique de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL). Dans des organisations qui comptent des métiers à risque, où l’on observe beaucoup d’accidents, l’IA peut être une aide précieuse pour exploiter les données et mieux comprendre la multiplication d’incidents. »
Des solutions sont d’ores et déjà déployées dans certaines d’entre elles, comme le logiciel Plus de la société Safety Data – Omnicontact. Il doit « améliorer la sécurité grâce au traitement automatique de données textuelles et faire office d’aide à la décision », explique l’une de ses salariés, Céline Raynal. D’autres outils ambitionnent de surveiller en temps réel les espaces de travail et leurs occupants, dans le seul but déclaré de les sécuriser, et de lancer une alerte si un danger est repéré.
Certaines sont déjà déployées dans des organisations, comme les caméras embarquées sur véhicule de chantier Blaxtair, qui permettent de détecter des piétons grâce à un système de reconnaissance de personnes. D’autres sont encore à l’état de test, mais pourraient trouver leur place dans les entreprises dans la décennie qui vient.
C’est le cas des équipements connectés capables de mesurer et de transmettre des données biométriques du salarié (la fréquence cardiaque, par exemple) et des positions articulaires. « L’IA sera en capacité de donner l’alerte sur la fatigue d’un travailleur en combinant l’analyse de différents paramètres, explique Timothée Silvestre, chargé de prospective au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). L’enregistrement de certains mouvements ou du cumul de poids portés pourront par ailleurs être réalisés avec des capteurs portés, afin de prévenir des risques pour le corps du salarié, notamment de troubles musculosquelettiques. »
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Le saviez-vous, la France compte le plus grand producteur au monde de fleischschnacka, et elle a bien failli le perdre. Pour qui n’est pas familier de cette spécialité alsacienne, la voilà qui apparaît : un mitonné de pot-au-feu qu’une machine étale sur de la pâte à nouilles et qu’avec un tour de main des hommes et des femmes, charlotte sur la tête et blouse floquée à leur prénom, roulent et ficellent en vue de sa vente dans la grande distribution.
« Si on ne s’était pas positionné, tout ça disparaissait. Ça aurait été dommage », commente Mathieu Rouillard, 51 ans, PDG de la société coopérative de production (SCOP) Maurer-Tempé, à Kingersheim (Haut-Rhin). C’était en 2019. L’entreprise qui commercialise saucisses et spécialités alsaciennes connaissait un énième redressement judiciaire, des plans sociaux ayant réduit drastiquement les effectifs – d’un millier dans les années 1990 à 1993 lors de sa reprise en SCOP par ses salariés à 125 aujourd’hui.
« Si on n’avait pas eu le mouvement des SCOP à nos côtés et leurs dispositifs financiers, on n’aurait pas pu convaincre nos partenaires bancaires, souligne Mathieu Rouillard d’emblée. Sans compter tout l’accompagnement, il y a un vrai suivi derrière. » L’une des raisons, explique-t-il, de la résilience des entreprises coopératives. Contrairement à ce que le récent échec de Scopelec, SCOP spécialisée dans le déploiement de réseaux télécoms, pourrait laisser penser, leur taux de pérennité à cinq ans est plus élevé que la moyenne (73 % en 2021, contre 61 %, selon la Confédération générale des SCOP).
L’autre raison tient, selon M. Rouillard, au modèle lui-même. « Sans lui, on n’aurait pas surmonté les quatre crises qu’on a connues en quatre ans », répète-t-il avec conviction en faisant visiter l’entreprise. A savoir la flambée des cours du porc après la fièvre porcine africaine, la pandémie due au Covid-19 et la désorganisation du marché qu’elle a provoquée, et aujourd’hui l’inflation et la crise de l’énergie.
Il existe plus de 4 000 SCOP en France, pour 81 000 employés, un chiffre en nette augmentation ces dernières années. Même si elles sont organisées et hiérarchisées comme des entreprises conventionnelles, leur spécificité tient d’abord à leur gouvernance démocratique : les salariés détiennent la majorité du capital social et des droits de vote et, si tous ne sont pas associés, ils ont vocation à le devenir. Quels que soient le poste, le statut ou le montant du capital investi, chaque employé dispose d’une voix égale, pour voter les décisions cruciales mais aussi élire, en assemblée générale, le PDG et le conseil d’administration (CA), parmi les salariés volontaires.
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Le budget est connu depuis plusieurs mois : 635 millions d’euros pour une augmentation « inconditionnelle » à partir de 2023, 1,9 milliard en 2024. Les deux hypothèses présentées aux syndicats mardi 24 janvier dans le cadre des concertations sur la revalorisation salariale des enseignants viennent apporter une déclinaison concrète à ces enveloppes globales et projeter les enseignants, les conseillers principaux d’éducation et les psychologues de l’éducation nationale-conseillers d’orientation dans ce qu’ils pourront percevoir ou non à partir de septembre 2023.
