Le nombre de faillites d’entreprises revient à son étiage normal et va alimenter la remontée du chômage
La « parenthèse » de la crise sanitaire due au Covid-19, qui a permis de contenir les faillites grâce aux aides de l’Etat, est désormais bel et bien refermée. Selon les données publiées mardi 17 octobre par le cabinet Altares, 41 000 entreprises françaises sont entrées en procédure judiciaire entre janvier et septembre 2023, chiffre le plus élevé depuis 2018. « Dans ces conditions, on peut atteindre 55 000 dossiers à la fin de l’année : on est à l’étiage, il n’y a pas de réelle surprise, bonne ou mauvaise », souligne Thierry Millon, directeur des études chez Altarès.
Les administrateurs et mandataires judiciaires font un constat comparable : « On sera entre 45 000 et 50 000 dossiers en fin d’année », indique Maître Frédéric Abitbol, président du Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandataires judiciaires (CNAJMJ).
Si cette reprise des faillites, dans un contexte de croissance morose et d’inflation, ne surprend personne, quelques signaux alertent. Notamment le fait qu’elles touchent des entreprises un peu plus grandes qu’en début d’année, traduisant les difficultés propres à certaines activités. « Le poids des PME dans les défaillances est désormais le même que pendant la crise financière, aux alentours de 8 % », précise M. Millon.
« Sur nos 39000 dossiers en cours, un peu plus de 23 000 concernent des petites entreprises qui comptent entre zéro et dix salariés, confirme Me Abitbol, mais les dossiers touchant des entreprises de plus de 1 000 salariés est un peu plus élevé que d’habitude ». Un phénomène lié notamment à la crise de l’habillement ou de l’immobilier. Stéphane Colliac, économiste senior chez BNP Paribas, note, lui, que « 50 grandes entreprises et ETI [entreprises de taille intermédiaire] ont été soumises à une procédure collective au cours des douze derniers mois, soit deux fois plus qu’avant Covid, avec un poids prépondérant du commerce textile ».
Défaillances des entreprises BtoB
Autre tendance à surveiller, les défaillances touchent plus qu’avant les entreprises dont l’activité s’adresse à d’autres entreprises (BtoB), que celles qui s’adressent directement aux consommateurs. « Cela correspond à une évolution fondamentale du paysage économique, décrypte Denis Ferrand, directeur général de Rexecode. Les difficultés sont en train de se déplacer des ménages vers les entreprises ; si ce sont les premiers qui ont freiné la croissance en 2023, les secondes donneront le tempo en 2024. »
En toute logique, plus les entreprises qui font défaillance comptent de salariés, plus l’impact sur l’emploi est important. Les entreprises qui sont actuellement en procédure, qu’il s’agisse d’une sauvegarde, d’un redressement ou d’une liquidation directe, représentent environ 156 000 emplois, selon le CNAJMJ.
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