Un chantier, hautement sensible au vu des attentes, sur lequel Emmanuel Macron s’est engagé pendant la campagne présidentielle. Face au décrochage des rémunérations depuis des décennies, le chef de l’Etat a promis d’augmenter de 10 % les enseignants pour arriver à un minimum de 2 000 euros net par mois pour tous. Au fil des mois, ce pourcentage de hausse est devenu « une moyenne » aujourd’hui basée sur les rémunérations perçues en 2020, toutes indemnités comprises. Jean-Michel Blanquer, le prédécesseur du ministre actuel, Pap Ndiaye, avait initié à l’automne 2020 un Grenelle de l’éducation, qui avait abouti à l’octroi de « primes d’attractivité » en début de carrière. Les discussions d’aujourd’hui en sont le prolongement.
Le document de travail, auquel Le Monde a eu accès, joue sur une hausse de cette « prime d’attractivité ». Dans la première hypothèse émise mardi, seuls les enseignants jusqu’à vingt-six ans de carrière verraient leur salaire augmenter. Les nouveaux titulaires recevraient 153 euros par mois pour atteindre une rémunération mensuelle nette de 2 079 euros. Les professeurs entre six et onze ans d’ancienneté connaîtraient l’augmentation la plus conséquente, avec une prime de 292 euros net mensuels, pour arriver autour de 2 300 euros net par mois. Les hausses seraient ensuite dégressives pour arriver à 71 euros de plus par mois à vingt-six ans d’ancienneté, pour un salaire de 2 700 euros net.
Dans la seconde hypothèse, moins probable de l’avis des observateurs, tous les enseignants seraient augmentés, quelle que soit leur ancienneté. Après vingt-cinq ans de carrière, la hausse serait de 36 euros par mois. Les évolutions dans les six premières années de carrière seraient identiques au premier scénario mais seraient moindres ensuite. Les enseignants stagiaires et les contractuels seraient, quoi qu’il en soit, concernés par ces augmentations.
Autres leviers proposés : reconnaître une partie de l’expérience professionnelle des personnels en reconversion professionnelle ou encore élargir les promotions, à savoir le passage de la classe normale aux grades supérieurs de la hors classe et de la classe exceptionnelle. Ces scénarios « doivent permettre de discuter avec les représentants syndicaux mais rien n’est tranché à ce stade », tient-on à préciser au ministère de l’éducation nationale, où l’on affirme « jouer le jeu de la concertation et être à l’écoute des propositions des organisations représentatives ».
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Tous les regards étaient tournés vers elle, et sans doute la situation était-elle devenue trop inconfortable. Plutôt que de subir les événements, Sandrine Treiner a annoncé, mardi 24 janvier, sa décision de quitter la direction de France Culture, qu’elle occupe depuis 2015. « Ces derniers mois ont été compliqués. Pour notre collectif et pour France Culture, que j’aime tant, je veux clore ce moment difficile, a-t-elle confié à ses désormais ex-équipes dans un long mail envoyé à la mi-journée, mardi. (…) Il va de soi que j’ai fait des erreurs, et j’en suis désolée. »
Un article de Libération, paru en septembre 2022 et faisant état d’une grande rudesse dans le management, avait convaincu la direction générale de Radio France de diligenter une enquête afin de faire remonter les critiques des salariés. Plus de 150 personnes se sont présentées à la cellule d’écoute, afin d’apporter leurs témoignages au sujet de l’ensemble de la direction, et pas seulement de Sandrine Treiner.
Dans les écrits recueillis par Le Monde, les noms de l’ancien délégué aux programmes, Jean Beghin, parti à la retraite à l’automne 2022, mais aussi de Jean-Marc Claus, délégué à la production et à l’antenne, étaient parfois cités. « Si le rapport confirme que la situation était grave, il faudra se demander comment on a pu en arriver là à France Culture sans que des alertes ne remontent », juge un salarié, consterné du silence qui semble avoir prévalu pendant tant d’années.
« J’ai à cœur, par ce choix personnel difficile, de permettre à France Culture de retrouver un climat de sérénité, a fait savoir au Monde Sandrine Treiner. Après huit années de direction, il fallait de toute façon une nouvelle impulsion. » Dans son mail, la dirigeante dresse le bilan, flatteur, de son action à la tête de France Culture. Arrivée en 2010 comme chroniqueuse culturelle dans l’émission de la mi-journée, Sandrine Treiner a très vite été nommée conseillère de programmes par Olivier Poivre d’Arvor, avant de lui succéder à la direction de France Culture cinq ans plus tard, à l’arrivée de Mathieu Gallet à la présidence de Radio France.
Depuis, l’audience de la station n’a cessé de progresser (3,1 % d’audience cumulée en novembre et décembre 2022, soit plus de 1,7 million d’auditeurs quotidiens, selon Médiamétrie), portée par la matinale de Guillaume Erner (775 000 auditeurs), ainsi que des émissions renouvelées. Cette ancienne journaliste au Monde se félicite aussi des développements numériques qu’elle a impulsés, jusqu’à faire de France Culture « la deuxième radio de France la plus téléchargée ».
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